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Rached Ghannouchi doute-t-il de la loyauté de l’armée tunisienne ?

Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, doute-t-il de la loyauté de l’armée nationale tunisienne : lors d’un meeting hier, mardi 1er mai 2018, à Msaken (Sousse), il a déclaré que le peuple tunisien s’opposera à tout «général fou» qui voudrait faire un coup d’Etat.

Par Yüsra Nemlaghi

En campagne électorale pour les municipales de dimanche prochain, 6 mai 2018, le chef du parti islamiste a exprimé sa crainte de voir «un général fou se lever plus tôt que les autres pour faire un coup d’Etat», comme cela se passait en Syrie ou dans d’autres pays dans les années 1960-1970, tout en expliquant que la mise en place des pouvoirs locaux va constituer un garde-fou contre une telle tentation et en exprimant sa confiance dans le peuple tunisien qui défendra sa démocratie.

«Supposons qu’un général fou tente un jour un coup d’Etat. Il devra affronter le peuple tunisien qui ne le laissera pas faire. Les Tunisiens sont tout autant attachés à leur démocratie que les Turcs», a-t-il lancé.

C’est à se demander si le chef islamiste ne craint pas encore un remake, en Tunisie, du scénario égyptien de 2013, lorsque le général Abdelfattah Sissi a renversé le président islamiste Mohamed Morsi et prit le pouvoir.

Ce scénario constitue un véritable cauchemar pour tous les islamistes au pouvoir dans leur pays, et il est devenu d’autant plus traumatisant pour eux que leur idole, Recep Tayyip Erdogan, a failli être renversé, lui aussi, par l’armée turque, en 2016.

C’est à se demander aussi si M. Ghannouchi ne méconnaît-il pas l’armée tunisienne, qui s’est toujours gardée, tout au long de son histoire, de se mêler de politique, se contentant de défendre le pays et d’en garder les frontières. Et même lorsque le pouvoir était à prendre et qu’on le lui a offert sur un plateau, un certain 14 janvier 2011, le général Rachid Ammar et ses collègues de l’état-major ont catégoriquement refusé, jouant même un rôle déterminant dans la transition pacifique au lendemain de la révolution.

Reste que Ghannouchi, bien avant le «cauchemar égyptien», a toujours montré de la méfiance à l’égard de l’armée. On se souvient de la fameuse vidéo filmée à son insu, en 2012, où il s’adresse à des salafistes, dont beaucoup se retrouveront par la suite sur les fronts du jihad en Libye, en Irak et en Syrie, leur demandant de faire preuve de «patience» et de «sagesse», le temps que les islamistes puissent imposer leur pouvoir aux laïcs.

«Prenez votre temps pour consolider nos acquis. La police nous échappe encore parce qu’elle est, en grande partie, liée aux laïcs, et l’armée n’est pas garantie», répétant cette phrase deux fois: «L’armée n’est pas garantie». 

Six ans après, Ennahdha est au gouvernement et domine l’Assemblée, et, semble-t-il, «l’armée n’est toujours pas garantie». Elle le sera, sans doute, le jour où les Nahdhaouis, des putschistes notoires (souvenons-nous de l’affaire de Barraket Essahel et du projet de putsch islamiste du 8 novembre 1987 déjoué par Ben Ali), en prendront les commandes.

Ce sera alors le Grand soir, ou plutôt la Grande nuit pour la Tunisie et sa démocratie d’opérette qui nous offrira, dimanche prochain, 6 mai 2018, à l’occasion des municipales, une nouvelle démonstration d’ingénuité et de bêtise politiques.

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