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Orange lance le 1er Fab Lab solidaire en Tunisie : «Do It Yourself»

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Retour sur l’inauguration, mardi dernier, du 1er Fab Lab en Tunisie, promu par Orange et ouvert à tous les publics qui pourront, désormais, voir leurs idées prendre forme.

Par Zohra Abid

Les passionnés d’électronique, de bricolage ou, plus généralement, de DIY («Do It Yourself»), âgés de 10 ans et plus et venant de toutes les couches sociales et tous les niveaux scolaires, ont désormais à leur disposition un labo numérique, hautement équipé par du matériel de conception et de fabrication assistée par ordinateur.

En attendant un Fab Lab ambulant

Porté par l’Association Jeunes Science de Tunisie (AJST), le 1er Fab Lab est financé par la Fondation Orange et soutenu par Orange Tunisie (qui, malgré la situation morose, continue à investir et à croire en l’avenir). Sis au 69, avenue Alain Savary, Cité El-Khadhra, à la lisière de Tunis, ce Fab Lab permet aux bricoleurs de mettre en forme le projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont peur de rater en comptant sur leurs propres moyens.

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Le Fab Lab ouvert à la maison de la culture Lamine Chebbi, à la Cité El-Khadhra.

Cet espace d’une superficie de plus de 200 m2, doté de 4 salles, était abandonné depuis plusieurs années, avant d’être totalement rénové pour abriter le 1er Fab Lab en Tunisie, destiné à la créativité et à l’échange convivial. Les travaux de restauration et l’équipement ont  coûté plusieurs centaines de milliers de dinars, nous a-t-on indiqué.

Selon Fadhel Kniss, membre du bureau directeur de l’AJST (association créée au lendemain de l’indépendance et comptant aujourd’hui une quarantaine de clubs à travers la république), le nouvel espace est dédié à l’apprentissage, à la formation, la culture et à l’intelligence pratique. «Nous souhaitons voir plus de Fab Lab dans les régions. La décentralisation sera très utile pour l’essor des régions. Prochainement, et grâce à la Fondation Orange et au soutien d’Orange Tunisie, nous allons avoir des Fab Lab ambulants. Ce sera après le démarrage de ce premier laboratoire à Tunis», a-t-il expliqué.

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Des créateurs en herbe

Selon Seddik Maarfi, ingénieur à l’AJST, recruté après le lancement, en juillet dernier, de l’appel à projet lancé par Orange Tunisie, le parc des machines est constitué d’imprimantes 3D, Scanners 3D et autres équipements de très haute technologie. «Nous allons nous relayer pour encadrer les bricoleurs. L’espace sera désormais ouvert toute la semaine et pas seulement le weekend», a-t-il expliqué.

Ici et là, des jeunes et moins jeunes, accompagnés d’ingénieurs de l’AJST et de salariés d’Orange Tunisie, sont penchés sur leur ordi, plongés dans leur univers de création numérique.

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«On utilise la défonceuse pour le coupage commandé par ordinateur. Après l’installation du programme souhaité, on génère un code. La défonceuse s’occupe du reste. Tout se fait donc sur écran avant le passage au découpage du fer, du plastique, du bois ou de toute autre matière, selon le type d’objet que l’on voudrait fabriquer», nous explique Elyes Hammami, ingénieur en mécanique et membre de l’AJST depuis 1998.

Robots, commandes, créations artistiques…

Abdelaziz, Khalil et Elyes, nos jeunes petits génies, qui viennent de décrocher en Belgique la Coupe du monde des cultures scientifiques (juniors), sont absorbés par le design d’un robot. «Nous dessinons le châssis, l’équilibrage des roues… On tisse des traits géométriques. On essaie de voir la possibilité de concevoir, ensemble, le projet de nos rêves en échangeant nos vues», raconte Khalil. Les trois ados nous ont présenté, avec fierté, le robot qui leur a valu un premier succès en Belgique. Ils rêvent d’autres…

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Fedra Masmoudi et Rim Kallel, étudiantes respectivement à l’Insat et à Esprit, bricolent de petits objets, des pendentifs, des porte-clefs, des boucles d’oreilles… «Tout est programmé sur l’ordinateur, le design, la couleur… Puis nous reportons tout dans une carte, avant de cliquer sur un bouton pour faire fonctionner la machine», explique Fedra.

Le numérique au service de la construction

L’inauguration du Fab Lab a eu lieu en présence des ministres Chiheb Bouden (Enseignement supérieur et Recherche scientifique, également président de l’AJST), Neji Jalloul (Education nationale), Latifa Lakhdhar (Culture et Sauvegarde du Patrimoine), et Maher Ben Dhia (Jeunesse et Sports), ainsi que de Seifallah Lasram, maire de Tunis, et des membres, actuels et anciens, de l’AJST. Seul le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Zied Laadhari, qui avait pourtant confirmé sa participation, a brillé par son absence.

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La Fondation Orange, mécène du projet, était représentée par Christine Albanel, directrice exécutive, et sa collègue Brigitte Audy, secrétaire générale, qui ont passé en revue les projets récemment montés en Tunisie dans plusieurs domaines et régions.
«Ce laboratoire technologique rassemble des énergies autour d’un projet destiné aux jeunes, qui bénéficieront d’une formation gratuite et spécifique. Et c’est un projet né d’une alliance entre privé et public, ce que nous saluons fortement», a déclaré Mme Albanel.

Faisant allusion à la douloureuse actualité de son pays, avec les attaques de Paris, vendredi dernier, Mme Audy a indiqué que «le numérique ne sert pas à rassembler les terroristes qui communiquent à travers la Toile, mais fédère des gens intelligents au service de l’humanité», tout en regrettant que les auteurs des attentats terroristes de Paris, le Bardo, Sousse, Beyrouth et ailleurs.

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«La science n’a ni race, ni nationalité, ni religion»

Du côté d’Orange Tunisie, Marouane Mabrouk, le Pdg, Didier Charvet, le directeur général, et Asma Ennaïfar, directrice des Relations extérieures, de la RSE et de l’Innovation, ont exprimé leurs joie et fierté de contribuer à ce projet qui vise à promouvoir l’innovation et l’employabilité des jeunes. «L’objectif de ce Fab Lab est d’inciter les Tunisiens de diverses provenances à s’exprimer, à donner libre cours à leur créativité et à partager leurs savoir-faire, de manière à consolider leur insertion professionnelle et booster ainsi le marché de l’emploi», a précisé M. Charvet.

Neji Jalloul a insisté, pour sa part, sur l’intelligence numérique qui est au service du progrès social, scientifique et humain à l’échelle universelle. «La science, qui a traversé les âges, n’a ni race, ni religion, ni nationalité. Les Occidentaux ont bénéficié de l’apport des savants arabes et aujourd’hui nous traduisons les innovations occidentales dans notre langue», a-t-il souligné, en puisant plusieurs exemples dans son background d’historien des idées.

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Marouane Mabrouk.

Chiheb Bouden, technologue de son état, a insisté, de son côté, sur le rôle que peut jouer le numérique dans les domaines de l’éducation, de la formation et de la création d’entreprises,  en offrant un nouvel environnement de créativité et d’innovation pour les jeunes et, à travers eux, pour l’humanité de demain. «N’oublions pas, en cette occasion, de rendre hommage aux fondateurs de l’ASJT, qui nous ont inculqué l’esprit de l’innovation continue», a-t-il conclu, en formant l’espoir de voir des Fab Lab essaimer, bientôt, un peu partout dans le pays.

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