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L’oasis maritime de Gabès sera-t-elle sauvée par le magnat égyptien Sawiris ?

Dénoncée, depuis les années 1990, par l’Ong internationale Green Peace, la pollution de l’oasis maritime de Gabès, la plus belle de la Méditerranée, menacée de disparition, est toujours d’actualité. Néanmoins, une lueur d’espoir est apparue récemment avec le richissime égyptien Naguib Sawiris, qui nourrirait d’ambitieux projets pour la préserver et la valoriser. Retour sur un coup de cœur…

Par Khémaies Krimi

Jouissant d’un écosystème particulier, cette oasis littorale aux sols sablonneux et aux nappes d’eaux profondes, risque, si rien n’est fait pour sa protection, de disparaître sous l’effet de deux facteurs polluants : le rejet en mer de plus de 8 millions de tonnes de phosphogypse, matière extrêmement polluante, et l’extension urbaine. Véritable patrimoine de la Tunisie, l’oasis de Gabès est menacée par ses propres habitants qui ont investi les lieux pour y résider, anarchiquement, le plus souvent.

Menaces de la pollution et de l’extension urbaine

En 2012, on a tenté de mettre de l’oasis sous la protection par l’Unesco. Mais les actions entreprises en ce sens n’ont pas abouti.

La situation risque de se compliquer et de perdurer en raison du rejet systématique par les habitants de Gabès des deux solutions proposées par le Groupe chimique tunisien (GCT) afin d’atténuer la pollution générée par les rejets de ses usines. Il s’agit soit de rallonger, en mer, les canalisations d’évacuation du phosphogypse soit d’enterrer cette matière dans un site localisée à 25 kms de la ville. L’idéal pour les Gabésiens serait de transférer les sites de production en dehors des zones urbaines, ce qui serait très coûteux.

Néanmoins, l’espoir de concilier les Gabésiens avec leurs plages et leur environnement naturel se profile à l’horizon. Lors d’un bref séjour, à l’occasion du Festival du film de Gabès, en avril 2018, le magnat égyptien Naguib Sawiris, la sixième fortune d’Afrique selon le dernier classement du magazine ‘‘Forbes’’, serait tombé amoureux du site. Il y aurait vu, d’après des déclarations aux médias, une belle opportunité pour y édifier une station touristique et culturelle de notoriété internationale calquée sur celle que lui et des membres de sa famille avaient édifiée à El Gouna, à Sharm El Sheikh en Egypte.

«Gabès jouit d’une nature exceptionnelle grâce à la mer et l’oasis», a confié le richissime copte aux médias. Il entrevoit déjà à Gabès un nouveau paradis similaire à El Gouna, une oasis artificielle sur mer.

Naguib Sawiris recçu par Béji Caid Essebsi, le 19 novembre 2018.

Une copie naturelle de la station d’El Gouna en Egypte

La station d’El Gouna, dotée, tout comme Gabès, d’un aéroport et d’un festival culturel, est construite sur 10 kilomètres de front de mer. Cette ville de 10.000 habitants s’étend sur des îles reliées par des lagons. Elle comporte des infrastructures modernes, avec un réseau routier récent, des hôtels et des terrains de golf.

L’oasis maritime de Gabès, qui présente l’avantage d’être naturelle, est réputée pour son écosystème idéal pour le développement d’espèces végétales et animales (refuge pour les oiseaux en migration). Pour le milliardaire égyptien, qui voudrait aider à la sauver, l’oasis présente d’importants atouts. Sa proximité de l’île des lotophages, Djerba, classée en juin dernier par Mastercard dans le top 10 des villes mondiales les plus convoitées en matière de tourisme et de divertissement et, en 2017, 3e destination touristique juste derrière le Punta Cana (République Dominicaine) et Cuzco (Pérou).

Cette oasis naturelle est également située à quelques kilomètres des oasis du Djerid et du Sahara, produits touristiques prisés par les touristes occidentaux.

De prime abord, tout indique que l’environnement de l’oasis milite en faveur de l’édification, sur ce qui reste de l’oasis maritime de Gabès, d’une future station touristique attractive et prospère. C’est dans cet esprit qu’il faudrait peut-être comprendre le récent déplacement de Naguib Sawiris en Tunisie où il a rencontré, le lundi 19 novembre courant, au Palais de Carthage, le président de la République, Béji Caid Essebsi.

Dans sa déclaration à la presse, à l’issue de cette entrevue, l’homme d’affaires égyptien n’a pas évoqué ses projets à Gabès. Il s’est contenté de souligner vaguement «la détermination de son groupe à renforcer ses investissements en Tunisie et à développer un partenariat fructueux avec des sociétés tunisiennes».

Cette déclaration diplomatique serait normale dans le monde du business. Ce qui n’est pas normal par contre c’est l’absence de la programmation d’une rencontre avec la seconde tête de l’exécutif, le chef du gouvernement Youssef Chahed. Car, en principe, c’est à ce dernier que revient la décision d’autoriser ou non ce type de gros investissements dans le pays. Peut-être que le magnat égyptien ne s’est pas informé de la constitution tunisienne et de la nature du régime en place en Tunisie qu’il sembl confondre avec celui en place dans son pays.

Affaire à suivre.

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