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La bataille du voile islamique est-elle perdue d’avance ?

Voile

Les surenchères des islamistes ne s’arrêteront pas au «droit» des femmes à porter le voile. Ce qui est recherché, in fine, c’est une subordination totale des femmes aux hommes.

Par Hamda Ouakel *

Les revendications communautaires de tous les groupes religieux mettent à mal la laïcité, mais pas seulement, car elles utilisent aussi celle-ci en tant que garant de toutes les diversités, y compris les plus rétrogrades. Au nom d’on ne sait quelle tolérance, certains hommes voudraient bien nous imposer leur vision et leur pratique de l’inégalité homme-femme.
En France, au nom de la laïcité, grand principe inscrit dans la loi de 1905, les juges de la république ont décidé de faire évacuer des crèches de Noël des lieux publics tels que mairies, administrations et écoles.

Espace public, espace privé

Personnellement, libre d’esprit et de conscience, et bien qu’ayant un petit penchant pour le côté artistique et enfantin des personnages et des scènes que contiennent ces crèches, j’avais applaudi au courage de ces juges. Je continue cependant à penser que les religions occupent trop de places dans nos vies privées et comme elles sont des vecteurs de discordes et de conflits entre communautés, il serait bon qu’elles n’encombrent pas aussi l’espace public afin d’éviter d’offenser insidieusement ou franchement la majorité d’entre nous.

Pour protéger cet espace public vital de tout élément perturbateur et nuisible à l’entente sociale, il faut, me semble-t-il, légiférer de manière claire et indiscutable sur la place des religions et ne pas se contenter de figer dans le marbre des lois anciennes telles que celle de 1905 en France.

Au demeurant, la problématique est identique pour tous les pays européens ou occidentaux. En son temps, quand les principes de laïcité étaient défendus et portés par des militants valeureux, il n’y avait que des chrétiens en Europe, des catholiques et des protestants, mais tous chrétiens, tout au plus trouvait-on aussi quelques juifs ici et là longtemps persécutés par ces mêmes chrétiens. Quelqu’un peut-il dire comment reconnaître, dans la rue, un catholique d’un protestant? Peut-être que le protestant est plus humble et plus modeste? Peut-être que le catholique est plus cocardier? Laissez-moi croire que cela n’est qu’étiquettes sans fondement.

Aujourd’hui, toutes les religions du monde se trouvent côte-à-côte dans une même ville, dans un même quartier. Comme si tous les pickpockets se donnaient rendez-vous au même marché pour commettre leurs forfaits.

Les reculades des pouvoirs publics

Toutes les lois civiles de tous les pays ont décidé, sans exception, que le vol est une activité déclarée illégale. Par conséquent, toutes les polices, selon leurs moyens, ont mission de traquer, sans exception, toutes sortes de voleurs perturbateurs des places publiques et ailleurs. Non seulement les petits pickpockets, mais aussi les gros gangsters, ceux qui font la loi dans certains quartiers, sont chassés et poursuivis. De même la loi doit-elle aussi s’appliquer à toutes les religions sans distinction. Elles sont toutes porteuses de désordre et elles sont source de conflits.

L’évolution veut qu’une nouvelle situation exige la mise en place de nouvelles règles. Si l’on maintient les mêmes règles et lois sans tenir compte de l’évolution de la société, on aurait à subir des séismes d’une ampleur de plus en plus importante.

