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Hannibal Barca, l’enfant d’une patrie ingrate

Quand les Italiens, descendants des Romains, rappellent aux Tunisiens, descendants des Carthaginois, que Hannibal Barca était un homme hors du commun. 

Par Tarak Arfaoui *

Lors de sa visite en Italie, les 8 et 9 février 2017, le président de la république Béji Caïd Essebsi (BCE) s’est attardé avec son hôte italien, Sergio Mattarella, devant un buste d’Hannibal Barca exposé au Palais du Quirinal, à Rome.

Le général carthaginois, un monument national tunisien malheureusement tombé dans l’oubli, était un ennemi implacable des Romains dans l’antiquité. En s’opposant à leur impérialisme pour défendre sa patrie, Carthage en l’occurrence, c’est-à-dire l’actuelle Tunisie, il a fait subir des désastres et des revers mémorables aux légions romaines (Cf. la bataille de Cannes en 216 avant J.-C., la plus grande défaite essuyée par les Romains dans l’antiquité devant les troupes d’Hannibal).

Malgré cela, les Romains ont toujours su lui rendre hommage à leur manière sans aucune amertume. Ils ont peut-être fait une remontrance, indirectement et d’une manière diplomatique, pour signifier à BCE que l’ennemi de Rome était un homme hors du commun.

Le buste exposé au Quirinal a été réalisé, au 16e siècle, par un sculpteur italien qui a puisé dans son imaginaire. En fait, il n’y a aucune vraie effigie ou statue connue d’Hannibal Barca dans le monde.

La mémoire du plus grand chef de guerre qu’a connu l’humanité, un personnage exceptionnel dont la bravoure et le génie dans les combats ont ébahi tous les stratèges militaires et qui s’est dévoué sans réserve pour sa patrie, la Tunisie dont sa famille est originaire, cette mémoire est malheureusement totalement occultée par les Tunisiens et tous ses décideurs ingrats et ce n’est pas le nom d’une chaîne TV ou d’un hôtel qui risquent de glorifier sa mémoire.

Y a-t-il un boulevard, une avenue ou une place Hannibal à Tunis? Y a-t-il un monument qui célèbre sa mémoire? Y a-t-il une commémoration de sa mort? Qu’a-t-on fait pour faire rapatrier sa dépouille qui gît, paraît-il, dans l’anonymat le plus complet, quelque part, sur une plage de Marmara, en Turquie?

Il y a certes une ruelle, je dis bien ruelle, à Carthage, du côté du port punique, qui porte le nom d’Hannibal, sinon rien d’autre. Abdelaziz El-Aroui, Abderrazak Karabaca ou Farhat Hached, avec tous mes respects pour ces personnages, ont-ils autant d’aura pour mériter de grandes rues en leur nom à Carthage?

La municipalité de la cité punique serait bien inspirée d’ériger un grand monument ou de nommer une grande avenue à la mémoire de cet illustre combattant auquel le monde entier voue reconnaissance et respect, mais qui a été voué à l’oubli par sa terre d’origine.

* Médecin de libre pratique.

 

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