L’avenue Hedi Nouira à Ennasr souffre d’un déficit dramatique en espaces verts

A l’ère de la mitigation des effets du réchauffement climatique, l’Avenue Hedi Nouira au quartier Ennasr (Ariana) situé à la lisère nord de Tunis, offre 0,03 m2 d’espace vert par mètre carré bâti. Ce qui représente une régression dramatique en comparaison avec la situation dans les quartiers avoisinants plus anciens.

Imed Bahri

C’est l’un des constats amers faits lors de la table-ronde organisée par l’Association des résidents de l’avenue Hedi Nouira (Arahn- Ennasr), le 29 juin 2024, sur le code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme et les exigences de la qualité de la vie et du développement socioculturel et économique à la cite Ennasr.

Au cours de cette table-ronde, Karim Ellouze, ancien président de l’Ordre des architectes de Tunisie, a donné une conférence sur «la proportion des espaces verts par rapport aux espaces construits dans les immeubles de l’avenue Hedi Nouira-Ennasr : analyse comparative avec les directives de l’OMS».

Selon une étude que l’architecte a réalisée en collaboration avec deux autres de ses collègues, Dalenda Ben Harb et Sabrina Ghattas, le ratio des espaces verts publics par mètre carré construit est de seulement 0,03 par m2 à l’Avenue Hedi Nouira et ses immeubles au quartier Ennasr, alors que ce ratio est beaucoup plus élevé dans les quartiers limitrophes plus anciens. Il est de 0,58 par m2 à la Cité El-Moez à El-Menzah 1, de 0,42 par m2 à la Cité Mahrajene à El-Menzah 1 et de 0,35 par m2 à la Résidence Les Pyramides à El- Menzah 5.

Multiplier par 8 fois les espaces verts publics existants

A travers les trois derniers exemples, le ratio des espaces verts publics par mètre carré construit varie entre 58% et 35%. C’est-à-dire, pour un mètre carré construit l’espace vert public correspondant varie entre 1/2 et 1/3 de la surface construite.

En revanche, à la cité Ennasr, la surface des espaces verts publics avoisinant les immeubles ne dépasse pas les 3%.Or, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que chaque habitant dispose d’au moins 12 m2 d’espaces verts publics à moins de 300 mètres de chez lui.

A titre d’exemple, en France, la circulaire du 8 février 1973, demandait aux planificateurs de prévoir 10 m2 d’espace vert public par habitant dans les centres urbains et 25 m2 dans les zones périphéries.

En se basant sur le fait que les résidents des immeubles de l’Avenue Hédi Nouira à Ennasr bénéficient chacun d’environ 24m2 de surface construite, chacun de ses résidents devrait bénéficier d’environ 12m2 d’espaces verts publics suivant les directives de l’OMS. Soit la moitié de la surface construite. Ce qui est très loin d’être le cas.

En réalité, la surface approximative des espaces verts publics dans la limite des 300 mètres devant être de 7600 m2, la surface nécessaire des espaces verts publics recommandée suite aux directives de l’OMS est de 60 000 m2 environ. Dans l’état actuel des choses, il faudrait donc multiplier par 8 fois les espaces verts publics existants.

L’Etat se complait dans le rôle de promoteur immobilier

Au terme de sa conférence, Karim Ellouze constate que l’État, à travers ses services, a négligé depuis longtemps son rôle social et s’est contenté du rôle de promoteur immobilier qui a pour but essentiel de construire et vendre le maximum de mètres carrés couverts pour rentabiliser son investissement.

 «En plus du ratio dramatiquement faible des espaces verts sur et autour de l’avenue Hédi Nouira, un espace vert sur l’intersection de l’avenue Ariana Les roses et la rue Abdelkrim Khattabi demeure à ce jour à l’état sauvage», constate Karim Ellouze. «Pire encore, une section de cet espace est occupée par un kiosque à une intersection routière avec El Menzah 7, compliquant une circulation de plus en plus dangereuse et anarchique», ajoute l’architecte, qui se demande, à juste titre, quand cet espace vert sera-t-il autorisé. «Et qui a autorisé l’implantation d’un kiosque sur une partie de cet espace vert et de surcroît sur une intersection routière?», s’est-il aussi interrogé. Ces questions, n’en doutons pas, ne trouveront aucune réponse de la part des responsables gouvernementaux et municipaux qui, visiblement, ont d’autre urgences que le bien-être des citoyens.