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Eau : La Sonede puise dans les réserves stratégiques

Barrage Sidi Salem.

Il est temps de faire de l’eau une priorité en Tunisie, avant qu’il ne soit trop tard. Avant que la crise tourne à l’explosion sociale.

Par Hassen Mzoughi

La crise de l’eau est, d’ailleurs, déjà là : «Nous avons été obligés de puiser dans les réserves stratégiques pour pouvoir transférer 170 millions de mètres cubes d’eau à partir des barrages du Nord vers les circuits de distribution», a annoncé Mosbah Helali, Pdg de la Société nationale d’exploitation et de distribution d’eau (Sonede), samedi 1er juillet 2017, en marge de sa participation à une campagne de sensibilisation sur la préservation de l’eau.

La circulaire accentue la crise

Certes la pénurie est justifiée par les défaillances de la pluviométrie, la hausse des besoins et la dégradation et la vétusté des infrastructures qui occasionnent des pertes s’élevant à près de 30% des quantités transférées.

Mais selon l’Observatoire tunisien de l’eau, la crise de l’eau revient essentiellement à la mauvaise gestion de la Sonede et aux choix erronés du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.

Au rythme de la Sonede, qui programme la réhabilitation d’environ 200 km par an, il faudra à peu près un siècle pour renouveler 42% de son réseau long de 52.000 km. Sans parler des périmètres publics irrigués dont 30% ont au moins 30 ans et dont l’infrastructure ne peut pas favoriser une économie d’eau.

La mauvaise gestion de l’eau dans les zones irriguées sera accentuée par la circulaire du 27 février 2017, du ministère de l’Agriculture, autorisant l’utilisation des forages dans les périmètres publics irrigués, dans les gouvernorats de Béja, Bizerte, Ariana et Manouba, pour faire face au manque d’eau d’irrigation dans les périmètres publics irrigués.

Les ressources en eau dans les barrages ont chuté de 1.426 millions de m3 à environ 700 millions de m3 entre 2016 et 2017, avait annoncé le ministre de l’Agriculture, Samir Taieb, le 7 mars dernier, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Gestion indépendante de l’eau

L’observatoire a appelé les ministères de l’Agriculture et la Sonede à réviser les politiques d’exploitation de la richesse hydraulique et à rationaliser sa consommation, mettant en garde contre le danger de la pollution des eaux, notamment après la propagation de l’hépatite dans plusieurs régions du pays.

L’eau globale doit être gérée d’une manière indépendante des secteurs d’activités surtout de l’agriculture, secteur grand pollueur (engrais chimiques) et qui surexploite les ressources.

Le spectre des coupures dans l’alimentation en eau potable enregistrées dans la plupart des régions durant l’été 2016, refait surface durant l’été 2017 et gagnera même en ampleur face à une insouciance généralisée quant à ses causes structurelles.

Il est temps de faire de l’eau une priorité en Tunisie, avant qu’il ne soit trop tard. Avant que la crise tourne à l’explosion sociale, d’autant que les citoyens ont de plus en plus conscience de la gravité de la menace directe du problème…

En Tunisie les citoyens ont accès à 450 litres d’eau potables par an. Ce chiffre risque d’être revu à la baisse, pour passer à 350 en 2035. Or la pénurie d’eau a déjà renforcé les tensions sociales dans plusieurs régions défavorisées.

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