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Textile-habillement tunisien : Après la crise, les beaux jours…

Le secteur textile-habillement revient de loin après la fermeture, en 6 ans, de 400 entreprises et la perte de 40.000 emplois. De nouvelles mesures incitatives et une conjoncture plus favorable expliquent la reprise qu’il connaît depuis le début de 2018.

Par Khémaies Krimi

Depuis qu’ils ont menacé, il y a une année, de prendre leur autonomie et de couper le cordon ombilical avec l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, la centrale patronale) à laquelle ils reprochaient d’avoir cautionné en leur nom des augmentations salariales qu’ils ne pouvaient pas assurer, les industriels tunisiens du textile se sont groupés autour de leur puissante fédération, la Fédération tunisienne du textile habillement (FTTH) et son nouveau bureau exécutif, ont su profiter de ce différend pour attirer l’attention sur les difficultés qu’ils rencontrent et surtout amener le gouvernement à prendre d’importantes décisions en leur faveur.

Deux décisions qui interviennent au bon moment

La première, annoncée le 19 avril 2018, est la décision de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de rééchelonner sur 6 ans, avec un délai de grâce d’une année, les dettes des entreprises du textile qui passent par des difficultés conjoncturelles. En contrepartie, celles-ci, qui ont été affectées dramatiquement depuis plus de 6 ans par le triple effet de la forte pression concurrentielle venue principalement d’Asie (importations anarchiques), l’absence de nouveaux investissements et l’explosion structurelle de la masse salariale, sont appelées à rembourser, à titre symbolique, 5% de l’intérêt principal, et ce, à compter de fin juillet 2018.

La deuxième décision, annoncée le même jour, concerne la promotion des produits et de l’investissement étranger direct dans ce secteur.

Dans ce contexte, une enveloppe de 4,5 millions de dinars tunisiens (MDT) a été allouée au Centre de promotion des exportations (Cepex) pour réaliser, sur la période 2017-2019, une stratégie de marketing et de commercialisation des produits textiles et habillement.

Parallèlement, une enveloppe de 2,2MDT a été accordée à l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) pour faire connaître les opportunités de partenariat et d’investissement dans ce secteur.

Ces deux décisions interviennent à un moment opportun en ce sens où la zone euro, principal débouché du textile tunisien à l’export, connaît une nette reprise et, son corollaire, une forte demande des produits textiles tunisiens.

Lors de sa première sortie en public, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abbassi, s’en est fait l’écho en parlant de l’impact positif de l’accroissement des exportations sur la réduction du déficit commercial, mettant l’accent sur la disponibilité, à cette fin, de niches à valoriser à l’exportation dont le textile.

Par ailleurs, ces décisions incitatives interviennent dans un contexte de rebond pour la filière à l’international, grâce à une compétitivité accrue et la volonté européenne de rééquilibrer les échanges avec les concurrents de la Tunisie, la Chine et la Turquie.

Est-il besoin de rappeler, à ce propos, que la Tunisie a perdu quatre places dans le classement des pays exportateurs d’habillement sur l’Union européenne (UE), passant de la 5e en 2005 à la 9e en 2015, par l’effet de l’obligation faite à la Tunisie de n’importer que le tissu européen, contrairement à ses concurrents asiatiques qui pouvaient acquérir leurs matières premières à des prix compétitifs en dehors de l’Europe.

Autre atouts pour retrouver des couleurs

Au rayon des incitations à l’investissement, les textiliens, qui ont bénéficié, en 2017, d’une ligne de crédit de 70 MDT, vont bénéficier, cette année, d’une partie d’une nouvelle ligne de crédit de 100 MDT prévue par le Loi de Finances 2018. Cette ligne, mise à la disposition des banques pour financer la restructuration financière des PME, permettra de refinancer les crédits rééchelonnés auprès des banques et de financer les études de diagnostic financier et économique, outre, les actions d’accompagnement des programmes de restructuration financière.

Au plan de la paix sociale, le nouveau bureau exécutif de la FTTH, élu le 17 décembre 2017, a opté pour la négociation avec les syndicats des travailleurs sur la base d’une «démarche de coresponsabilité», dans un esprit «gagnant-gagnant», devant assurer la pérennité des entreprises et des emplois.

Le talon d’Achille du secteur, on le sait, est la formation spécialisée et l’adaptation à de nouveaux produits dont le textile technique. À ce propos, le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Faouzi Abderrahmane, s’est engagé, récemment, à travailler avec les professionnels pour améliorer la qualité de la formation dans le secteur, appelant la FTTH à lui transmettre ses besoins en matière de formation, en vue de prospecter les ressources matérielles et humaines nécessaires.

Par-delà ces bonnes nouvelles, qui annoncent une reprise du secteur sur de nouvelles bases, il faut reconnaître que le textile-habillement, second poste d’exportation de la Tunisie, après les industries mécaniques et électriques, revient de loin après la fermeture, en 6 ans, de 400 entreprises et la perte de 40.000 emplois. Espérons qu’il retrouvera dans les meilleurs délais son image d’antan de moteur de l’économie tunisienne.

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