Des activistes dans le collimateur de la justice : Bienfaiteurs ou criminels ?

Alors que la société civile parle de «criminalisation de la solidarité et de l’aide aux migrants» à propos de l’arrestation et de la mise en dépôt de Saâdia Mosbah, présidente de l’association Mnemty, et Sherifa Riahi, ancienne présidente de Tunisie terre d’asile, les autorités judiciaires parlent, pour leur part, de «blanchiment d’argent» et de «faux, usage et recel de faux». (Illustration : migrants subsahariens à Sfax).

Des mandats de dépôt ont été émis contre des dirigeants de deux associations et d’anciens responsables de plusieurs administrations, a indiqué vendredi 17 mai 2024 le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, Mohamed Zitouna, dans une déclaration à l’agence Tap, sans nommer les «dirigeants» en question, mais on devine qu’il s’agit surtout de Saâdia Mosbah et Sherifa Riahi.  

Zitouna a ajouté qu’il a été également décidé de maintenir en liberté d’autres prévenus, tout en leur imposant une mesure d’interdiction de voyager.

Tous ces prévenus ont été entendus par le juge d’instruction pour alliance criminelle en vue de blanchir de l’argent et d’utilisation illégale d’installations résultant d’une activité sociale. Ils font également face à des accusations de faux, usage et recel de faux.

Zitouna a indiqué que l’affaire a été transmise à la Brigade centrale des infractions financières complexes de la Garde nationale, qui opère sous l’autorité du parquet, sur la base de «rapports» de la Commission tunisienne d’analyse financière (CTAF), relevant de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

Les rapports affirment l’existence de «transactions financières suspectes et injustifiées» bénéficiant à un certain nombre d’associations «en apparence» actives dans les affaires des réfugiés et des migrants subsahariens.

Après une série d’investigations, «il est apparu clairement que les deux associations utilisaient cette activité apparente et fictive pour détourner des fonds de l’objectif initial qui leur était assigné», a déclaré Zitouna, qui parle de «preuves pertinentes» contre les dirigeants des deux associations incriminées qui auraient «utilisé illégalement leur statut» et «délibérément omis de tenir une comptabilité» afin de prendre pour leur propre compte une grande partie des fonds reçus et de financer d’autres activités que celles initialement déclarées, selon Zitouna.

Les prévenus auraient également «utilisé illégalement certains locaux et bâtiments appartenant à une commune» (sans la nommer), a indiqué Zitouna, ajoutant que, suite à de «forts soupçons» de l’existence d’un délit de blanchiment, d’escroquerie, d’usage et de recel de faux, le ministère public a ordonné la détention des dirigeants de ces deux associations, ainsi que de plusieurs autres anciens présidents de conseils municipaux qui avaient été dissous, entretemps.

Zitouna a indiqué qu’un certain nombre de dossiers s’inscrivant dans le même contexte ont été déférés à la Direction des enquêtes criminelles, précisant que les investigations et enquêtes menées dans ce sens seront prochainement achevées et les suspects seront déférés devant la justice.

I.B. (avec Tap).  

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