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Gouvernement d’union nationale : Le difficile aveu d’échec d’Habib Essid

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Rencontre lundi entre Caïd Essebsi et Essid: Je t’aime, moi non plus!

La partie entre un président Caïd Essebsi, qui tire la couverture vers lui, et un Habib Essid, qui refuse de sortir de la petite porte, risque d’être longue.

Par Nadya B’chir

Selon une expression empruntée à Jacques Pilhan, directeur de campagne électorale de Mitterrand et de Chirac, le président est celui qui a le plus de poils aux pattes. Et lorsqu’il s’agit de notre président de la république, Béji Caïd Essebsi, nous pouvons ajouter que c’est également celui qui a plus d’un tour dans son sac.

Caïd Essebsi tire la couverture vers lui

En effet, lors d’une apparition médiatique, jeudi 2 juin 2016, où il a été question du grand bain du gouvernement actuel, M. Caïd Essebsi a agi tel un véritable bestiaire en évoquant l’idée d’un gouvernement d’union nationale dans le but de sauver ce qui reste du pays.

Avant-hier était attendu comme le jour où Habib Essid, qui se dit par ailleurs surpris par l’annonce du président de la république, allait présenter sa démission à ce dernier lors de leur rencontre hebdomadaire. Mauvais pioche! Aucune démission n’a été présentée et certainement encore moins évoquée.

Bien que les propos de Habib Essid soient ceux d’un bavard abscons, son attitude en dit bien plus quant à l’initiative du président de la république qui, encore une fois, a su tirer la couverture vers lui aussi subtilement et finement que son orthodoxie politique nous en a donné l’habitude.

Alors, il n’y a pas et visiblement il n’y aura pas – tout du moins pour les heures fraîches – annonce de démission. Le chef du gouvernement, loin d’être un quidam de la politique, voit dans l’acte de démission un aveu d’échec et l’adoption d’une position d’un maigrelet en la matière. Hors de question ! Qu’à cela ne tienne.

De son côté, le président de la république, en réel barreur à la main ferme, emprunte les allures diplomates et pondérées de sa fonction en ce qui regarde le fait de pousser Habib Essid dans ses retranchements.

La rencontre du président de la république et du chef du gouvernement, lundi dernier, n’aura finalement été qu’une réunion hebdomadaire de plus avec en sus une partie de chasse des mauvaises intentions et des prétentions peu glorieuses des deux parties.

Habib Essid rejette l’idée de s’avouer vaincu et cela ne ressort pas de si proche temps. Le gouvernement traverse, en effet, de rudes épreuves qui versent comme une cascade sous l’œil déniant de l’équipe gouvernementale. Le diagnostic se fait timide et les foyers de l’hémorragie ne sont toujours pas identifiés. Les responsabilités sont jetées tel un ballon de foot de pied en pied sans atteindre aucun filet.

Un non-avoué vaincu

En dépit de cette fâcheuse voire même tragique et insoluble configuration, Habib Essid n’en démord pas et continue à piquer du nez en ce qui regarde la situation quasi chaotique du pays. Et cela ne relève pas tant des compétences d’une fraîcheur et d’une efficacité discutables du chef du gouvernement que du mécanisme de fonctionnement de toute l’équipe.

De son côté, le président de la république se remet à l’évidence. Habib Essid n’est plus à sa place et ne devrait plus jouir de sa bénédiction ni de son soutien qui ont, cependant, grassement renforcé son socle et appuyé son assise vis-à-vis de l’opinion publique et de la classe politique.

Ne plus jouir de la grâce présidentielle serait-il suffisant pour conduire Habib Essid à s’auto-éconduire sans renfrogner et sans traîner des pieds pour laisser la place à un successeur pressenti plus main de fer dans un gant de velours?! Les premières réactions d’Essid décodent aussi clairement que de l’eau de roche une position d’un non-avoué vaincu. Car prétendre le contraire serait pour le chef du gouvernement comme balayer d’un seul coup tous les campements sur position avec autant de fermeté que conviction sur la période passée. Sortir par la petite porte? Il n’en est guère question.

Pendant cette longue et quasi interminable tergiversation aux sombres figures, les partis politiques au pouvoir, à l’instar de Nidaa Tounes et d’Ennahdha, l’ont se remet au patriarche et l’ont se proclame du côté du président de la république comme haute autorité. Nidaa Tounes se dit dans la négation quant à la proposition de quelques noms pour la succession d’Essid. Ennahdha se dit à l’attente d’une suggestion de la part de Béji Caïd Essebsi, dont le choix sera validé, approuvé et béni par les dieux du parti. Le part islamiste estime, par ailleurs, qu’un gouvernement à deux têtes est nettement plus souple à gérer qu’un gouvernement à quatre têtes.

N’omettons pas le rôle qui pourra être joué dans cette pièce par la centrale syndicale qui a été appelée par le président de la république à prendre acte au gouvernement d’union nationale et cela est même indéniable, voire indiscutable. Pour elle, la messe est d’ores et déjà dite : oui à la proposition, non à la participation !

Un attentisme de mauvais goût

Aujourd’hui, une réunion d’urgence a été convoquée entre le président de la république et les représentants du Quartet au sein du gouvernement (Nidaa Tounes, Ennahdha, UPL et Afek Tounes) et à laquelle se joindront les délégués de l’UGTT et de l’Utica. Cette réunion devrait seller davantage le sort du chef du gouvernement ainsi que de son successeur? A fort pari ! Néanmoins, Béji Caïd Essebsi ainsi que Habib Essid ne devraient guère perdre de vue le paramètre de l’attentisme dans lequel languit actuellement tout le gouvernement et, par voie de conséquences, tous les rouages du système économique du pays. Un attentisme de mauvais goût qui n’enfante qu’immobilisme et indifférence jusqu’à la formation de la nouvelle configuration.

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