Moufdi Zakariya est patriote, nationaliste, anticolonialiste, il est considéré comme le poète de la Révolution algérienne. (Ph. Moufdi Zakaria / Mémorial Aboulkacem Chebbi à Tozeur).
Né en 1908 aux environs de Ghardaïa, dans la région mozabite, en
Algérie, a fait ses études à la Zitouna en Tunisie. Il se lie d’amitié avec Aboulkacem Chebbi et Rachid Hammoud. Il compose de nombreux chants et hymnes au souffle épique, dont celui, de l’hymne national algérien, Le serment, ‘‘Qaçamen’’.
La Tunisie, où il a vécu, compte beaucoup dans son œuvre. Il lui rend hommage dans un recueil, ‘‘Tahta dhilal az-zaytoun’’ (A l’ombre des oliviers), paru en 1965. Il décède en Tunisie, en 1977.
Tahar Bekri
Vivant tu resteras même si le linceul te couvre *
Eternel malgré ce qu’ils firent pour te rabaisser et te diminuer
Ton monde ô poète est douleurs remplies
de ton être. Nous ne fûmes ni eux ne furent
Tu n’as pas dit ta poésie pour satisfaire un sentiment
Ni tu as faibli. Comme dans leur faiblesse ils trahirent !
Tu n’as point courtisé suppliant une aide d’un frère
Combien de frères par leurs poèmes courtisèrent !
Hélas ! Comme la poésie chez certains est devenue
Une marchandise sans fierté ni gloire !
Celui-ci commerce avec les poèmes en professionnel
Celui-là par la poésie ambitionne des médailles
Cette débauche dans les Lettres est répandue
Ses filles sont de nos jours poésies et musiques
Réunies dans la mollesse et le déclin
Dans l’âme vile mesures et rythmes
La poésie est devenue efféminée comme son auteur
Ni le poème n’est poème ni l’artiste artiste
Chaque peuple par la poésie cherche un gain
Sa chance de la vie fière est perte
O poète de l’éternité laisse-les dans leurs errements
Le poème éternel leur résiste où qu’ils soient
L’éternité te le remplace mieux que leur amitié
Te suffit l’éternité comme amis et camarades.**
Tahta dhilal az-zaytoun (A l’ombre des oliviers)
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri
* Le poète a une anecdote amusante à propos de ce poème : il était en visite à Paris. Cela coïncida avec un programme de commémoration de Chebbi, préparé par le regretté Mohamed Laribi (Ibn Toumert) qui travaillait à Radio France. Il téléphona à son ami Moufdi Zakariya et le fit venir à la Maison de la radio pour un fait de grande importance. Ce qu’il fit rapidement et fut, à son arrivée, étonné que Laribi l’attendît sur les escaliers vers le studio. Il le fit entrer et ferma la porte, en disant : «Tu ne sortiras de cette prison que si tu composes un poème pour la commémoration de Chebbi qu’on enregistrera». Le poète n’avait de salut pour acheter sa liberté que d’écrire ce poème. (Note de l’auteur).
** Malheureusement ce poème n’est pas daté. (Note du traducteur)
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