17 Avr 2017 | 7:31 A LA UNE, TRIBUNE, Tunisie
La désaffection grandissante des Européens vis-à-vis de l’Union européenne (UE) recommandent à la Tunisie de reconsidérer ses relations déséquilibrées avec cet ensemble.
Par Ahmed Ben Mustapha *
Le Royaume uni vient d’activer le processus des négociations destinées à concrétiser dans les faits sa sortie officielle de l’Union européenne (UE) décidée par référendum en juin 2016.
Cette décision intervient dans un contexte électoral européen caractérisé par la montée en puissance au sein de l’opinion publique européenne des partis politiques qui se montrent sceptiques à l’égard du projet européen. Certains spécialistes des questions européennes vont jusqu’à se poser la question de la viabilité de l’UE et de l’éventualité de son implosion(1).
Cette désaffection grandissante est due à des considérations essentiellement liées aux dérives anti-démocratiques et coercitives des institutions européennes dont les politiques économiques ultra libérales associées aux mesures d’austérité draconiennes sont souvent perçues comme étant nuisibles aux intérêts nationaux et attentatoires à la démocratie ainsi qu’à la souveraineté nationale des pays membres.
La Tunisie face à l’avenir incertain de l’UE
Ainsi la politique européenne de la France et ses relations futures avec l’UE de même que l’avenir de l’Europe sont au nombre des enjeux majeurs des prochaines élections présidentielles françaises. D’ailleurs, il convient de rappeler que «l’euroscepticisme» en France s’est déjà traduit, dès 1992, par le rejet du traité de Maastricht (portant création de l’UE et de la monnaie commune) ainsi que de la constitution européenne également rejetée en 2005 à une large majorité.
En 2017, cette tendance semble s’accentuer au sein de partis politiques non marginaux issus d’horizons politiques divers, souvent antagonistes, qui appellent ouvertement dans leur programme électoral à la renégociation des traités européens voire à la remise en cause de l’appartenance de la France à l’UE.
Il importe de souligner que ce désenchantement européen concerne de nombreux autres pays du sud et de l’est de l’Europe particulièrement touchés par les retombées de la crise économique et financière de 2008 qui correspond en fait à la faillite de la mondialisation économique et du libre échange.(2)
Elle coïncide également avec la résurgence en Occident du protectionnisme et du nationalisme économique symbolisé par l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et la sortie du Royaume Uni de l’UE, ainsi que la mise en place dès 2013 de programmes de relocalisation d’entreprises américaines et européennes.
Dès lors, la Tunisie a tout intérêt à ce stade à observer les mutations en cours en Occident et à différer toute négociation sur l’Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca) en attendant que soit déterminé le sort de l’UE et ses orientations politiques futures au vu des résultats des prochaines échéances électorales en Europe, notamment en France et en Allemagne, qui demeurent les deux piliers de l’ensemble européen.
Pour une refonte de nos relations avec l’UE
De plus, et compte tenu de la crise économique et financière aiguë que traverse la Tunisie – largement imputable aux relations déséquilibrés avec l’occident et à la politique hégémonique de l’UE à l’égard de notre pays héritée de la période coloniale et reconduite après l’indépendance ainsi qu’après la révolution –, il serait opportun que les responsables tunisiens tirent les conclusions qui s’imposent de ces développements et les prennent en compte dans toute nouvelle négociation avec l’UE.
En outre, la Tunisie devrait initier une réflexion nationale sur un éventuel redéploiement de ses choix diplomatiques et économiques notamment pour ce qui a trait aux accords inégalitaires de partenariat avec l’UE ainsi que nos relations avec le G7 et les institutions financières et monétaires internationales.
En effet, il ne faut pas perdre de vue que le plan d’action 2013-2017 touche à sa fin ce qui offre à la Tunisie l’opportunité de procéder à une évaluation globale de sa coopération avec l’UE depuis l’indépendance et de concevoir sa propre vision de ses relations futures avec l’ensemble européen.
