L’Institut français de Tunisie (IFT) a organisé une rencontre exceptionnelle et inédite avec le grand photographe franco-tchèque Josef Koudelka, légende vivante de la photographie dans le monde.
Par Fawz Ben Ali
Le soir du lundi 23 septembre 2019, la salle de l’auditorium de l’IFT, à Tunis, était comble, un public de tous les âges et de tous les horizons a massivement répondu présent à cette première rencontre avec l’iconique photographe d’origine tchèque Joseph Koudelka (naturalisé français en 1987 après ses années d’exil).
La rencontre était organisé à l’occasion de la célébration des Journées européennes du patrimoine (célébrées depuis 1991 un peu partout en Europe), car au milieu de son immense carrière, Koudelka a aussi photographié de nombreux sites archéologiques à travers le monde, notamment en Tunisie.
Des clichés qui font le tour du monde
On connaît déjà son incroyable talent d’artiste photographe à travers ses célèbres clichés qui font le tour du monde depuis une soixantaine d’années, ce soir-là, l’IFT nous a offert l’occasion de le connaître de plus près, d’échanger avec lui et de découvrir un personnage atypique, drôle, humble qui refuse d’être un donneur de leçon ou ne serait-ce que de conseil.
Ingénieur aéronautique de formation, Josef Koudelka s’est consacré corps et âme pour vivre sa passion pour la photographie depuis les années 60. Des débuts plutôt discrets et en anonymat avant de devenir membre de l’agence Magnum, lauréat du prix Robert Capa, commandeur de l’ordre des arts et des lettres … Bref, On parle aujourd’hui d’une véritable référence dans le monde de la photo, voire d’une légende vivante.
La rencontre qui fut animée par la photographe et commissaire d’exposition Marianne Catzaras, était aussi l’occasion de visionner trois de ses plus célèbres séries photographiques : ‘‘Invasion’’, ‘‘Gitans’’ et ‘‘Ruines’’. Des clichés en noir et blanc qui ont fait la renommée de Koudelka en tant que photographe exceptionnel. Ses œuvres font le tour du monde depuis plus de 60 ans, exposées dans les plus prestigieuses des galeries d’art.
Ses sujets principaux tournent autour de la vie des gitans, des sites en ruine, de l’impact de la guerre, de l’exil, du traumatisme dans le regard d’un nombre de citoyens du monde… Koudelka témoigne à sa manière de l’histoire de l’humanité, des chapitres pas toujours joyeux. «La beauté existe partout, même dans la tragédie», nous dit-il, lors de l’échange qui a suivi le visionnage de ses photos. Des photos où l’intensité des contrastes entre le noir et le blanc accentuent davantage cet effet d’authenticité troublante.
Ses photos s’expriment à sa place
«Espiègle, baroudeur, solitaire, marcheur de jour comme de nuit dans les villes, dans les périphéries, dans les déserts, dans des lieux au bout du monde (…). Il est le témoin des mutations, des transitions, des passages historiques …», comme a souhaité le présenter l’artiste Marianne Catzaras.
Koudelka qui n’aime pas les interviews, les questions, ni les apparitions médiatiques, préfère laisser ses photographies parler à sa place. Il a toutefois, accordé au public tunisien, venu très nombreux à a rencontre, un moment d’échange autour des gitans qu’il a su portraiturer mieux que personne, de la beauté qu’il voit partout, du silence des pierres et des lieux qu’il a photographiés et qu’il aime revisiter des années plus tard, dont le site archéologique de Dougga, au nord-ouest de la Tunisie, qui apparaît pas mal de fois dans sa série ‘‘Ruines’’, aux côtés de Palmyre ou de Pétra, où il met l’accent sur ce contraste entre l’éternel et l’éphémère dans l’histoire des grands monuments et des civilisations, mais aussi un peu sur la gloire et la décadence de l’humanité.
La Tunisie sera aussi présente à la prochaine grande exposition de Josef Koudelka, nous apprend-on, qui aura lieu au début de l’année prochaine à la Bibliothèque nationale de France, avec quelques clichés sur le sujet des ruines.
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