Dans le communiqué rendu public hier, vendredi 24 janvier 2024, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) considère que l’affaire dite de «complot contre la sûreté de l’Etat» dans laquelle sont poursuivis de nombreux opposants serait, selon ses termes, un «complot contre l’opposition».
Ce procès, initialement prévu pour le 7 février 2025, et qui a été reporté au 4 mars prochain sans explication, «reflète les dérives autoritaires du régime de Kaïs Saïed et l’instrumentalisation de la justice pour anéantir l’opposition», estime le CRDHT. Ce report, estime-t-il, vise à «limiter les mobilisations populaires en programmant l’audience au début du mois de Ramadan, une période généralement marquée par un repli vers les pratiques religieuses et sociales».
Rappelons qu’une quarantaine de personnes dans cette affaire. Il s’agit d’acteurs politiques, de journalistes, d’avocats et de militants de la société civile, qui sont «accusés sur la base d’un dossier vide», souligne ledit Comité, qui cite, parmi les charges retenues contre ces derniers, «des réunions secrètes, des contacts avec des parties étrangères et des tentatives présumées de déstabilisation du régime».
«Sept accusés, dont des figures publiques comme Kamel Letaief, Khayem Turki, Issam Chebbi, Jaouhar Ben Mbarek, Ghazi Chaouachi, Abdelhamid Jelassi et Ridha Belhaj, sont en détention arbitraire, tandis que d’autres opposants, comme Noureddine Bhiri, Sahbi Atig et Saïd Ferjani, sont incarcérés pour des affaires distinctes», indique le CRLDHT, en soulignant que «parmi les accusés figurent d’anciens ministres, des dirigeants de partis politiques et des figures publiques connues pour leur opposition à Kaïs Saïed».
«Depuis les arrestations spectaculaires de février 2023, les accusés dénoncent de graves violations de leurs droits fondamentaux, telles que le non-respect de la présomption d’innocence, le dépassement des délais légaux de détention et des restrictions arbitraires aux droits de défense», ajoute le communiqué, en rappelant que des avocats des détenus, tels que Me Essid Abdelaziz, Me Islam Hamza et Me Dalila Mssadek, «ont eux-mêmes été pris pour cible par des poursuites judiciaires, démontrant une volonté d’intimider les défenseurs des droits humains et de restreindre l’exercice de la profession d’avocat.» «Le procès symbolise la dérive autoritaire d’un régime qui, au nom de la sûreté de l’État qu’il fragilise lui-même, bafoue les principes fondamentaux des droits humains, muselle l’opposition et instrumentalise les institutions pour asseoir son contrôle», conclut le CRLDHT.
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