A ce propos, l’accord de coopération conclu en 1976 avec la Communauté économique européenne (CEE) pourrait fournir un support adéquat à cette réflexion interne dans la mesure où il tient compte dans ses orientations stratégiques des écarts de développement entre les deux partenaires tout en engageant la partie européenne à apporter l’assistance requise à l’industrialisation de la Tunisie et à la modernisation de son agriculture. Or, de tels engagements n’ont jamais été tenu ce qui a empêché la Tunisie de tirer véritablement profit de ses échanges avec l’ensemble européen.
Il en est de même des engagements d’ordre financier pris à Deauville en mai 2011 après la révolution dont le respect aurait évité ou du moins atténué l’impact de l’effondrement des équilibres financiers de la Tunisie et ses retombées économiques et sociales catastrophiques.
Dans le même ordre d’idées, la Tunisie devrait privilégier, à ce stade, la dimension bilatérale de ses relations avec ses principaux partenaires économiques et politiques occidentaux, notamment ceux du G7, afin de chercher des solutions plus adaptées à ses besoins spécifiques et aux défis actuels et futurs auxquels elle est confrontée.
La diplomatie «transformationnelle» à l’œuvre en Tunisie
L’expérience a en effet montré que les institutions multilatérales supranationales tels l’UE, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) – qui sont en réalité soumis au G7 – ne sont pas en mesure de faire évoluer leurs politiques en fonction des réalités économiques et sociales propres à la Tunisie. En outre ils ne disposent que d’outils financiers conditionnés qui contribuent le plus souvent à aggraver les difficultés qu’ils prétendent résoudre.
De surcroît, ils ne s’embarrassent pas de convenances diplomatiques dans l’application de leurs programmes d’action qui empiètent souvent sur les domaines de compétence souverains des pays partenaires tant du point de vue de leur contenu que des modes opératoires qui s’insèrent dans ce qu’il est convenu d’appeler la diplomatie publique de proximité ou diplomatie «transformationnelle». En effet celle-ci s’accompagne de l’implication directe sur terrain, aux niveaux national, local et régional, des équipes de ces institutions dans l’application des programmes de coopération financière dont les objectifs et les priorités sont définies par les bailleurs de fonds qui en supervisent également la mise en œuvre.
Mais dans la réalité des faits, elle sert de couverture à la concrétisation unilatérale et en dehors de tout cadre consensuel des politiques et des objectifs visés par l’UE et le G7 à savoir l’ouverture totale des marchés tunisiens au libre échange complet et approfondi et l’intégration de l’économie tunisienne à l’Europe indépendamment des répercussions négatives prévisibles d’une telle politique sur la Tunisie.
Et c’est dans ce cadre que se situent les nouveaux plans d’ajustement structurels convenus après la révolution avec le FMI qui sont en fait menés en étroite collaboration avec l’UE et le G7.
A ce propos, il convient de signaler l’interview de Patrice Bergamini, nouvel ambassadeur de l’UE en Tunisie (‘‘L’Economiste maghrébin’’, numéro 705, du 8 au 22 février 2017) qui y livre son évaluation de la situation politique et économique en Tunisie ainsi que les objectifs prioritaires qu’il compte privilégier au cours de son mandat.
Cette interview reflète une politique d’ingérence notoire dans les affaires tunisiennes et elle repose sur des postulats et des statistiques pour le moins erronés traduisant un acharnement à vouloir accélérer la conclusion de l’Aleca indépendamment de la situation économique tragique de la Tunisie qui n’est même pas évoquée.
Au nombre des trois objectifs majeurs de cette diplomatie envahissante ouvertement assumée figure «la réforme de l’Etat» tunisien qui concerne «tous les ministères et institutions» (agriculture, économie, justice, parlement….) y compris les ministères de souveraineté.
De même sera priorisé le dossier de la décentralisation – qui implique de «régler les problèmes de solidarité et de répartition des richesses, y compris au niveau territorial et géographique» et ce dans le but de relancer la croissance économique pour répondre aux besoins spécifiques de la jeunesse et des régions défavorisées.
