28 Fév 2018 | 19:21 A LA UNE, ECONOMIE, Tunisie
La Tunisie ne peut se permettre de rater la révolution digitale. Mais si elle a beaucoup d’atouts pour la réussir, elle a enregistré un grand retard dans ce domaine de la digitalisation.
Par Khémaies Krimi *
Quand les médias interpellent le ministre des Technologies de l’information et de l’Économie numérique, Anouar Maarouf, sur le degré d’avancement de la digitalisation de l’administration tunisienne (‘‘e –gov’’), il cite deux microréalisations sur cette voie.
La première concerne la migration des ministères vers l’ordinateur, c’est-à-dire vers le zéro papier. «Au conseil des ministres, on ne voit plus des dossiers mais des PC», dit-il avec fierté.
La seconde a trait à la mise en place d’une application qui permet l’échange électronique de documents entre six départements: la présidence du gouvernement, et les ministères des Technologies de l’information et de l’Economie numérique, de la Santé, Chargé des relations avec l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), de la Formation professionnelle et de l’Emploi, du développement, de l’investissement et de la coopération internationale.
D’après le ministre, quelque 10.000 fonctionnaires bénéficient de cet échange sécurisé de documents électroniques.
Pourtant au regard de l’ambitieuse feuille de route dont dispose ce ministère depuis 2012, les locataires de ce département auraient pu aller beaucoup plus loin sur cette voie. C’est le moins que l’on puisse dire.
Pour faire avancer la migration vers le numérique, un dialogue public-privé a été initié en 2012. Ce dialogue, qui a démarré à Tabarka en 2013 et s’est poursuivi à Korba en 2014, a été sanctionné par deux réalisations : la création d’un Conseil national stratégique de l’économie numérique (CNCEM) présidé par le chef du gouvernement et la mise au point d’une stratégie dénommée «Tunisie digitale 2018», devenue par l’effet de la procrastination «Digitale 2020».
Objectif de cette stratégie : positionner la Tunisie comme hub numérique régional et introduire le digital à tous les niveaux (particuliers, entreprises, administration…).
Cette stratégie a été articulée autour de plusieurs axes : l’infrastructure, la digitalisation de l’administration (e-gov), e-business et Smart Tunisia (innovation et off shoring).
Point d’orgue de cette stratégie, l’identification d’une soixante de projets numériques touchant pratiquement tous les secteurs: e-santé, e-transport, e-éducation, e-commerce, e-tourisme, e-agriculture, e-industrie…
Malheureusement, trois ans après, le bilan est très faible : aucun projet de digitalisation significatif n’a été réalisé. Nous sommes toujours presque à la case de départ, à l’exception des deux microréalisations précitées.
Evaluant la situation, Kais Sallami, président de Fédération nationale des TICs relevant de la centrale patronale (Utica), qui a largement contribué à la mise au point de «Tunisie Digitale 2020», estime que «ce qui a manqué concrètement pour mener à bien des projets de digitalisation… c’est quelqu’un qui décide à temps et donne le coup d’envoi».
La Tunisie ne peut se permettre, toutefois, le luxe de rater la révolution digitale. Elle a beaucoup d’atouts pour la réussir. Parmi ces atouts figure la formation, chaque année, par les universités tunisiennes de pas moins de 12.000 nouveaux diplômés dans les TICs.
Des indices montrent, par ailleurs, que le gouvernement est conscient de ce retard et commence à prendre des initiatives.
En témoigne la récente soumission par le gouvernement au parlement d’une nouvelle loi sur les startups encourageant l’investissement dans ce créneau et consacrant par la même occasion une première migration vers l’économie numérique.
Annoncée, ces jours-ci en grande pompe par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, cette nouvelle législation se propose d’accompagner les startups, de les protéger et d’encourager leurs promoteurs à se distinguer à l’international. Il s’agit de simplifier, en leur faveur, les procédures administratives, de faciliter leur accès au financement (détention de comptes en devises) et de les encourager à entreprendre à l’étranger.
Il reste à espérer que les autres composantes de «Tunisie digitale 2020», connaîtront à leur tour des progrès, notamment en ce qui concerne l’infrastructure (raccordement au haut débit) et la digitalisation de l’administration (e-gov).
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Les réflexions sur la digitalisation ont commencé depuis 2006. Benali mettait dans son programme plus de 200 services numériques mais peu est réalisé. Une étude a été faite pour créer une bases de données des entreprises avec un identifiant unique et numérisation de tous les documents officiels d’une entreprise évitant de les réclamer à chaque besoin. Ceci n’a pas été possible. Cette base contiendra les entreprises de benali Trabelsi et toute sa famille et tout sera révélé. Projet abandonné comme plusieurs autres. Maintenant nous avons le même problème. Cette base va contenir les entreprises des fils de BCE notamment khelil et des nahdhouis devenus riches. Toutes les compétences et la technique existent et on aurait pu dépasser même la France dans ce domaine qui accuse aussi du retard. Mais les magouilles du palais et l’hypocrisie des responsables nous empêchent d’avancer.