Dans tous les pays européens dits «laïcs», on assiste de plus en plus à de multiples reculades des pouvoirs publics devant les revendications communautaires de tous les groupes religieux. Pour cause de messe, certaines églises chrétiennes ont pesé de tout leur poids pour obtenir l’exemption de cours des enfants de leurs adeptes ou tout simplement la fermeture des écoles le samedi. Ne parlons pas des communautés juives et de ce que représente pour elles le shabbat. En apprenant cela, des imams musulmans ont commencé, ici et là, à revendiquer la relâche des élèves musulmans le vendredi après-midi pour participer à la grande prière hebdomadaire. Au nom de la liberté de conscience, ils ont aussi recommandé fortement aux femmes (traduisez ordonné aux femmes) de porter le voile, non seulement dans leur espace privé, mais surtout dans tous les lieux publics. Au nom des lois du Coran, dans un premier temps, ils ont interdit la mixité dans certains lieux publics tels que piscines, salles et terrains de sport… Dans un deuxième temps, toutes ces interdictions seront, d’une part, élargies autant que faire se peut à toute la population, et d’autre part, elles seront étoffées par d’autres restrictions coraniques du même ordre.

Le problème ne réside pas forcément dans les revendications des musulmans qui se fondent sur les lois de laïcité, il est là où on ne l’attend pas. C’est-à-dire dans le comportement démissionnaire des responsables politiques qui, non seulement ont accepté de satisfaire toutes ces revendications, mais ont tout fait pour les rendre acquises et par conséquent se sont montrés prêts à avaler d’autres couleuvres.

On a compris que l’auteur de ces lignes n’est pas un fervent défenseur de ces idées et de ces pratiques. Que ces élus acceptent cela en échange de quelques voix lors des rendez-vous électoraux, bien que ce ne soit pas vraiment démocratique, cela peut se comprendre, mais qu’ils nous en fassent subir les conséquences me semble inacceptable.

Étant opposé, mais pas borné, j’essaye autant que possible d’agir et de réfléchir en toute honnêteté et impartialité. Afin de pacifier et d’apaiser l’espace public, il convient, primo, de le distinguer clairement de l’espace privé. Secundo, il s’agit établir des règles de conduite relatives à chacun des deux espaces.

Les pièges du communautarisme

Pour ma part, l’étendue physique du domaine privé s’arrête tout au plus au domicile et aux lieux de culte. Tout le reste, sans exception, qu’il s’appelle club, association, lieu de rencontre… ne fait pas partie de la sphère privée et, par conséquent, fait partie intégrante du domaine public. Et ceci s’applique bien évidemment à tous.

À partir de ce constat, deux catégories distinctes de lois gèrent respectivement chacun de ces deux mondes. Si tel n’est pas le cas, alors, pour toutes les communautés, le droit de réagir s’imposera et l’anarchie s’installera.

Analysons les techniques utilisées par les musulmanes en Europe. Si elles pensent que leurs revendications sont démocratiquement légitimes, alors elles doivent accepter, sans condition, d’autres revendications des différentes composantes religieuses ou de pensées de la société dans laquelle elles vivent.

Attardons-nous sur le port du voile. Imaginons un instant que la majorité des femmes musulmanes qui le portent le font par choix et en toute liberté. Ce qui veut dire qu’elles le font par conviction religieuse et certainement pas pour afficher une quelconque différence culturelle ou autre. Ces femmes affirment, pour les étrangères d’entre elles, que le voile n’a aucune incidence négative sur leur intégration dans les pays hôtes et pour les «indigènes» converties à l’islam, le voile ne remet en rien leur appartenance nationale. Ce qui peut se comprendre en tant que raisonnement, mais ne peut en aucun cas être approuvé.

Premièrement, si elles le font par conviction religieuse comme elles le prétendent et elles le revendiquent, alors elles tombent sur le coup du prosélytisme permanent. Puisque le voile devient alors un outil de propagande et un signe clairement identifiant de l’appartenance religieuse de son porteur. La conviction religieuse et la liberté de conscience (comprenez d’inconscience) font partie uniquement de la sphère privée et ne doivent en aucun cas déborder pour s’afficher sur l’espace public. En s’affichant voilées et influencées par un environnement familial et une nostalgie de racines plus ou moins réelles et lointaines, mais tous deux hostiles à la femme et à sa liberté en général, les femmes musulmanes constituent le socle d’une génération future en rupture totale avec son environnement social, avec l’égalité hommes-femmes, avec les valeurs constitutionnelles et républicaines dans lesquelles cette génération est censée vivre en totale immersion.

