Accueil » En attendant les élections : L’action municipale, le cap et la boussole

En attendant les élections : L’action municipale, le cap et la boussole

Hôtel de ville de Tunis.

Réflexions sur le développement local en général et l’action municipale en particulier, fruit d’une longue expérience entamée depuis le début des années 90.

Par Dr. Salem Sahli *

Les élections municipales se tiendront le dimanche 6 mai 2018. Les préparatifs vont bon train et le dépôt des listes de candidat(e)s auprès des Instances régionales indépendantes pour les élections (IRIE) bat son plein et prendra fin aujourd’hui, mercredi 22 février 2018.

A cette occasion, je voudrais, en tant que militant associatif, ex-conseiller municipal et candidat sur une liste indépendante dans la circonscription de Hammamet, livrer quelques réflexions ayant trait au développement local en général et à l’action municipale en particulier.

Ces réflexions sont le fruit d’une longue expérience entamée depuis le début des années 90, d’abord au sein de ces véritables foyers d’intelligence que sont les associations, et se poursuivant tout naturellement dans les conseils municipaux.

Lorsque les élus locaux embarqueront dans le navire municipal au service de leurs collectivités locales, il n’est peut-être pas inutile de se rappeler deux ou trois choses qui peuvent aider à naviguer y compris sur des mers tumultueuses. Car la gestion municipale ne s’improvise pas. Elle requiert des compétences et des savoir-faire spécifiques.

On ne naît pas citoyen, on le devient…

La construction de la citoyenneté ne se fait pas à coup de leçons de morale ou sur les bancs de l’école. Elle doit être ancrée dans la réalité concrète. En d’autres termes, on ne naît pas citoyen, on le devient par la participation et la responsabilisation, deux des meilleurs antidotes contre le renoncement, la désaffection et le désintérêt pour la chose publique.

Le développement local d’une ville ou d’un territoire est une affaire collective. Il procède nécessairement d’une démarche horizontale qui mobilise l’ensemble des acteurs du territoire. La municipalité est certes au centre de la démarche, mais il ne peut y avoir de développement local durable sans l’implication de la société civile et du secteur privé. Autrement dit, développer une ville consiste à la mettre en mouvement et à s’élargir en direction de la société civile en cercles de plus en plus grands. Cette tendance, quoique encore balbutiante dans nos villes, commence à faire son chemin.

De la logique de guichet à la logique de projet

L’action municipale ne prendra vraiment son envol que si elle sort de la gestion quotidienne des affaires, du toilettage et du colmatage. Certes, le poids du quotidien et le carcan administratif sont lourds à gérer, mais cela ne dispense pas nos équipes municipales de penser en termes de stratégie, d’avoir une vision stratégique et d’être porteuses de projets mobilisateurs laissant une part au rêve, au courage et à l’innovation. Si les dirigeants s’avèrent incapables d’insuffler à l’équipe cette vision stratégique, il n’y a qu’une solution : en changer.

Loin d’être un handicap, le pluralisme et la diversité des points de vue dans les conseils municipaux doivent au contraire être perçus comme une richesse qu’il faut mettre à profit pour la construction d’un diagnostic et d’une vision partagés de la ville. Donner corps à cette vision et la faire approprier par l’ensemble des conseillers constitue un excellent indicateur de bonne gouvernance locale. Une vision partagée va permettre à chaque membre de l’équipage embarqué dans le navire municipal de définir sa mission (à quoi je contribue à mon niveau?) et son rôle (que dois-je faire pour remplir ma mission ?). De même, la vision partagée permet de réconcilier le projet de la ville et le projet de chacun. Par cette vision, on tend vers un fonctionnement où la ville est porteuse des aspirations de chacun, et où chacun est porteur du projet de sa ville.

Dès lors, le conseil municipal dispose de tous les atouts pour décider, faire des choix, piloter ses projets, résoudre les problèmes… Le navire municipal a défini son cap (il sait où il va) et sa boussole (il sait comment il y va). Il peut alors prendre la haute mer.

* Secrétaire de l’Association d’éducation relative à l’environnement (Aere).

Articles du même auteur dans Kapitalis: 

Le tourisme alternatif en Tunisie, un slogan dont on se gargarise

Hammamet : La mobilisation pour l’espace Yasmina ne faiblit pas

Le tourisme alternatif en Tunisie, un slogan dont on se gargarise

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!