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La Grande-Bretagne, le terrorisme islamiste et nous

Théâtre de 3 attaques terroristes en moins de 3 mois, la Grande-Bretagne paye aujourd’hui les conséquences de son laxisme vis-à-vis des islamistes qu’elle a accueillis à tour de bras.

Par Mohamed Rebaï *

Ramadan est un mois sacré, je ne m’en doute pas. Et pourtant en moins de 10 jours, la Tunisie et la Grande-Bretagne, viennent de subir deux actes terroristes séparés. En Tunisie un mort et en Grande Bretagne 7 morts et une cinquantaine de blessés à l’arme blanche. Comme d’habitude la piste du «terrorisme islamiste» est retenue.

Si la Grande-Bretagne s’est singularisée par 3 attentats islamistes en moins de 3 mois, ce n’est nullement le fruit du hasard. Les raisons en sont multiples et variées. J’en retiens 5 sans les hiérarchiser.

Causes de la montée de l’extrémisme en Grande-Bretagne

D’abord, la Grande-Bretagne a été longtemps le pays le plus attirant pour les membres des mouvements islamistes réprimés dans leurs pays respectifs. Ils y jouissent de l’asile politique et d’une pleine liberté d’action.

Ensuite, des jeunes de la deuxième et de la troisième génération de l’immigration s’y sentent parfois déprimés et en décalage par rapport à leurs aspirations identitaires.

Troisième raison et pas des moindres : les prisons, où se mélangent les condamnés de droit civil et les terroristes, sont un lieu idéal pour l’endoctrinement et le développement du fanatisme religieux.

Par ailleurs, les services de renseignement britanniques, réputés efficaces mais toujours à la botte de leurs homologues des Etats-Unis, ont eu tendance, par le passé, à utiliser ces extrémistes pour alimenter des conflits religieux et ethniques en Irak et en Syrie.

Enfin, près de 1000 citoyens britanniques se sont rendus en Syrie et en Irak sur les quelque 5000 jihadistes disséminés sur le sol britannique. Certains revenants, dont le nombre est évalué à 500, ont constitué des cellules terroristes tentaculaires en tirant parti de l’expérience de combat dans les pays où ils s’étaient rendus.

En 2013, des journaux britanniques ont mené une enquête pour savoir comment le citoyen britannique conçoit le bonheur? 69% des personnes interrogées ont répondu que la société britannique serait beaucoup plus heureuse sans les Arabes, les immigrants et les musulmans.

Le problème, c’est qu’ils récoltent aujourd’hui les tempêtes des vents qu’ils ont semés. Leur politique d’accueil des mouvements islamistes, incompatible avec leur soutien inconditionnel à Israël, s’est retournée contre eux comme un boomerang.

Le Qatar, grand investisseur en Grande Bretagne et principal financier des groupes terroristes à travers le monde, pourrait être également montré du doigt.

Ennahdha, le «cadeau» de la Grande-Bretagne à la Tunisie

En Tunisie, les principaux leaders des groupes islamistes, s’ils ne sont pas sortis de prison, viennent pour la plupart de Grande-Bretagne, dont notamment le gourou des «frères musulmans tunisiens», Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, aujourd’hui au pouvoir. Ils forment une caste de néo-privilégiés, qui manient la duplicité, le mensonge et le populisme. Et nourrissent la défiance d’un grand nombre de Tunisiens, qui voient en eux des extrémistes en puissance.

Les Nahdhaouis n’ont pas voulu admettre que notre malheur est permanent depuis le jour où ils ont pris les commandes de la Tunisie, même s’ils ont pris soin de s’allier à d’autres partis d’obédience idéologique différente.

Leur seul souci depuis qu’ils sont au pouvoir n’a pas été d’aider à réformer le pays et à relancer l’économie, mais de caser les leurs dans les rouages de l’Etat et de l’administration pour mieux les noyauter, quitte à exclure ou à noyer les têtes pleines capables de redresser la situation dans le pays.

Leur présence au sein de la «troïka», l’ancienne coalition gouvernementale qu’ils ont conduit de janvier 2012 à janvier 2014, leur alliance, à partir de 2015, avec le parti vaguement laïc Nidaa Tounes, devenu leur succursale, ainsi que leur participation au gouvernement d’union nationale, mis en place en août 2017, n’ont apporté que des souffrances aux Tunisiens.

Le désastre est déjà là et il va vraiment falloir trouver autre chose pour sortir la Tunisie du pétrin où les islamistes l’ont mise.

Le service de l’Etat est une mission et non un butin. La compétence n’est pas un luxe; elle est le ciment. L’art de gouverner est difficile en démocratie naissante. Il faut le confier à ceux qui le maîtrisent même s’ils sont «azlem» (sherpa de l’ancien dictateur Ben Ali) qui ont fait la preuve de leur efficacité.

* Economiste.

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