La pauvreté est-elle une fatalité ?

Le Prix Nobel de l’économie, qui vient de récompenser trois chercheurs (Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson), ne semble pas avoir suscité l’intérêt ni de nos politiques ni des médias, préoccupés par l’évolution des évènements au Proche-Orient. Pourtant, l’objet des travaux menés par ces chercheurs nous intéressent, en premier lieu, en tant que «pays en voie de développement» qui souffre de blocages dans tous les domaines…

Salah El-Gharbi

Dans leurs travaux, ces économistes ont cherché à expliquer les inégalités dans le monde et le lien qui existe entre l’Etat de droit et la croissance économique. Autrement, pourquoi, y a-t-il des pays pauvres et des pays riches. L’originalité de l’une de leurs conclusion est d’avoir montré comment les «institutions se forment et affectent la prospérité».

Autrement dit, il ne pourrait y avoir de prospérité réelle et durable dans un environnement où l’Etat de droit est piétiné, où il n’y a pas d’institution stable et crédible. Ainsi, dans un régime totalitaire où la confiance et la sécurité font défaut l’esprit d’initiative, celui d’entreprendre et la volonté d’investir ne peuvent que paralyser l’économie.

Libérer les énergies

La démocratie, ce mot qui effraie beaucoup de responsables politiques, ne pourrait être qu’un outil en faveur du développement et source de prospérité. Ce n’est pas un hasard si les démocraties libérales sont prospères et les pays régis d’une manière autoritaire sont économiquement vulnérables, constamment sous la menace des crises.

Il y a des pays qui jouissent de grandes richesses minières ou gazières qui auraient dû contribuer à l’abondance et le bien-être faute de la mise en place d’institutions démocratiques pour contrôler la bonne marche du système et  en l’absence d’une presse libre et indépendante capable d’en dénoncer les dérapages.

Sous un régime hégémonique, on a des quasi-sujets, à la merci de l’arbitraire et l’injustice des gouvernants, peu enclins à prendre des initiatives, dépendants du bon vouloir du «Prince». C’est là où la liberté est assurée, les énergies se libèrent et les talents éclosent. C’est là, aussi, où l’individu, fier de lui-même et jaloux de son autonomie, peut s’épanouir tout en contribuant à la richesse de son pays.

Certains, pour cacher cette vérité empirique, cherche à trouver des prétextes à la situation, parfois désastreuse de certains pays en invoquant l’Histoire et en pointant les pays colonisateurs d’être à l’origine de la situation de certains pays d’Afrique ou d’Asie. Il suffit de comparer les deux Corée qui ont un même destin historique (avant la guerre, le nord était plus prospère que le sud) pour se rendre compte de l’écart qui sépare les deux pays.

Démocratie synonyme de prospérité

Si la démocratie et la liberté dérangent les despotes, c’est que ces derniers s’accrochent à leurs privilèges. Ils redoutent l’alternance, les critiques et les contestations populaires. Ils préfèrent le bricolage économique à la mise en place d’institutions fiables et solides garantissant la transparence et la justice au profit d’une économie dynamique et prospère.

En économie, les solutions cosmétiques sont aléatoires, provisoires et peu fiables. Tandis que la prospérité et son corollaire, la démocratie, sont sources d’équilibre personnel, de bien-être individuel et d’harmonie collective. La stabilité basée, non pas sur la force brutale, mais plutôt sur le libre consentement de  citoyens libres ne peut être que source de leur épanouissement et un facteur de développement personnel et collectif….           

* Universitaire et écrivain.

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