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Un comité de défense des mouvements sociaux pour quoi faire ?

La création d’un comité national de défense des mouvements sociaux a été annoncée dimanche 23 avril 2017. Encore un comité, mais pour quoi faire… 

Par Abderrazek Krimi 

Le coordinateur de ce comité, rassemblant plusieurs personnalités tunisiennes, est le syndicaliste Kacem Afaya, ex-membre du bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).

Son objectif, selon une déclaration de Kacem Afaya à l’agence Tap, est de coordonner avec le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) et la Coordination des mouvements sociaux, en vue de protéger les droits des mouvements sociaux à la mobilisation pacifique et civile et à la libre expression des revendications socio-économiques dans le respect de la constitution et des droits de l’Homme garantis par les conventions internationales.

Au secours des manifestants

Aussitôt constitué, le comité a appelé, dans un communiqué rendu public dimanche, «à la libération de toutes les personnes qui ont été détenues pour avoir participé aux protestations sociales, à l’annulation de tous les jugements qui ont été prononcés à leur encontre et à rompre avec la politique du renvoi systématique devant les tribunaux et les solutions sécuritaires qui ont montré leurs limites».

Le comité a aussi affirmé son soutien à aux mouvements sociaux et à la revendication principale des protestataires, à savoir un nouveau modèle de développement qui rompt avec l’injustice sociale, la marginalisation et l’exclusion et pose les bases d’un développement juste et équitable entre les régions et les différentes catégories sociales.

Le comité, qui se compose de 58 personnalités, compte parmi ses membres Kacem Afaya, Ahlem Belhaj, Ahmed Karaoud, Khemaies Chammari, Sophie Bessis, Hafidha Chekir, Neji Bghouri, Khadija Cherif, Souhayr Belhassen, Ayachi Hammami et Kamel Labidi.

Reste à s’interroger sur l’allusion faite dans le communiqué à des arrestations, à des jugements arbitraires et à une politique systématique de l’Etat qui favorise la solution sécuritaire et le recours à la force vis-à-vis des manifestants protestataires.

Ces affirmations sont inexactes ou exagérées. Car personne en Tunisie, à l’exception peut-être des signataires du manifeste constitutif du comité en question, n’a entendu parler de comparutions devant les tribunaux de protestataires ayant participé aux derniers mouvements sociaux, à Tataouine, au Kef, à Kairouan et ailleurs.

Au contraire, une importante frange de la société reproche au gouvernement de manquer de fermeté face aux blocages provoqués par ces mouvements qui ne respectent pas toujours les règles prescrites par la constitution et par la loi, et portent préjudice à l’économie nationale.

Le sens d’un retour 

Par ailleurs, l’apparition de certains noms dans la liste des membres dudit comité laisse perplexe. Les Khemaies Chammari, Sophie Bessis, Hafidha Chekir, Khadija Cherif, Souhayr Belhassen, Ayachi Hammami et Kamel Labidi étaient, jusque-là, en retrait de la scène politique. Après s’être s’être longtemps illustrés en défendant les droits de l’homme et en s’opposant à la dictature de Ben Ali, ils sont restés en marge de la vie publique et n’ont pas pris de responsabilités dans le nouveau régime qui s’est mis en place au lendemain de la révolution de janvier 2011. Le fait qu’ils aient pris de nouveau la parole pour protéger le droit de manifester signifie qu’ils ont jugé la situation actuelle est porteuse de dérives et d’abus possibles, ce qui justifierait, à leurs yeux, une nouvelle mobilisation pour les droits et les libertés.

Est-on vraiment arrivés là? Y a-t-il une réelle menace d’un retour de la dictature en Tunisie? Ou s’agit-il là d’une simple précaution pour parer à toute éventuelle dérive ?

 

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