À Marseille, Tebboune alimente des tensions dans les kiosques

Une récente édition du journal L’Opinion a connu une demande exceptionnelle en France, notamment en raison de l’entretien exclusif que lui accordé par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune.

À Marseille, de nombreux lecteurs se sont heurtés à des kiosques affirmant ne pas avoir été livrés ou déclarant que le journal était déjà épuisé. Sur près de dix kiosques visités, la même réponse : pas de trace de L’Opinion. Ce constat a nourri des soupçons parmi certains habitants, d’autant plus qu’à Paris, le journal semblait bien distribué.

Dans un kiosque du Vieux-Port, l’échange avec un vendeur a mis en lumière cette situation. À la question posée sur la disponibilité du journal, le kiosquier a lancé à son collègue : «Tu vois, cet entretien fait scandale», avant de me répondre : «Ici, nous sommes en Provence, pas à Paris». Une remarque qui, loin d’être anodine, souligne que le journal a bien été diffusé dans la capitale, mais pas à Marseille, où réside pourtant une importante communauté algérienne.

Parmi les déclarations marquantes de cet entretien, Tebboune a abordé la question de la normalisation avec Israël en tenant des propos forts : «Le jour où il y aura un État palestinien, bien sûr que l’Algérie normalisera ses relations.» Il s’est inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika, qui avaient également adopté une position ouverte sur cette question, mais en la conditionnant strictement à des avancées concrètes du processus de paix, avec la création d’un État palestinien ayant Jérusalem pour capitale.

Cet engouement autour des propos de Tebboune témoigne de l’intérêt croissant pour la parole du chef de l’État algérien dans un contexte politique et social particulièrement sensible. Les sujets abordés dans l’entretien, tels que les relations franco-algériennes, la situation au Sahel, la gouvernance interne et la position algérienne sur la question israélo-palestinienne, nourrissent les spéculations et attisent les passions de part et d’autre de la Méditerranée.

L’absence du journal dans plusieurs points de vente marseillais, qu’elle soit due à des problèmes logistiques ou à des choix délibérés de non-distribution, interroge. Ce phénomène révèle à quel point la communication politique, lorsqu’elle touche des sujets aussi sensibles que les relations entre la France et l’Algérie ou la Palestine, peut devenir un catalyseur de tensions locales.

Plus qu’un simple incident de distribution, cette situation met en lumière les fractures encore vives dans l’opinion publique et l’impact profond des médias dans la formation des perceptions et des récits politiques.

Toutefois, l’histoire pourrait ne pas s’arrêter là. Le kiosquier du Vieux-Port a assuré que L’Opinion serait livré le lendemain, promettant même de mettre plusieurs exemplaires de côté pour ceux qui l’ont demandé…

Djamal Guettala 

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