23 Oct 2018 | 15:24 A LA UNE, CULTURE, TRIBUNE, Tunisie
Des travaux de construction d’un minaret défigurent la mosquée Mestiri à Ghizen (17e siècle).
Il est communément su que, depuis 2011, les constructions anarchiques, les atteintes au patrimoine et les infractions de tous bords ont fait rage, atteignant en si peu de temps une ampleur jamais égalée auparavant. A Djerba, comme partout ailleurs en Tunisie.
Par Naceur Bouabid
Si un tel phénomène a pu gagner en ampleur, et se répandre avec un tel acharnement, c’est parce que les contrevenants, en opportunistes avides et aguerris, ont su profiter du vide institutionnel prévalant pour persévérer dans leurs ignobles forfaits qu’ils perpétraient effrontément.
On voyait impuissamment le mal sévir, la nuisance à l’environnement et au patrimoine proliférer; on voyait les contrevenants agir dans l’impunité, arrogamment et à leur guise, mais jamais on n’a perdu l’espoir en des lendemains meilleurs, où il serait mis fin à cette gabegie frustrante et où la loi recouvrerait sa primauté suprême.
Tout l’espoir était porté, donc, sur les nouveaux conseils municipaux à élire pour faire autorité, rompre avec l’état des lieux révoltant prévalant et marquer indéfiniment le changement salutaire tant attendu et escompté.
Aujourd’hui, soit trois mois après l’investiture du nouveau conseil municipal, force est d’avouer que le changement tant souhaité n’est qu’une illusion perdue, eu égard à la prévalence de l’Etat de non droit et d’impunité encore sévissant sans coup férir. N’est-ce pas navrant, en effet, de continuer à subir la vue d’exactions saugrenues et d’infractions gravissimes perpétrées par cette même race de contrevenants avec autant d’effronterie et d’arrogance, au vu et au su de la plus haute autorité locale, dignement investie de prérogatives souveraines dont, à juste titre, la consécration de l’état de droit ?
Les travaux de construction d’un minaret effectués ces jours-ci à la mosquée Mestiri à Ghizen (17e siècle), sans autorisation préalable de l’Institut national du patrimoine (INP) et de la commune de Houmt-Souk, apportent la preuve que l’Etat de droit est loin d’être d’actualité.
L’Association pour la sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje), comme de coutume, en a informé qui de devoir d’intervenir pour parer à l’infraction en vigueur sitôt les premières briques construites jeudi 11 octobre 2018; ce nonobstant, au lieu de voir les travaux cesser et les contrevenants réprimandés, on voyait plutôt le minaret monter jour après jour pour prendre forme et s’ériger ostentatoirement dans toute sa laideur.
Voilà, donc, un autre emblème patrimonial qui s’ajoute à la longue liste des monuments victimes de la nuisance et de l’état d’impunité; voilà une autre mosquée historique séculaire défigurée, son pinacle, combien emblématique, arasé, son intégrité affectée, son authenticité compromise et sa mémoire bafouée.
Les responsables communaux, interrogés, se lavent de toute responsabilité directe, qu’ils font assumer à la police municipale dont les agents font montre de laxisme et n’interviennent pas avec l’autorité dont ils sont investis, avec la célérité et l’efficacité requises pour arrêter promptement l’outrage.
N’étant plus sous l’autorité du maire depuis juin 2012, les agents de la police municipale sont désormais rattachés au ministère de l’Intérieur et placés sous la tutelle des responsables régionaux et locaux de la police. Cette nouvelle disposition, selon ces mêmes responsables, a affecté la capacité des municipalités à faire autorité et contrôler leur territoire.
En effet, les maires se trouvent dans l’obligation de solliciter auprès des responsables locaux ou régionaux de la police nationale la mobilisation des agents de la police municipale, d’où le temps de réactivité est souvent long et compromet l’efficience de leur intervention. La réhabilitation d’une police municipale relevant de la seule compétence des maires s’avère dès lors, à leurs yeux, un enjeu prioritaire pour les municipalités.
* Militant associatif, ancien président de l’Association pour la sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje).
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si des musulmans pieux depuis sa construction ont respecté cette mosquée dans sa conception c parce qu ils savent que la croyance ne se mesure pas par la hauteur d un minaret mais par la contribution de chacun pour embellir pour proteger pour nettoyer pour prier dans la plus grande simplicité
ajouter un bloc à une structure qui ne peut supporter contribuera à la disparition du lieu de culte
de l argent pour faire du bien sera plus benefique pour l ile
C’est peut-être aussi tout simplement par respect pour le patrimoine, nul n’ayant le droit d’y toucher, quelle que soit son opinion sur ce que les aïeux nous ont légué !
Parce qu’il s’agit d’une mosquée, c’est le branle-bas de combat à Djerba, alors que depuis 2011, plus rien n’est respecté dans l’urbanisme : des maisons de toutes les couleurs, de toutes les hauteurs, construites sur des parcelles de terrain trop petites selon le code d’urbanisme et tout cela en toute impunité, ce qui défigure, à jamais, cette île, normalement, bleue et blanche…alors qu’un minaret soit ajouté à une mosquée….quelle importance en comparaison !
Cette mosquée date du 17ème siècle donc rien à voir avec les horreurs qui poussent comme des champignons. Elle doit impérativement retrouver sa structure initiale. Quant aux horreurs elles n’ont qu’à retourner à l’état de gravier.
on s’alarme parceque c’est une mosquée mais i ly a pire et personne ne dit rien.en tunisie democratie sonne comme amarchie,helas.Une seule solution l’autoritée mais ca c’est autre chose.
Les gueux ont de beaux jours devant eux tant que la bigoterie distillée par les faux dévots continue. Malgré tous les efforts l’enfer se pliera en quatre pour les recevoir dans de bonnes conditions de température…