Témoignage du médecin des enfants de Sherifa Riahi

L’ancienne présidente de l’association Terre d’asile Tunisie, Sherifa Riahi, a été arrêtée début mai et mise en détention provisoire dans l’attente de son procès. On l’a soupçonne de blanchiment d’argent dans la gestion de ladite association. L’auteur, pédiatre, a écrit ce poste Facebook où il appelle les juges à lui accorder la liberté provisoire afin qu’elle puisse s’occuper de ses deux bébés.   

Dr Slim Meherzi *

Mon serment en tant que médecin stipule qu’«Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers. Je ferai tout pour soulager les souffrances…». Cette dernière phrase m’interpelle gravement parce que je viens d’examiner un bébé de 3 mois et l’autre de 3 ans, les bébés de Sherifa Riahi Sahaly, en prison depuis des semaines et en attente de son procès.

Oui, je ne doute pas de l’issue du procès de Sherifa, parce que je connais bien son historique dans le domaine associatif, fait d’humanisme et d’aide aux plus démunis. Quel paradoxe que ses qualités humaines la mettent à l’échafaud aujourd’hui et la séparent de ses petits et de ses proches. Elle a été conforme à ses convictions, en croyant véritablement que le post-14 janvier ou 17 décembre (selon le bon vouloir des uns ou des autres) lui permettrait de venir en aide à ceux qui sont en grande souffrance et loin de leurs foyers.

Cette aide a toujours été délivrée dans la plus grande transparence, gage d’une bonne gouvernance qui nous a fait tous rêver. Preuves sont les communiqués dans les journaux nationaux sur l’origine des rapports financiers de l’association qu’elle dirigeait. Toute l’aide devait obligatoirement avoir l’aval de la Banque centrale de Tunisie, institution garante de l’intégrité de toute opération financière dans le cadre associatif, notamment humanitaire.

Oui, Je crois sincèrement que l’issue de son procès lui redonnera ses droits et son honneur. Mais d’ici là, qui sommes-nous pour accepter de séparer une mère, qui vient juste de sortir de 9 mois de grossesse, de ses enfants, âgés respectivement de 3 ans et de 3 mois, et ce avec toutes les répercutions physiques et psychologiques qui peuvent en découler sur leur développement.

Oui, je me dois donc, de part le devoir de pédiatre de soulager les souffrances des enfants et de leur mère, de demander humblement à son ou ses juges, quel serait le risque pour la justice de permettre à Sherifa de retrouver ses enfants en attendant le déroulement de son procès?

À son ou ses juges, j’en appelle à leur conscience et à leur humanité pour que ces enfants retrouvent leur mère et atténuer leur souffrance respective, jusqu’à l’issue du procès. Leur décision finale n’en sera que plus forte : faire preuve d’humanisme n’est il pas l’apanage et la signature d’une société plus juste?

En espérant être entendu par celles et ceux qui ont la responsabilité de la justice dans notre pays, j’ai une pensée affectueuse pour Si Mohamed Riahi Ben Mustapha, son père Allah Yarhmou, il doit être triste mais il a aussi de quoi être bien fier de sa fille, elle a défendu parfaitement les valeurs universelles, qu’il lui a inculquées. Il doit l’accompagner, j’en suis sûr, aujourd’hui, dans cette terrible épreuve.

* Médecin et ancien maire de la Marsa.

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