La gravité de tels propos découle du fait que la notion de réforme est étroitement associée en Tunisie à la fragilisation et à l’affaiblissement du rôle de l’Etat tunisien soumis aux plans d’ajustement structurels coercitifs conçus et mis en œuvre par le FMI en coordination avec le G7 et l’UE avec pour finalité la confiscation de ses attributions régulatrices et économiques, la dérégulation financière, la privatisation des services publics et l’ouverture totale des marchés et de toutes les branches d’activité au capital mondialisé essentiellement européen et occidental.
En somme, la Tunisie a grandement besoin, en cette étape particulièrement critique et cruciale de son histoire de reconsidérer ses relations avec ses partenaires stratégiques en fonction de ses intérêts bien compris en tenant compte des mutations en cours en Europe et en occident qui semblent propices à une remise en cause des préceptes économiques ultralibéraux qui sont à l’origine de la faillite de la mondialisation économique et de ses retombées déstabilisatrices en Tunisie et à l’échelle mondiale.
* Diplomate et ancien ambassadeur
Notes :
1. ‘‘La fin de l’Europe ? L’union au défi du Brexit’’, éd. Eyrolles, 2016.
2. ‘‘La fin de la mondialisation’’, François Lenglet, éd. Pluriel, 2014.
La Tunisie a grandement besoin que tous ses enfants se retroussent les manches, arrêtent de pleurnicher et se mettent au travail. C’est la seule et unique possibilité pour que le pays retrouve une once d’espoir. les atouts sont nombreux et variés : agriculture, tourisme, phospates, diaspora à l’étranger, industries textiles, matière grise,…Encore faut il qu’ils arrêtent de croire qu’Allah va résoudre tous leurs problèmes du jour au lendemain. Laissons Dieu dans les mosquées et choisissons un chemin humaniste et éclairé qui nous mènera vers plus de tolérance et plus d’efforts dans le respect de tous. La sécurité de tous est la base de tout investissement sérieux et pérenne. Les tunisiens doivent arrêter de se tirer des balles dans les pieds en casant tout, en brûlant tout et à vouloir ce faire justice par eux mêmes, en amoncelant leurs saletés dans les rues, en manifestant pour un oui ou pour un non, …
L’Europe, les institutions internationales et autre n’apporteront que soucis supplémentaires et appauvriront pour des décennies le pays.
La Tunisie mérite tellement mieux car elle est MAGNIFIQUE !
Si Ahmed,
malgré l’amitié que j’ai pour vous, ou à cause d’elle, notamment en tant qu’ancien collègue, je dois vous dire que vous avez tout faux.
Sans être inexact, ce n’est pas le moment de tenir un tel langage, SURTOUT pas dans la situation actuelle.
Comme vous ne l’ignorez pas, on peut avoir raison quant au fond mais tort quant au timing.
Ce que confirme, au reste, votre action auprès de l’IVD qui a heurté nombre de justes qui ont souffert comme vous, mais n’ont pas accepté de cautionner l’action de l’IVD, devenue du pur manichéisme, hélas!
Car sinon, sans s’en rendre compte – je l’espère et je le suppose pour vous – on verse dans la complicité avec ceux qui agissent contre le salut du pays aujourd’hui.
Pour cela j’ai parlé d’infiltrés dans le dernier billet. En seriez-vous?
La question se pose pour le moins; car rien ne se cache plus.
Je le confirme ici donc, le seul salut pour la Tunisie hic et nunc (ici et maintenant) est l’adhésion à l’UE malgré tout ce qu’on peut reprocher à l’UE.
Il est toujours possible de rectifier le tir et il importe de le faire.
Pour sauver la patrie !
Comment envisager l’intégration de la Tunisie dans le cercle économique donc humain européen quand ses citoyens écrasent des européens au volant de leurs camions et mettent à feu et à sang l’Europe?
Justement, c’est pour y mettre fin, Si Ali Labyedh.
Le Tunisien n’est pas terroriste, on l’a rendu ainsi et il faut que cela cesse au plus vite.
Pour cela, il doit retrouver sa dignité.
Or, circuler librement dans le cadre d’une Tunisie dans l’UE, en serait une manifestation éloquente.
Faut-il que les islamistes et les crypto-ilsmaistes ne s’y opposent pas !
