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Mais qu’attendons-nous pour sauver Gabès ?

Le sauvetage de Gabès nécessite la mobilisation des compétences dans tous les domaines, de l’environnement à l’aménagement, en passant par le patrimoine, la culture et le tourisme.

Par Abdellatif Mrabet *

Récemment, à Gabès, face à la colère des habitants, les autorités locales, en la personne du gouverneur, ont rappelé à nouveau – et toujours de façon solennelle – l’engagement pris par le gouvernement de mettre très prochainement fin à la pollution entraînée par le déversement des boues de phosphogypse dans la mer.

Cependant, ces promesses, qui, sur le moment, ont rassuré les riverains et apaisé leur colère, ne sont pas encore tenues et les Gabésiens craignent de ne plus pouvoir retrouver leur ville d’antan, un paradis perdu par suite de l’implantation, in situ, dès 1970, d’importantes unités industrielles dont les activités de production et de traitement de produits chimiques et pétrochimiques (fluor, Phosphate, pétrole…) ont entraîné une pollution sans précédent.
Aujourd’hui, à Gabés, tout le monde en convient, la situation environnementale est alarmante. Celle, sociale, est de même délicate. Le gouvernement, empêtré dans ce dossier, tergiverse, partagé entre plusieurs attitudes et diverses solutions et, de son côté, la société civile s’impatiente, perd confiance et crie déception. Aussi, est-il du devoir de tous, citoyens et décideurs, de raison garder et de réfléchir en toute quiétude et objectivité aux solutions possibles.

Plusieurs pays avant nous ont rencontré de tels problèmes et connu de ce fait des friches industrielles mais ils ont réussi à en faire de véritables leviers de développement. Pourquoi ne pas s’inspirer de leurs exemples et retenir de leurs leçons, qu’il s’agisse de dépollution, de reconversion économique, de remodelage territorial ou même de réhabilitation patrimoniale des friches elles-mêmes?

A Gabès, rien, en vérité, ne s’oppose de façon convaincante au démantèlement de certaines industries polluantes et/ou à leur délocalisation. L’argumentation, longtemps ressassée, mettant en avant le prétendu apport économique de certaines activités du Groupe chimique tunisien (GCT) ne contrebalance pas les méfaits d’une industrialisation qui, en polluant, a gravement porté atteinte à la biodiversité et nui autant à la ville – l’oasis – qu’à ses habitants…

S’inscrivant dans une optique de contribution à la réflexion et à la recherche de solution pour un problème qui risque de tourner au désastre, voulu à la fois à destination des politiques, des responsables du patrimoine et de l’environnement ainsi qu’à la société civile, le présent propos vise deux objectifs concomitants : 1- éveiller et sensibiliser les hauts responsables nationaux et régionaux à l’importance du patrimoine culturel gabésien et à la nécessité de s’intéresser à ce remarquable potentiel qui, pour peu qu’on daigne et qu’on sache s’en occuper, pourrait constituer un puissant vecteur de tourisme culturel et ainsi aider à la mise en place d’une stratégie de reconversion – ou de compensation – économique et de requalification des espaces et des territoires de la région; 2- appeler en conséquence les responsables et les spécialistes ainsi que la société civile à prendre les mesures nécessaires pour rentabiliser au mieux cette opportunité et valoriser les composantes de ce patrimoine culturel qui, jusqu’ici, il faut le dire, est resté insuffisamment pris en compte et peu valorisé.

En effet, s’agissant du sauvetage de Gabès, quelles que soient les solutions envisagées, force est de compter d’abord et surtout avec les ressources propres du gouvernorat. Certes, beaucoup de celles-ci, par ailleurs fort importantes, nous sont bien connues grâce aux données chiffrées fournies par l’Office du développement du sud (ODS) ou encore par l’Atlas du gouvernorat tel qu’élaboré par la direction générale du territoire mais, malgré leurs compétences et leur exhaustivité, ces deux organismes ne retiennent pas le patrimoine comme une ressource susceptible de rendement économique.

C’est ainsi que l’Atlas, dans ses recommandations pour le développement du secteur touristique ne dit pas mot des méfaits de la pollution industrielle et se contente d’énoncer quelques mesures en rapport avec l’agriculture oasienne et les métiers artisanaux et que la base des données que l’ODS consacre à Gabès – à partir des statistiques fournies par l’Institut national de la statistique (INS) – ne tient pas compte du patrimoine.

1. Ressources patrimoniales :

Au risque de rabâcher – que les spécialistes du patrimoine nous en excusent –, rappelons d’abord et avec force l’importance et l’authenticité du patrimoine naturel de la région gabésienne.

