Des habitants de Kerkennah ne supportent plus les désordres dans leur île et appellent le gouvernement à proclamer l’île zone militaire et à écrouer tous les fauteurs de troubles.
Par Zohra Abid
Sept individus recherchés pour avoir incendié et saccagé des biens publics incitent des manifestants à bloquer la route menant à l’usine de Petrofac à Kerkennah et à paralyser la vie économique dans l’île, a déclaré un habitant de l’île à Kapitalis.
Ces 7 agitateurs font partie des 30 individus poursuivis par la justice pour avoir, en avril dernier, jeté 2 véhicules de la police dans le bassin de Sidi Youssef, mis le feu à deux voitures administratives, un camion sécuritaire, un poste de police à Attaya et deux bureaux relevant de la garde nationale au port de Sidi Youssef.
Agitateurs d’extrême-gauche, délinquants notoires et extrémistes religieux
«Parmi ces 7 agitateurs qui font la loi dans l’île et qui poussent les manifestants à bloquer les routes et à empêcher les employés à se rendre à la société Petrofac, on peut citer Ahmed Souissi et Ahmed Lamine Cheour. L’un d’eux a confié à ses camarades que l’avocat A. A. du Front populaire leur demande de continuer à résister pour obliger le gouvernement à reculer et à mettre fin aux poursuites judiciaires à leur encontre», précise encore cet habitant de Kerkennah sous le couvert de l’anonymat et qui s’inquiète sérieusement pour l’avenir de l’île située au large de Sfax.
«Ce groupe est manipulé par un certain Rabeh Ouerda, membre de l’UGTT de Sfax, et Mohamed Ali Arous, représentant de l’UGTT à Kerkennah. Tous deux originaires de Attaya, où la majorité de la population sympathise avec Hizb Ettahrir, un parti qui a ses troupes ici. La casquette syndicale n’est qu’un vernis ou une couverture», précise notre source, car, officiellement et au niveau central, l’UGTT n’a pas de lien avec ce qui se passe à Kerkennah et l’organisation a même proposé sa médiation pour aider à mettre fin aux agitations dans l’île, mais en vain.
Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, un ancien secrétaire général adjoint de l’UGTT, originaire lui-même de Kerkennah, s’est rendu dans l’île au début de la semaine et a tenté de négocier une accalmie pour essayer de retenir Petrofac dont le conseil d’administration vient de décider de mettre fin à ses activités en Tunisie, mais il n’a finalement pas été écouté et est rentré bredouille à Tunis.
La négociation menée par Abdelkarim Jrad, secrétaire général adjoint de la centrale syndicale (lui aussi originaire de l’île), avec les manifestants, a été un échec. Et cela était prévisible, car ce dernier, originaire de Kerkennah, avait été envoyé, auparavant, par l’ancien chef du gouvernement Habib Essid, et le résultat avait été le même.
Selon notre source à Kerkennah, des délinquants et des hors-la-loi ont joint le mouvement et essayent d’affaiblir l’Etat et de faire régner le désordre qui serait plus propice à leurs trafics de toutes sortes, notamment la contrebande et le marché noir.
Plus personne ne viendra chez nous
«Aujourd’hui, des directeurs d’écoles, des commerçants, des fonctionnaires, des enseignants, des anciens officiers de l’armée et autres habitants de l’île en ont marre de vivre dans l’insécurité et demandent au gouvernement de proclamer Kerkennah zone militaire et de transférer rapidement les activités du port commercial Mellita de Sidi Youssef à la zone Al-Qarraba, du côté de Ramla», dit notre Kerkennien, exprimant ainsi le ras-le-bol général que ressentent les habitants de l’île.
Rappelons que la date butoir fixée par les actionnaires britanniques de la société tuniso-britannique Petrofac pour l’arrêt de leurs activités en Tunisie expire aujourd’hui et qu’aucune solution n’a encore été trouvée, les saboteurs continuant à refuser toute discussion et toute solution.
«En fermant définitivement Petrofac, la société mère qui emploie 20.000 ingénieurs dans 37 pays et dont le chiffre d’affaires est de 8 milliards de dollars (17 milliards de dinars tunisiens) n’a, en fait, rien à perdre. La Tunisie ne représente que 0,2% de son chiffre d’affaires», précise un ingénieur salarié de la société, qui appréhende les conséquences de la fermeture de Petrofac pour son avenir et pour celui des centaines de Tunisiens qui y travaillent. Mais pas seulement, car ce sera un très mauvais signe qu’envoie la Tunisie aux investisseurs, alors qu’elle s’apprête à accueillir, en novembre prochain, une conférence internationale sur l’investissement »Tunisie 2020 » dont on espère qu’elle relancera les investissements extérieurs dans le pays, seul moyen pour impulser la croissance et créer des emplois. «Il est à craindre que plus personne ne viendra investir son argent chez nous», conclut l’ingénieur.
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