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Expo ‘‘ Pollen ’’ à Dar Al-Kamila: Le génie des lieux

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‘‘Le jardin des lettres’’ de Bchira Triki.

L’exposition ‘‘ Pollen ’’ réunit des artistes et des écrivains tunisiens et français pour réfléchir ensemble sur les problèmes du monde et les mystères de la création.

Par Fawz Ben Ali

Un collectif artistique composé d’écrivains et de plasticiens, tunisiens et français, s’est réuni dans une exposition à ciel ouvert, baptisée ‘‘Pollen’’, présentée, dans les jardins de la résidence de l’ambassadeur de France, Dar Al-Kamila, à La Marsa.

Cet espace privé, chargé d’histoire et de patrimoine, s’est rendu accessible au public, du 4 au 12 juin 2016, pour une balade inédite dans un vaste et somptueux jardin parsemé d’œuvres d’art.

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Orchestrée par les deux commissaires, Wadi Mhiri et Sadika Keskes, l’exposition a réussi à harmoniser des sensibilités différentes et indépendantes les unes des autres, à travers la rencontre de neuf artistes (Meriem Bouderbala, Mouna Jemal Siala, Sadika Keskes, Najet Ghrissi, Noutayel Belkadhi, Houda Ghorbel, Wadi Mhiri, Bchira Triki et Richard Conte) et quatre écrivains (Colette Fellous, Nacer Khemir, Hedi Kaddour et Pierre Assouline). L’occasion pour ces créateurs de se détacher des supports conventionnels et rompre les frontières entre les disciplines artistiques.

Cette exposition qui marie l’art visuel et la littéraire se veut un questionnement collectif sur les préoccupations et les inquiétudes du monde contemporain. Le public est confronté à sa réalité dans un moment de méditation. Pierre Assouline nous parle d’une «promenade philosophique», mais «il faut venir jusqu’ici pour découvrir une autre dimension de ce qu’on appelle le génie des lieux», nous dit-il.

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‘‘Les onze’’ de Sadika Keskes.

En s’aventurant dans les chemins tortueux de la demeure, on est surpris par onze tombeaux composés de cubes de verre qui reposent en paix sur l’herbe fraîche. Comme des fantômes retenus sur terre pour un ultime adieu, une atmosphère de deuil se dégage de cette installation intitulée ‘‘Les onze’’, à travers laquelle la verrière Sadika Keskes a souhaité rendre hommage aux soldats martyrs du Mont Chaâmbi.

Un peu plus loin, Houda Ghorbel a planté des géants en terre et n’a laissé apparaître que leurs pieds en céramique. Ces géants aux têtes invisibles se prosternent devant la mère nature, honteux de l’avoir polluée et sauvagement exploitée. A travers son œuvre décalée, ‘‘Terre, pardonne-nous !’’, Houda Ghorbel lance un cri d’alarme pour la sauvegarde de l’environnement.

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En poursuivant la balade, on perçoit des lettres abstraites et géantes dressées au sol, mais qui voltigent dans l’air à plusieurs niveaux. C’est ‘‘Le jardin des lettres’’ de Bchira Triki. «Ces caractères fins, complices de la courbe et compagnons de l’identité visuelle de l’enracinement, prennent la parole pour crier leur puissance tout haut et interagissent avec la nature en rappelant l’ascension et l’univers mystique des soufis», explique l’artiste.

De l’autre côté, Najet Ghrissi nous enchante avec ses sculptures musicales à la sensibilité légère et aérienne. On contemple ‘‘La femme au violon’’, cette corpulence métallique construite de fines plaques en tôle disposées en parallèle, et on fait l’effort d’écouter une musique invisible émanant de tous les recoins de l’éden.

Après 25 ans d’absence, Hédi Kaddour renoue avec la Tunisie nouvelle. Par son texte ‘‘Togatus’’, il nous plonge dans la culture romaine à partir d’une sculpture d’un homme en toge, à la tête coupée.

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‘‘La femme au violon’’ de Najet Ghrissi.

Avec ‘‘Jardins de mon enfance’’, Nacer Khemir nous conduit dans son imaginaire enraciné dans la tradition arabo-musulmane et nous plonge dans une mythologie tunisienne qu’il a toujours su maîtriser, avec son talent de grand conteur, dans différentes expressions artistiques : arts plastiques, cinémas, écriture littéraire…

‘‘Pollen’’ est une exposition qui a une forte portée symbolique, d’abord par son lieu d’accueil, qui souligne les liens puissants, historiques et culturels, entre la Tunisie et la France, mais aussi par le soutien qu’elle offre aux jeunes créateurs pour leur permettre de dialoguer et de réfléchir ensemble sur les problèmes du monde et les mystères de la création.

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