Commençons par le site même de Gabès, ville au paysage exceptionnel, à la fois d’oasis et de littoral, deux marqueurs qui lui ont de longue date valu l’admiration des anciens, notamment Pline, à propos de ses jardins, de leurs luxuriantes cultures en étages et du savoir-faire hydraulique de leurs exploitants et, Lucain, au sujet du trait de côte des Syrtes, indécis, dit-il, entre terre et mer.

Gabès dispose aussi d’un riche et pittoresque arrière-pays avec d’autres oasis maritimes et continentales – également attrayantes – ainsi que de nombreux reliefs. Parmi ceux-ci, au sud-ouest, situés dans les contreforts septentrionaux du Dhaher, les monts de Matmata forment un paysage de cuesta d’autant plus étonnant qu’il est ponctué de nombreux points de vue donnant au loin, par dessus une multitude de jessour en cascades, sur l’un des plus beaux cordons littoraux de Tunisie. Il y a de même, la chaîne du Tebaga qui, d’orientation est-ouest, en forme de cimeterre, déploie sa ligne courbe entre El-Hamma et le Nefzaoua et borde l’extrémité orientale des chotts.

Ceux-ci, autre pièce de la pittoresque mosaïque paysagère de la région et à ce titre, tout comme l’oasis de Gabés, inscrits sur la liste indicative de l’Unesco, sont de vastes espaces salins qui, par le Fejej, s’en vont mourir du côté de la mer, via l’estuaire de oued El-Akarit, là où, précisément, la région compte aujourd’hui un site Ramsar.

Ces étendues naturelles anciennement connues et pittoresquement décrites doivent leur réputation autant aux mirages que miroitent leur surface encroûtée de sel qu’aux chimères et utopies qu’elles ont nourries, au fil du temps. C’est ainsi qu’on y a vu le lac Triton décrit par Hérodote et Diodore de Sicile et que les archéologues allemands Hermann A. et Borchardt M. y ont situé l’Atlantide, précisément à Ouedhref, sur le seuil de Gabès, et que bien plus tard, plus près de nous, le militaire topographe français E. Roudaire – avec F. Lesseps, venu à la rescousse, après son exploit à Suez – y a porté son fameux projet de mer intérieure…

Forts attractifs, très tôt humanisés, notamment dans leurs parties humides, ces espaces et sites naturels exceptionnels ont connu une sédimentation patrimoniale continue – au moins depuis le paléolithique moyen (100.000 ans) jusqu’au temps présent – et dont les témoins, tangibles et intangibles, sont si variés et si innombrables qu’on ne peut, ici, les détailler.

Outre la préhistoire et la protohistoire, portées par de multiples sites dont le grand gisement de Oued El-Akarit – aujourd’hui à même la rive droite de ce cours d’eau –, l’antiquité est certes la période la mieux attestée. Ses vestiges connus se comptent par centaines et leur typologie est des plus larges. Parmi les plus remarquables, certains, classés monuments historiques depuis l’époque coloniale – en 1899 et en 1905 – appartiennent au limes tripolitanus, c’est-à-dire à l’organisation défensive que Rome avait mise en place dans la région.

Ce ne sont pas là du reste les seuls traces de ce dispositif dont on peut encore admirer, côté El-Hamma, d’autres fortins ainsi qu’une clausura aménagée en fossé et mur tendus sur 17 km et courant dans la plaine de Mertaba, entre les jebels Tebaga et Melab…

La région de Gabès compte également d’autres biens culturels, les uns d’époque médiévale et moderne – des monuments cultuels pour l’essentiel, des mosquées et des zaouia –, les autres, vernaculaires, portés par des modes d’habiter dont le plus spectaculaire dans la région est de type troglodytique avec des variantes locales, horizontales et verticales, selon les villages, à Matmata, Taoujoujt, Tamezret, Toujane, Zouara, Beni Zelten, etc.

Le patrimoine bâti est aussi d’époque coloniale, signalé encore par quelques constructions visibles à Gabès même, mais les traces les plus importantes qui se rapportent à ce temps sont celles de structures militaires qui datent de la 2e guerre mondiale. Nombreuses, variées, elles consistent en constructions bétonnées – blockhaus, magasins, abris, casernements – et tranchées d’envergures diverses aujourd’hui bien visibles du côté de Zarat mais aussi à Mareth où la ligne militaire du même nom a aujourd’hui son musée, posé sur la rive gauche de l’oued Zigzaou.

Typique comme tout patrimoine culturel immatériel, celui gabésien est en relation étroite avec l’oasis, s’exprimant au travers de savoirs-faire, de traditions, d’artisanats ainsi que de pratiques alimentaires qui en font l’originalité.

