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JCC 2016 : Kaouther Ben Hania et le renouveau du cinéma tunisien

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Avec son long métrage documentaire ‘‘Zaineb n’aime pas la neige’’, la Tunisienne Kaouther Ben Hania se met en lice pour le Tanir d’Or des JCC 2016.

Par Fawz Ben Ali

Le documentaire est fortement représenté dans cette 27e édition des Journées cinématographique de Carthage (JCC), qui ont démarré vendredi dernier, avec 7 films parmi les 18 en compétition officielle des longs-métrages. ‘‘Zaineb n’aime pas la neige’’ de la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania, qui a déjà beaucoup fait parler de lui, a été projeté en avant-première, dimanche matin, lors d’une séance presse avant la rencontre du grand public le lendemain soir à la salle Le Colisée.

Immersion dans le monde d’une enfant

Après le succès international de son documentaire-fiction ‘‘Le Challat de Tunis’’ (2014), Kaouther Ben Hania opte pour le format documentaire-portrait pour ce nouveau film, retenu à la compétition officielle du Festival international du film francophone de Namur et très récemment auréolé du Prix du meilleur long-métrage documentaire au Festival Cinemed de Montpellier.

‘‘Zaineb n’aime pas la neige’’ nous propose une immersion dans le monde d’une enfant qui s’apprête à devenir adolescente. C’est l’histoire de Zaineb, âgée de 9 ans, qui vit avec sa mère et son petit frère, après avoir perdu son père dans un accident de voiture.

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Tout va bien dans la vie de Zaineb jusqu’au jour où sa mère décide de se remarier. La petite fille ne semble pas très enthousiaste à l’idée qu’un autre homme «remplace» son père, encore omniprésent dans sa mémoire. «Je ressemble en tout à mon papa, en rien à ma mère!», lance-t-elle à la caméra pour nous montrer à quel point elle est attaché à son père. Mais le souci n’est pas seulement là, Zaineb n’a aucune envie d’aller vivre au Canada, là où vit son futur beau-père. Et puis Zaineb n’aime pas la neige.

Loin du voyeurisme de la téléréalité

La réalisatrice, qui se trouve être la cousine de la mère de Zaineb, s’est permis à travers ce lien familial de se faufiler dans les moments les plus intimes de cette famille, sans pour autant tomber dans le voyeurisme de la téléréalité. Ce documentaire tire sa force et son originalité avant tout de la notion du temps, car l’histoire s’étale sur six années où il avait fallu suivre cette famille de Tunis jusqu’au Québec, exigeant une patience et une implication particulières.

D’ailleurs, le tournage a commencé avant ‘‘Le challat de Tunis’’ et s’est terminé après celui-ci.

Ce n’est pas la première fois que Kaouther Ben Hania s’empare du thème de l’enfance, cet univers sensible, elle l’a déjà exploré avec brio dans son court-métrage ‘‘Peau de colle’’ (Tanit d’or des JCC 2014). Cette fois, le sujet est traité avec plus de sérieux, de profondeur et de naturel puisqu’il s’agit d’un personnage qui existe vraiment.

Le vif du film est construit autour de l’éveil de la personnalité de Zaineb et son initiation à la vie. Sous notre regard, elle passe de l’enfance à l’adolescence, du rejet à l’approbation vis-à-vis de sa nouvelle famille et de son nouveau pays. Et puis il y a la rencontre avec Wijdene, qui a son âge, et qui, ensemble, sont appelées à coexister et à apprendre à devenir sœurs après le mariage de leurs parents respectifs. Tantôt complices, tantôt ennemies, elles évoluent au sein de cette famille expatriée et recomposée où le monde des adultes croise celui des enfants témoignant de la complexité des relations et la difficulté de chacun à trouver son équilibre.

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Un cinéma atypique et décalé

Malgré la présence du drame dans le film comme la mort du père ou l’adieu déchirant de Zaineb à ses camarades d’école, Kaouther Ben Hania a su garder une place à l’humour tout au long du film pour qu’il garde sa fraîcheur et sa légèreté.

Pour la dernière scène, la réalisatrice a invité ses protagonistes à découvrir le résultat de ces 6 années de tournage. Spectateurs d’eux-mêmes, ils en rient autant qu’ils en pleurent.

Issue de la nouvelle génération des cinéastes tunisiens, Kaouther Ben Hania a su se distinguer durant ces dernières années avec un cinéma atypique et décalé. Son dernier opus s’avère un concurrent redoutable dans la course au Tanit.

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