Le tunisien est terroriste parce qu’il est imbibé jusqu’à l’os de dogmes islamiques et à des siècles de retard sociétal sur l’européen.De ce fait ouvrir les frontières grandes ouvertes de l’Europe aux tunisiens et aux populations musulmanes du sud,ferait l’affaire de l’extrême droite!On ne rend pas quelqu’un terroriste sinon celà s’appellerait une justification du terrorise.Les japonais ayant reçu deux bombes atomiques et occupés par les américains ne s’étaient jamais mus en terroristes aux État Unis.De même les français aux lendemains de deux guerres avec l’Allemagne et des millions de morts,ne s’étaient jamais précipités dans les rues allemandes pour y mettre des bombes.Et même plus récemment malgré les attentats causant des centaines de morts et blessés,ne s’étaient jamais vengé par des attentats contre les arabes immigrés!
Ahmed Ben Mustapha
Si Othman,
Je suis surpris de constater que vous vous positionner d’emblée en donneur de leçon, censeur et détenteur de la vérité absolue, pour émettre un jugement tout à fait déplacé sur le contenu de mon article, l’opportunité se sa publication, et son timing.
J’aurais souhaité que vous discutiez des opinions émises dans mon article au lieu de me sermonner sur ce ton pour le moins agressif de tenir « un tel langage ».
Il est pénible pour moi d’être contraint de vous répondre que vous n’êtes pas autorisé à vous adresser à moi sur ce ton et de surveiller votre langage quand vous vous permettez de m’accuser d’être un « infiltré » coupable de cautionner l’action de l’IVD et d’être complice de ceux qui agissent contre le salut du pays.Je me garderai de répondre à de telles élucubrations qui visiblement ne sont pas sans lien avec vos nouvelles fonctions officielles de chargé de mission auprès du ministre des affaires étrangères.
Mais je trouve scandaleux que vous vous permettiez d’évoquer mon témoignage devant l’IVD en adoptant l’approche et le point de vue des propagandistes de la dictature dont vous prétendez être une victime.
Mon cher Si Ahmed,
C’est se prendre pour l’EXEMPLE que de prendre pour des leçons des CONSTATS qui s’imposent et qu’imposent nos actes et nos propos.
Pour ma part, je ne fais que constater des faits sans aucune instrumentalisation en une période de grand péril.
Or, ce qu’il ne faut pas faire en ce moment, plus que jamais, c’est d’éviter de se servir des faits par une lecture orientée.
Pour le reste, les Tunisiens, même s’ils gardent souvent le silence par tact, sont en mesure de distinguer la parole de vérité du reste.
Aujourd’hui, il n’y a plus de neutralité, la patrie étant en danger, et il importe d’être juste de voix et de voie.
Que la parole de vérité soit assimilée à une leçon, c’est qu’on l’a méritée.
Et c’est alors celle de l’histoire parlant à travers les moins injustes parmi qui croit encore que la Tunisie est toujours celle d’antan, la propriété de qui se croit au-dessus des masses.
Je vous ai parlé et parle toujours en ami; or l’amitié commande la sincérité. Et il n’y a aucune accusation dans mon propos. Je ne suis pour rien dans vos états d’âme, fruits de vos seules actions.
Libre à vous de choisir un autre registre dont je n’userais point, mes valeurs l’interdisant.
Sachez, enfin, que je ne suis plus au cabinet du ministre des Affaires étrangères, n’y étant entré que pour servir ma patrie et ayant refusé le renouvellement du contrat expiré fin mars pour, justement, continuer à servir LIBREMENT notre pays en grave danger.
Or, c’est cc que vous ne faites plus, votre ultime désinformation le prouvant.
Mettez donc à jour votre logiciel, cher Si Ahmed !
La Tunisie n’est plus celle de papy, voyons !
Amitié toujours
Retroussons nos manches !!! Arrêtons de tergiverser, arrêtons ces plateaux télé qui ne rajoutent que l’huile sur le feu. Mettons nous au travail, ne prenons pas en exemple nos députés et autres fonctionnaires payés à rien faire !
Au boulot bonnes gens !!!