Ces femmes voilées, forcées ou non par des hommes barbus et porteurs de djellabas, en élevant des enfants innocents dans le respect d’une pratique rétrograde et antiféministe, dispensent et sèment les premières graines d’une éducation 100% communautariste et révolue.

Vous connaissez certainement tous la citation de Gabriel-Marie Legouvé : «Derrière chaque grand homme se cache une femme.» Pour ma part, je peux vous affirmer sans aucun doute que le port du voile est l’iceberg qui cache les djellabas et que derrière chaque femme voilée se cache bien un homme en djellaba. Ces jeunes femmes subissent une pression constante et quotidienne de toutes parts et en tous lieux. Dans les cas les plus courants, la djellaba c’est le mari, le père ou le grand frère.

Dans d’autres cas, c’est en essayant de faire plaisir aux élus de leurs cœurs, que des jeunes filles, pour se rapprocher d’un garçon et de sa famille, décident de mettre le voile. Et finalement, la dernière catégorie consiste en la djellaba portée par tout un quartier, par tout un village, par tout l’entourage qui ne cesse d’envoyer des signaux ininterrompus et de plus en plus insistants aux jeunes filles en leur disant insidieusement parfois et ouvertement d’autres fois que si elles veulent du respect, si elles veulent rester dans la communauté, si elles veulent se marier, si elles veulent être aimées, il leur suffit de battre pavillon tels les marins, de porter le voile. Vous ne pouvez pas trouver une seule femme non voilée et qui s’habille telle une Européenne et dont le père, le mari ou le frère porte une djellaba. Malgré tout, elles vous diront toutes qu’elles portent le voile par choix personnel ou par conviction. Personnellement, je crois volontiers la majorité d’entre elles. Parce qu’en fait, elles n’ont pas de véritables choix. Le seul choix qu’elles ont est celui entre la peste et le choléra. Soit elles portent le voile, soit elles sont exclues de la famille et de la communauté. Soit elles portent le voile, soit elles sont traitées de putes. Ce n’est quand même pas moi qui ai créé le mouvement Ni pute ni soumise.

Il est vain de demander à ces femmes de renoncer au port du voile en débattant démocratiquement. La raison réside dans le fondement même de l’islam. Il est la seule religion ayant une constitution stable et unique : le Coran. Les bons musulmans ne font que respecter cette constitution. Comme les bons républicains ou démocrates qui vouent un énorme respect aux constitutions de leurs pays. Certains le font à la lettre, d’autres avec plus ou moins de largesse. Il est vain de faire des comparaisons avec le christianisme, une religion qui est émiettée en une multitude de chapelles et ayant quatre évangiles différents.

Il est aussi vain d’évoquer le judaïsme qui, aux yeux des musulmans, n’est guère mieux avec ses Torahs orales et écrites, et ses Talmuds de Jérusalem et de Babylone pour ne citer que ces deux ensembles.

L’islam au-dessus des lois

Dans un certain sens, l’islam est analogue aux États-Unis qui, avec leur constitution, ne reconnaissent que leurs intérêts propres qui sont au-dessus de tout. L’islam, avec son Coran, ne reconnaît aucune autre loi. Il est au-dessus de tout. Il est fondamentalement antirépublicain et antidémocratique.

Si on devait écouter les femmes musulmanes et céder à leurs revendications, on irait certainement à l’encontre des constitutions de nos pays puisqu’à terme, de revendication en revendication, nous finirons par appliquer les lois coraniques (la Charia).

