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Liste du patrimoine mondial : L’Etat tunisien doit bouger pour Djerba

L’Unesco a organisé à Djerba, en Tunisie, un atelier régional pour améliorer la représentativité des pays arabes sur la Liste du patrimoine mondial.

Par Naceur Bouabid *

L’île de Djerba a abrité, du 11 au 15 septembre 2017, un atelier régional portant sur le processus de proposition d’inscription de sites sur la Liste du patrimoine mondial, et organisé par le Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso) et le ministère des Affaires culturelles.

L’atelier intervenait pour répondre à certaines priorités identifiées au cours de l’exercice évaluatif de mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial dans la région arabe qui, quand bien même elle compterait 19 pays ayant ratifié la Convention de 1972, demeure sous représentée avec seulement 81 biens sur les 1052 inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. L’urgence d’améliorer la représentativité des Etats arabes sur cette liste et le besoin de renforcement des capacités en matière d’élaboration des dossiers d’inscription figuraient parmi les priorités identifiées.

Le dossier de Djerba comme cas d’étude

Cet atelier régional auquel ont pris part les professionnels du patrimoine dans toute la région du Maghreb et des experts pluridisciplinaires nationaux et internationaux a été l’occasion pour rappeler les concepts et les mécanismes de la Convention du patrimoine mondial et pour aborder toutes les questions concernant la préparation des propositions d’inscription et leur contenu.

L’île de Djerba figure, depuis 2012, sur la Liste indicative des biens proposés pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial par l’Etat tunisien.

Dès lors, l’Association pour la Sauvegarde de l’Île de Djerba (Assidje), avec le concours du ministère des Affaires culturelles et l’Institut national du patrimoine (INP), a entamé la réflexion sur le projet de proposition d’inscription et la préparation des premiers éléments du dossier. Ce qui était à même pour convaincre les organisateurs de l’atelier d’aborder le cas de Djerba comme un support d’expérimentation et d’exercice pratique pour approfondir la réflexion initiée sur la valeur universelle exceptionnelle et le montage de la proposition d’inscription de ce site sur la Liste du patrimoine mondial.

Les autorités culturelles face à leurs responsabilités

Le Centre du patrimoine mondial, répondant à la demande de soutien technique émanant de l’Etat tunisien pour la préparation du dossier de proposition d’inscription de l’île de Djerba sur la Liste du patrimoine mondial, a fait appel à des experts nationaux et internationaux, a mobilisé ses compétences et des fonds conséquents, avec l’appui de l’Alecso représentée à l’atelier par Hayet Guettat, directrice de Culture, et celui du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial représenté par sa directrice, Chadia Youssef Toukan.

D’énormes efforts ont été consentis pour assurer à l’atelier les meilleures conditions de déroulement et à ses travaux une issue qui satisfasse les attentes des porteurs de ce beau projet et de toute une population locale qui le soutient sans faille.

Auparavant encore, il a chargé Léticia Leitao, experte internationale, et Mohamed Ouled Khattar, expert chargé de programme à l’Unesco, pour respectivement évaluer le potentiel patrimonial de l’île proposé pour inscription et prendre contact avec la population locale pour tester le degré de son adhésion au projet.

L’Etat tunisien, à travers le ministère des Affaires culturelles et l’INP, est désormais dans l’obligation morale d’assumer pleinement ses engagements. Faouzi Mahfoudh, directeur général de l’INP, lors de son discours d’ouverture, a annoncé la décision de son administration de mettre en place à Djerba une unité de projet dotée de toute la logistique requise, et a également fait part de la mise en route du processus de création par arrêté ministériel d’un comité national de pilotage, annoncée depuis le 26 décembre 2016 par le ministre lui-même, Mohamed Zinelabidine, mais qui a tardé à voir le jour depuis.

L’inscription du site archéologique de Dougga, le dernier bien à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en l’occurrence, remonte à l’année 1997; 12 biens figurent déjà sur la Liste indicative, donc potentiellement candidats à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Cependant, aucun dossier de proposition d’inscription n’a été jusqu’à ce jour monté et présenté au Centre du patrimoine mondial par l’Etat tunisien, qui est appelé à reprendre goût avec ce si beau processus d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, synonyme de reconnaissance universelle de l’exceptionnalité de notre patrimoine qui n’a rien à envier à bien d’autres à travers le monde.

* Ancien président de l’Association pour la Sauvegarde de l’Île de Djerba (Assidje).

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