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Football-Ligue 1 : L’Espérance, encore et toujours champion de Tunisie

Les joueurs fêtent leur titre avec leur vaillant président Hamdi Meddeb (Ph. Kooora).  

C’est fait, l’Espérance sportive de Tunis (EST) est sacré champion de Tunisie pour la 28e fois de sa longue histoire, trois journées avant la fin de l’exercice 2018.

Par Hassen Mzoughi

Avant même d’affronter l’Etoile sportive Metlaoui de Métlaoui, qu’il a battu 1- 0, (but de Youssef Blaili à la 31e minute), hier dimanche 8 avril 2018, au stade de Rades, à huis-clos, l’Espérance a déjà décroché son titre de champion de Tunisie, le deuxième d’affilée, à la suite du match nul du Club africain (CA) contre l’Union sportive de Ben Guerdane (1-1). Les Clubistes accusent désormais 12 points de retard et une différence de but particulière défavorable sur leur grand rival même si ce dernier venait à perdre lors des 3 dernières journées.

L’EST améliore son propre record qui fait de lui le club le plus titré Tunisie.

Leader ininterrompu depuis la première journée, le club de Bab Souika aura survolé la concurrence. Il aura attendu le derby face au CA, le 18 février, pour perdre leur unique match de championnat durant cet exercice (1-2).

Les «Sang et Or» ont assommé le suspense depuis la précédente journée en s’imposant (2-0) face à un méconnaissable Club sportif sfaxien (CSS) au stade Taieb Mhiri de Sfax.

Khaled Ben Yahia : 3e titre de champion à la tête de l’EST

Malgré la crise consécutive à l’élimination toujours douloureuse de Ligue des champions, l’objectif prioritaire du club, les Espérantistes n’ont pas cédé au doute et à la panique. Au contraire, ils sont restés sérieux et ambitieux. Même si lassitude il y avait, elle ne s’est pas vue. Et malgré plusieurs handicaps, notamment une hécatombe de blessures, les «Sang et or» ont su garder le cap, après la nomination, le 7 février, de Khaled Ben Yahia, un coach venu pour protéger les acquis et apporter sa touche technique qui s’est avérée porteuse.

Khaled Ben Yahia a été pour beaucoup dans la force retrouvée de l’Espérance. 

Enfant du club, Khaled Ben Yahia, l’homme du doublé 2007 avec l’EST en dépit d’un effectif pas vraiment terrible, a encore fait valoir son sérieux, sa rigueur et son pragmatisme tactique. Sept titres de champion, 5 coupes, 1 supercoupe, 1 Ligue des Champions arabes en tant que joueur, l’ex-capitaine de l’EST a remporté dès sa reconversion, à seulement 38 ans, la Coupe de Tunisie 1997, puis le doublé 2007, ainsi qu’un autre titre de champion en 2015 avec l’EST. Il a ajouté, dimanche, une palme de champion, la 3e personnelle sur le banc de l’EST…

Les résultats et la manière

Arrivé sur le banc technique à un tournant décisif de la saison, avec d’emblée un calendrier chargé de 4 matches de Ligue des champions (Concorde et Gor Mahia) et surtout 3 chocs face à l’Etoile sportive du Sahel (ESS) à Tunis (3-2), le CA (1-2) et le CSS (2-0) en l’espace de 5 journées, Khaled Ben Yahia sut remotiver, responsabiliser et mettre en confiance ses joueurs y compris ceux laissés à «l’oubli», comme Mohamed Ali Moncer, ou les jeunes lancés dans le bain, pour franchir une étape délicate. Tel le dernier venu, le milieu de terrain Mohamed Ali Ben Romdhane, aligné pour la première fois hier contre l’ES Metlaoui. Premier match avec l’équipe A et premier titre national, le jeune homme de 19 ans ne pouvait contenir son bonheur.

Le coach a aussi allié résultats et… manière, malgré une cascade de blessures (Iheb Mbarki, Ali Machani, Ghailene Chaalali, Montassar Talbi, Chamseddine Dhaouadi, Taha Yassine Khenissi) et les départs de Ferjani Sassi et Fakhreddine Ben Youssef. Tout cela arrivé lors de la phase retour !

