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Mohamed Talbi, un ennemi en moins pour l’obscurantisme religieux

Mohamed Talbi, qui vient de nous quitter, a su dépasser son expertise d’historien pour la mettre au service d’une pensée entendant rénover l’islam de l’intérieur.

Par Farhat Othman *

Mohamed Talbi, qui est décédé dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2017, à l’âge de 96 ans, était un penseur et islamologue ambitionnant de refonder l’islam sur ses propres bases, car il a été à l’origine d’une culture et d’une civilisation universelles (« Décès de Mohamed Talbi : Penseur de l’islam des lumières »).

Coraniste convaincu

Ce Tunisois a su incarner la stature des grands penseurs de la civilisation humaine, ceux qui ont fait faire à la pensée humaine le bond nécessaire pour sauvegarder ses acquis humanistes.

Ainsi a-t-il démontré que l’islam pur, sans son exégèse actuelle qui le défigure, est loin d’être immobile et peut encore évoluer, car il est appelé à se renouveler continuellement.

Comment Galilée, il s’est opposé aux théologiens cherchant à faire figer l’islam dans la jurisprudence obsolète (fiqh) qu’on tient encore à imposer aux musulmans dans un monde qui a changé pourtant. Or, cela se fait en violation flagrante de l’esprit même de l’islam qui impose l’ijtihad, l’effort sans cesse de rénovation.

Pour cela, Talbi s’est défini comme étant un coraniste, rejetant la tradition du prophète quand elle contrarie l’universalité des préceptes du Coran et son humanisme intrinsèque.

Eppur si muove !

Or, aujourd’hui, dans nos universités, on ose bafouer l’esprit scientifique avec de prétendues thèses faisant faire à l’islam un retour à l’époque de Galilée, défendant la fausse théorie de l’immobilité de la terre voulue centre de la Terre.

Aussi est-il important de saluer l’esprit qui nous quitte en rappelant le combat de Galilée. Comme lui, Talbi a inlassablement combattu l’obscurantisme religieux, jamais plus menaçant qu’aujourd’hui, en Tunisie et dans le monde.

Et je vois volontiers Talbi en Galilée qui, selon la légende, a marmonné devant l’Inquisition cette phrase apocryphe, mais le faisant encore plus fort que l’italien, parlant de la religion islamique : «Eppur si muove !» (Et pourtant elle tourne !) Oui, la religion musulmane tourne telle la terre, car elle évolue !

Tout comme la théorie héliocentriste, la rénovation du fiqh est aujourd’hui encore une hérésie, et elle fera des victimes. Si Galilée fut condamné à abjurer sa théorie et sauva sa vie, n’ayant été condamné qu’à être assigné à résidence, avant lui, Giordano Bruno a été mis à mort, brûlé vif par le supposé rénovateur du christianisme, Calvin.

Or, la thèse de Galilée a été défendue avant lui par Copernic et Kepler et après lui par Newton. Et l’héliocentrisme ne fait plus de doute dans le monde, malgré les tentatives récurrentes, dont la dernière (qui fut aussi une première) de l’université de Sfax, pour dire le contraire, empêchant l’islam d’être ce qu’il doit être : une révolution mentale (‘‘Sfax : La science massacrée au nom des libertés «académiques»’’).

C’est ce qu’il y a lieu de dire de mieux en hommage à Si Mohamed Talbi, paix à son âme !

* Ancien diplomate.

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