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Attentat de Sousse: La Tunisie trompée par ses «amis» occidentaux

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Ce que vit la Tunisie aujourd’hui est la conséquence des erreurs gravissimes faites par la France, l’Otan et les Etats-Unis en Libye.

Par Chawki Abid*

Le terrorisme frappant la Tunisie est le produit de la déstabilisation de l’Afrique du Nord après l’intervention de l’Otan en Libye en février-mars 2011. Chef du peloton occidental et conseillé par Bernard-Henri Levy (BHL), Nicolas Sarkozy a tout fait pour armer massivement les rebelles libyens, y compris les djihadistes, en vue d’accélérer la chute de son «créancier» Kadhafi, et a, par conséquent, jeté la Libye dans une situation anarchique où les armes proliféraient et débordaient de ses frontières.

Au lendemain de l’attentat du Bardo, Marine Le Pen a accusé Nicolas Sarkozy et son «ministre des Affaires étrangères Bernard-Henri Levy», d’avoir instrumentalisé le chaos en Libye: «Ce que vit la Tunisie aujourd’hui est la conséquence des erreurs gravissimes qui ont été faites par Nicolas Sarkozy, soutenu par le Parti socialiste», a-t-elle conclu.

Deux jours après, François Hollande a révélé la décision de l’Union européenne (UE) de mobiliser des fonds pour endiguer le flux potentiel de propagation du chaos libyen. Il avait en outre dépêché à Tunis son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour esquisser un plan de lutte contre les réseaux terroristes.

Côté Washington, Barack Obama avait exprimé son soutien indéfectible à la Tunisie pour empêcher tout risque de tsunami terroriste dans son territoire et pour l’aider à clôturer rapidement sa guerre contre le terrorisme.

Les intentions occidentales furent recevables et assorties de promesses d’aides matérielles et financières pour endiguer le flux Daêchiste qui menace de fuiter par le sud, même si la France et les Etats Unis se sont contentés d’annoncer timidement une volonté hypothétique de «mobiliser des aides adéquates en faveur de la Tunisie pour la soutenir dans sa guerre contre le terrorisme», sans toutefois dévoiler ni la nature ni la consistance de ces concours. Il est clair qu’il s’agisse de simples annonces de consolation, pour faire oublier aux Tunisiens leur complicité dans ce désastre.

Trois mois après, on ne voit rien venir, probablement que Washington et Bruxelles se soient rétractées, malgré les deux visites officielles du président de la république Béji Caïd Essebsi à Paris et à Washington au courant du mois de mai.

Les dernières dépêches révèlent que la France et les Etats-Unis proposent leur assistance et quelques gilets pare-balles, contre des promesses substantielles exprimées trois mois avant.

A ce titre, Hubert Védrine a signalé que «l’Europe ne sait pas exactement quoi faire avec la Tunisie», en marge de réflexions sur le péril terroriste, notamment les répercussions du chaos qui sévit en Libye.

Visiblement, les gouvernements occidentaux hésitent encore à mettre un terme au business immoral qu’ils entretenaient depuis 4 ans avec les groupes islamistes armés en Syrie et surtout en Libye.

Finalement, le carnage tragique du Bardo, le 18 mars 2015, n’a pas été saisi pour négocier une compensation aux dégâts collatéraux causés par l’Otan dans sa guerre contre le régime de Kadhafi en Libye. Bien au contraire, il n’a servi qu’à blanchir les générateurs du terrorisme dans la région.

Il est clair que la France a, plus que les autres pays de l’Otan, une responsabilité sur ce qui se passe en Tunisie, de par l’implication de ses deux derniers dirigeants dans le pourrissement sanguinaire de la situation en Libye. De l’intérieur, les citoyens considèrent que l’Etat tunisien s’est fait piéger par les Etats de pays «amis» dans les catacombes de Daêch.

Ceci étant, ils sont nombreux les responsables de ce désastre:

– celui qui s’érige en père des salafistes (Rached Ghannouchi, Ndlr);

– celui qui a laissé filer Abou Iyadh en septembre 2012 (l’ex-ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, Ndlr);

– celui qui recevait au Palais de Carthage les caïds du terrorisme (l’ex-président provisoire Moncef Marzouki, Ndlr);

– celui qui avait intégré des milices islamistes au ministère de l’Intérieur (l’ex-ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, Ndlr);

– celui qui, par son laxisme, a rendu possible sinon facilité l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi (l’ex-ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, Ndlr);

– celui qui encourageait l’expédition des jeunes vers le bourbier syrien (l’ex-chef de gouvernement provisoire Hamadi Jebali, Ndlr);

– celui qui avait occulté l’installation de camps d’entrainement jihadiste dans le pays (l’ex-ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, Ndlr);

– celui qui observait avec laxisme le financement extérieur d’associations au service de extrémisme religieux;

– celui qui a scellé le pacte parisien, en août 2013 (entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, Ndlr) sans formalisation juridique adéquate;

– ceux qui ont appelé au «vote utile» pour affaiblir/éliminer les principaux partis démocrates (les dirigeants de Nidaa Tounes, Ndlr);

– ceux qui ont légitimé ou accepté l’établissement d’une coalition gouvernementale contre nature entre Nidaa Tounes et Ennahdha;

– ceux qui entretenaient des relations avec des organisations islamo-sionistes (NED, Freedom House, ADF…) ;

– ceux qui soutenaient activement ou passivement la recrudescence des massacres islamistes dans la région du Moyen Orient et Afrique du Nord (Mena), notamment sous la bannière de Daêch.

A présent, la plus grande responsabilité pèse sur les épaules de Béji Caïd Essebsi, qui avait tourné le dos à ses promesses électorales de lutte contre l’islamisme en s’associant à Ennahdha sans exiger de préalables, et qui a bafoué ses engagements de restauration de la souveraineté du pays en se livrant à l’Occident sans obtenir aucune garantie de compensation pour les préjudices causés par l’Otan à la Tunisie.

* Ingénieur économiste.

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