Kaïs Saïed au chevet de Dar Assabah, un groupe de presse en détresse  

Le président Kaïs Saïed a effectué vendredi 16 juin 2023 une visite inopinée au siège de Dar Assabah à Tunis, rapporte un communiqué de la présidence de la république. Serait-ce le bout du tunnel pour ce groupe de presse qui a compté dans l’histoire tunisienne au cours des soixante-dix dernières années et qui se trouve aujourd’hui menacé de disparition ?

Par Imed Bahri

En crise depuis sa confiscation par l’Etat en 2011, les deux quotidiens publiés par le Groupe, Assabah et Le Temps sont sérieusement menacés de disparition en raison de difficultés financières et techniques.

Lors d’une conférence de presse tenue la veille, le directeur de la rédaction du groupe Sofien Ben Rejeb a déclaré que le journal cesserait de paraître dès la semaine prochaine si la crise persistait et que les autorités ne débloquaient pas les moyens nécessaires.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et les journalistes travaillant à Dar Assabah ont annoncé le lancement d’une série de manifestations pour faire pression sur le gouvernement et éviter que le journal ne soit «bradé ou fermé», sachant que des tentatives de privatisation ont eu lieu qui n’ont pas abouti.

Lors de sa visite, le président Saïed a discuté avec un groupe de journalistes et d’employés et écouté leurs doléances. Il a aussi parlé de la nécessité de trouver une solution définitive au dossier des biens confisqués aux familles liées à l’ancien régime au lendemain de la révolution de 2011. «L’Etat tunisien ne se délestera pas de son histoire et n’abandonnera pas ces entreprises qui font partie de son histoire», a-t-il déclaré, en visitant les archives du groupe, qui se trouvent dans un piteux état d’abandon et de délabrement.

Reste à se demander si le chef de l’Etat, qui est très féru d’histoire, est en mesure de trouver des solutions, concrètes et innovantes, pour donner un avenir à Dar Assabah et aux autres entreprises médiatiques qui sont dans la même situation, notamment Snipe-La Presse, qu’il a visitée il y a quelques semaines dans les mêmes conditions de détresse de ses salariés, Shems FM et Cactus Prod ?

On espère toujours et on attend, même si, dans la situation financière difficile où se trouve aujourd’hui le pays, la marge de manœuvre du pouvoir exécutif est très réduite, sachant que les opérations de privatisation achoppent souvent à un problème majeur : l’endettement de ces entreprises et, à un degré moindre, les résistances syndicales alimentées par la crainte des licenciements auxquelles donne lieu généralement toute opération de cession au privé.

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