Je m’excuse d’avance de l’exemple qui suivra, il peut choquer certains d’entre vous. Mais, pour la clarté du raisonnement, il s’est imposé à moi. Aujourd’hui, dans certaines régions du monde, les populations sont confrontées au virus Zika. D’après vous, quel est le meilleur moyen de lutter contre ce mal? C’est bien la prévention n’est-ce pas? Ah ! Avec ce n’est-ce pas, je me surprends avec des accents lepénistes, bizarre, bizarre, passons. Eh ben, je suis en total accord avec vous. Seulement, réfléchissons un instant à ce qui se cache derrière ce mot «prévention». Lutter contre la conséquence ne servirait à rien, si ce n’est à gaspiller de l’énergie inutilement. L’efficacité d’un nouveau médicament est dérisoire en comparaison avec ce qu’encaissent les grandes pharmas. Par contre, l’éducation, l’information et les actions de démoustications seront d’une efficacité beaucoup plus bénéfique à tous.

N’oubliez pas que derrière chaque cas Zika se cache un moustique et que derrière chaque voile se cache une djellaba. Alors, démoustication ou non?

Poursuivons notre petit tour de communautés et regardons où cela peut nous conduire. À titre d’exemple, tout le monde sait qu’une forte communauté indienne vit en Angleterre. Conséquence directe de la colonisation et du grand Empire britannique. Vous me suivez jusque-là? Imaginons qu’une bonne partie de cette population est adepte du sâdhu de la fameuse secte des Naga Baba qui font du renoncement un art et une condition sine qua non pour atteindre l’objectif suprême. Pour ces adeptes de cette religion, au contraire des catholiques, l’habit ne fait vraiment pas le moine. Pour accomplir leurs devoirs religieux, ils doivent se débarrasser de tout matérialisme et ils doivent vivre nus comme ils sont venus au monde. Nus de tout. Aux musulmanes universitaires, celles qui croient avec conviction et non dans l’ignorance, celles qui portent le voile par choix et suite à une longue réflexion, celles qui évitent la compagnie des filles habillées un peu court à leurs yeux, celles qui ont honte de leurs corps au point de les couvrir de la tête aux pieds même en plein été, à celles qui nous demandent d’être tolérants envers elles, à celles-là, le printemps, l’été et les beaux jours arrivant, je leur demande d’accepter que de jeunes gens appartenant à d’autres horizons de pensées, au nom du renoncement ou de la célébration du corps humain, vêtus de maillots de bain, de simples strings, ou totalement nus, puissent prendre place dans le même amphithéâtre qu’elles et de préférence à côté d’elles.

Qu’elles soient, au nom des mêmes principes démocratiques, aussi tolérantes, souriantes et accueillantes à cette diversité qu’elles doivent subir et non imposer à autrui. Ah ! J’ai oublié de mentionner que pour le sâdhu, seuls les hommes sont habilités à recourir à la nudité et à concourir la divinité. En d’autres termes, il n’y a pas de femmes nues. Seuls les hommes le sont. Si les musulmanes n’acceptaient pas la situation, et à défaut de se dévoiler, elles nous dévoileraient alors leurs vraies pensées. Imaginez, dans quelques années, des rassemblements de musulmanes devant les immeubles historiques en Europe pour demander le démantèlement des statues et œuvres artistiques montrant des nus, imaginez aussi des services d’ordre islamiques interdisant l’accès aux plages à toutes les femmes en maillot de bain ou légèrement habillées. Imaginez le même service civique coranique devant les services publics : hôpitaux, administrations, écoles, universités… interdisant leur accès aux femmes non voilées. Vous comprenez alors que ce n’est plus une simple affaire de liberté de conscience !

A l’instar de Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. J’invite donc tous les mouvements étudiants d’Europe et du monde à user du même droit que les musulmanes. À organiser dans toutes les universités des groupes pour occuper tous les espaces nus et à moitié nus en arborant le slogan : Nu(e) comme ma pensée ou nu(e) comme né(e). Nous verrons alors, si les étudiantes et autres musulmanes sont réellement tolérantes, si elles continuent à fréquenter les bancs des facultés et des hautes écoles : celles de l’esprit libre.

* Citoyen tunisien résident en Suisse.

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