L’EST sous la direction de Faouzi Benzarti puis Mondher Kebaier n’a pas convaincu. Aujourd’hui, elle est saluée pour son jeu attachant, fait de petites passes, de diagonales et de transversales. Et c’est efficace !

«El Capitano» Khalil Chammam rassure en arrière. 

Chammam, mais aussi Badri, Coulibaly et Kom

Il y a encore trois mois, tout semblait gris à l’EST. Mais la qualité de l’effectif est là, avec principalement des joueurs qui ont assumé leur statut de leaders, à commencer par Khalil Chammam, capitaine courage. Des 26 joueurs sollicités cette saison, il est le plus fidèle des fidèles, ne ratant que 3 matches, mais le défenseur international a tenu un rôle stabilisateur, malgré la fréquence des changements dans le secteur défensif. «Reconverti» en axial, «El Capitano» a rendu, grâce à son expérience, son calme et son intelligence tactique, la tâche moins difficile à ses compères de la défense pour la plupart moins aguerris mais prometteurs comme l’axial Montassar Talbi ou le latéral gauche Houcine Rabii.

Khalil, fils de l’ex-international de l’Avenir sportif de la Marsa (ASM), le brillant Abdessalam Chammam, n’est pas à son premier défi gagné. Il en a vu tout au long de sa carrière et on n’oublie pas la terrible maladie qu’il a attrapée à 21 ans, lors d’un séjour en 2008 avec l’équipe de Tunisie en Afrique et qu’il a vaincue au prix d’un grand courage.

Avec Khalil Chammam, 3 autres joueurs ont «tenu la maison» : Fousseny Coulibaly et Frank Kom comme des sentinelles défensives mais aussi deux pistons offensifs. Par leur forme, leur solidité, leur bagage technique et leur expérience, ces deux hommes sont des acteurs de premier ordre dans la réussite de l’EST, qui est redevable également à son milieu de terrain offensif, Anice Badri, auteur d’une remarquable phase retour.

L’international «sang et or» termine la saison en force et sera l’un des hommes sur lesquels comptera Nabil Maaloul en Coupe du monde en Russie. Anice Badri et Youssef Blaili ont fait la paire offensive sur les couloirs devant la paire Coulibaly-Kom devant la défense, c’est la recette d’un bon comportement d’ensemble de l’EST.

Ce qui reste à faire

L’accumulation des trophées sur la scène nationale, en attendant un nouveau sacre africain, n’est pas à banaliser. Même au vu de l’écart avec ses concurrents. Or le paradoxe de l’EST, si l’on peut le qualifier ainsi, est assez révélateur. L’équipe, malgré l’instabilité de son banc technique, a affiché une remarquable stabilité des résultats. Mais pour aller loin en Afrique il faut plus d’arguments.

La Ligue des champions c’est autrement plus dur. L’EST devrait disposer de plus d’atouts pour rivaliser avec des adversaires solides. Par exemple recruter un axial de grande valeur. L’EST joue actuellement au centre de la défense avec Montassar Talbi diminué, sorti suite à une blessure hier, et Frank Kom en solution provisoire. Quant à Chamseddine Chawna, il n’a pas encore l’envergure africaine.

Pour briguer les titres, il faut une défense de haute qualité. Faut-il rappeler le «bilan» de l’arrière garde «sang et or» en Ligue des champions 2017 : 13 buts encaissés en 9 matches, dont 4 face aux Egyptiens d’Al Ahly en quarts de finale. Grosse faiblesse qui lui a coûté une amère élimination.

L’EST passera en quarts de finale de la Ligue des champions 2018 avec Al Ahly. Elle devra toutefois être super prête, début septembre prochain, à partir de la phase de coupe. L’effectif actuellement en place peut gagner sans difficulté le titre national, mais en Afrique, les clubs jouent un cran au dessus.

Un club comme l’EST, toujours avide de conquêtes, doit se donner les moyens pour concrétiser ses ambitions.

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