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Mohsen Marzouk en Russie pour quoi faire ?

La mission officielle de 3 jours effectuée cette semaine par Mohsen Marzouk, en Russie, suscite de nombreuses interrogations.

Par Imed Bahri

Le secrétaire général de Nidaa Tounes, qui a démissionné de son poste de conseiller politique à la présidence de la république, n’a plus aucune fonction exécutive. Aussi, pour remettre à Sergei Lavrov, ministre des Affaires étrangères une invitation du président Béji Caïd Essebsi à son homologue russe Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Taïeb Baccouche aurait sans doute été mieux indiqué ou, tout au moins, un envoyé spécial du président de la république qui aurait encore une fonction exécutive. N’est-ce pas?

Selon certaines sources, M. Marzouk a séjourné l’hôtel Mariott de Moscou, un palace 5 étoiles, et non à l’ambassade de Tunisie, comme le veut la tradition. A-t-il voulu ainsi mettre l’ambassadeur de Tunisie et, par là même, le ministère des Affaires étrangères hors circuit?

On est tenté de le penser, d’autant que M. Marzouk a eu des rencontres (secrètes?) avec de hauts responsables du complexe militaro-industriel russe.

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Poignée de main de Mohsen Marzouk avec le president de RosoboronExport.

En plus des rencontres politiques normales qu’il a eues avec M. Lavrov et le sénateur Kosashev, M.Marzouk a, en effet, rencontré MM Isaikin, président de RosoboronExport Armament, Tarasianko, président du Consortium militaire Sukhoi (aviation de chasse), Spassky, président du Département International de Rosatom (nucléaire) et Sultanov, président de la Compagnie nationale des chemins de fer. Excusez du peu !

Quels contrats M. Marzouk a-t-il négocié au cours de toutes ces rencontres? S’agissant, probablement, d’armement, la présence d’un représentant du ministère de la Défense n’aurait-elle pas été nécessaire? Et puis, la Tunisie, avec ses difficultés financières actuelles et qui devraient durer au moins 5 à 7 ans, a-t-elle aujourd’hui les moyens de discuter d’achat d’armement ou de centrales nucléaires? Quelle urgence y a-t-il dans ce domaine qui aurait justifié que les règles diplomatiques et protocolaires soient ainsi bafouées?

Selon nos sources, la rencontre de M. Marzouk avec M. Lavrov s’est plutôt mal déroulée, le chef de la diplomatie russe ayant profité de l’occasion pour rappeler à son hôte que la Tunisie avait voté, aux Nations-Unis, contre l’intervention de la Russie en Ukraine, alors que – à titre de comparaison – le Maroc s’était abstenu et que l’Algérie s’était absentée lors du vote.

Par-delà l’utilité, l’urgence, l’importance et les dépassements commis au cours de cette mission top secret – et qui continueront d’alimenter la polémique –, le secrétaire général de Nidaa Tounes doit nous expliquer ce qu’il était allé faire en Russie et nous éclairer, une fois pour toute, sur ses réelles fonctions dans la Tunisie de Caïd Essebsi. Car l’ère des mélanges des genres et des cachotteries est révolue…

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