Jusqu’où va-t-on maintenir Assabah et La Presse sous perfusion ?

Qui aurait pensé qu’un jour deux entreprises de presse jadis florissantes comme Dar Assabah et Snipe-La Presse, deux anciens piliers de la presse en Tunisie, deviendraient des fardeaux pour l’Etat? La mauvaise gestion et le manque d’anticipation de leurs directions successives sont passés par là…

Imed Bahri

La survie de ces deux entreprises, qui étaient des sources de richesses, coûte désormais beaucoup d’argent aux contribuables que nous sommes sans qu’on sache pourquoi le gouvernement a-t-il choisi de les maintenir sous perfusion, comme si sans eux l’information en Tunisie se détériorerait davantage qu’elle ne l’est déjà aujourd’hui.

Bien sûr, il y a l’argument économique et il y a la force du symbole.

L’argument économique dicte l’abandon de ces deux entreprises qui ont été un moment mises sur le marché mais aucun privé sérieux n’en a voulu. L’argument affectif et mémoriel dicte leur maintien en vie artificielle parce qu’elles ont une place particulière dans la conscience nationale tunisienne et qu’elles emploient des dizaines de salariés et font vivre autant de familles.

C’est ce second argument, celui du cœur, que semble avoir retenu le président de la république Kaïs Saïed, argument qu’il avait du reste défendu lors de ses visites aux sièges des deux groupes de presse, même s’il coûte beaucoup d’argent à l’Etat au moment où les finances publiques ne sont pas au beau fixe, c’est un euphémisme.  

C’est dans ce contexte que le chef de l’Etat a rencontré, jeudi 15 août 2024, la ministre des Finances Sihem Boughdiri Nemsia et l’a chargée d’accélérer le processus de fusion de la Snipe-La Presse et de Dar Assabah, notant que le processus de fusion a pris trop de temps et que cela est inacceptable, selon le communiqué de la présidence de la république.

«La Tunisie n’abandonnera pas ces deux journaux qui font partie de l’histoire du journalisme en Tunisie», a déclaré le président de la république, dont l’attachement à l’histoire n’est plus à démontrer.

C’est donc à notre argentière nationale de se débrouiller pour mobiliser les fonds nécessaires à ladite opération de fusion entre deux entreprises en difficulté.

Mme Boughdiri Nemsia doit aussi mobiliser d’autres fonds pour «la fourniture de ressources supplémentaires pour répondre aux besoins urgents de renforcement des capacités du secteur éducatif et créer toutes les conditions appropriées pour le retour à l’école », souligne le communiqué.

En d’autres termes, la ministre doit se débrouiller pour trouver les fonds nécessaires au financement du recrutement d’un certain nombre d’enseignants contractuels auxquels le chef de l’Etat avait fait cette promesse.

En présidant ce vendredi 16 août la Journée du savoir au Palais de Carthage, le président Saïed n’a-t-il pas insisté pour la mise en œuvre de «solutions définitives pour la situation des enseignants contractuels et des titulaires du doctorat selon les critères objectifs qui préservent leurs droits» ?

Cela n’était pas prévu dans le budget de l’Etat pour l’exercice en cours. C’est donc le challenge du jour de Mme la ministre, et elle en aura beaucoup d’autres dans les jours, les semaines et les mois à venir… N’est-on pas en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 6 octobre prochain ?

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