2. Mesures de mise en valeur

Cependant, ce patrimoine riche et varié souffre encore un déficit de patrimonialisation; certes, la réaction citoyenne actuelle et la mobilisation en cours face à la pollution témoignent d’un intérêt évident pour la dimension environnementale du patrimoine mais, il reste beaucoup à faire pour que le processus de reconnaissance soit plus profond et embrasse tous les biens culturels qu’ils soient matériels ou immatériels.

Cette tâche incombe aussi bien aux autorités qu’aux citoyens eux-mêmes! Le contexte y est favorable car outre le sursaut déjà évoqué, il y a les enjeux des élections municipales à venir… En attendant, les mesures à prendre sont diverses.

Par ordre de priorité, voire d’urgence, nous proposons :

• La dépollution dans la ville et ses alentours, qu’il s’agisse de la mer, de l’air ou des sols ; beaucoup a été dit et écrit sur ces pollutions générées par les industries chimiques et de phosphates ainsi que sur leurs conséquences dramatiques. Aujourd’hui, l’on se doit de passer à l’action et cesser de perdre du temps en dupliquant des études techniques qui depuis longtemps débouchent sur les mêmes constats de pollution grave, voire, si l’on en croit certains écrits, de catastrophe écologique. Bien entendu, dépolluer n’étant pas un acte ponctuel mais un processus à engager, l’essentiel est de commencer avec sérieux, selon un plan et un calendrier préétablis et en respectant les normes internationales en la matière. C’est possible.

• La concrétisation du projet d’aménagement de la zone touristique à Chott El-Hamrouni, sachant que ce faire implique aussi la mise en place du planning de dépollution mentionné ainsi qu’une totale transparence sur ce point; à défaut, les investisseurs ne s’intéresseront guère à ce projet qui, rappelons-le, bien que régulièrement proposé lors des foires de l’investissement, continue toujours à attendre preneurs.

• La réalisation de l’inventaire des biens culturels et la publication de leurs listes; sur ce plan, beaucoup reste à faire et les prospections doivent être étendues à tous types de patrimoines et à l’ensemble du territoire du gouvernorat.

• L’interdiction et l’arrêt total de toute opération de construction à l’intérieur du périmètre oasien. Il faut dire, hélas, que jusqu’ici, rien n’a été fait pour arrêter ce processus dont les dégâts sont aujourd’hui considérables puisqu’on estime à plus de 60% la perte subie en terres agricoles.

• L’application draconienne de la loi en matière de protection du palmier. La législation existe et il convient de la faire respecter notamment pour ce qui se rapporte à l’arrachage, l’abattage et l’ablation de l’arbre.

• Le classement d’un certain nombre de monuments que ce soit à Gabès-ville – à l’exemple de l’Eglise, du phare, de l’hôtel Atlantique, de la recette des impôts… – ou dans le reste du gouvernorat, à Chenini, Matmata, El-Hamma, Ouedhref, Metouia où il y a également des bâtisses d’époque et des lieux qui méritent de figurer dans le répertoire national des monuments historiques.

• La préparation du dossier de l’inscription de l’oasis de Gabès sur la liste du patrimoine mondial, sachant que l’Etat tunisien (le ministère de l’Environnement et du Développement durable) en a soumis la proposition et que l’Unesco l’a agréée dès le 28 mai 2008.

• La préparation du dossier de l’inscription du limes sur la liste du patrimoine mondial, vu qu’une bonne partie de ce dispositif est aujourd’hui inscrite dans le territoire du gouvernorat.

• La création d’un centre d’interprétation pour le consacrer à la compréhension de la préhistoire dans l’ensemble de la région avec, pour référence principale, le site archéologique de Oued el-Akarit.

• La conception de circuits touristiques thématiques : 1. le circuit du Limes, à travers ses vestiges à l’intérieur du territoire du gouvernorat; 2. le circuit de l’oasis (eau, végétal et animal); un tel circuit peut être dupliqué en autant d’oasis que compte le gouvernorat (Gabès, El-Mdou, El-Hamma, Metouia-Ouedhref, Zarat…) ; 3. le circuit des faits militaires de la deuxième guerre mondiale : la ligne Mareth mais aussi les vestiges qui s’y rapportent, notamment des traces encore visibles du côté de la clausura de Jebel Tebaga et à l’emplacement de certains lieux de confrontation entre Alliés et forces de l’Axe; 4. un circuit en rapport avec le projet de la mer intérieure qu’on pourrait intituler ‘‘Sur les pas de F. Lesseps…’’ et qui, en termes de lieux, privilégierait la ville de Ouedhref où cet aventurier aurait installé une première base d’opération – sans doute avec la société d’études de la mer intérieure africaine – et obtenu une concession foncière au voisinage de Oued El-Maleh où il s’était construit un domaine, par la suite abandonné – dont reste aujourd’hui une villa encore sur pied.

• La mise en valeur du patrimoine immatériel par la relance de certains métiers artisanaux aujourd’hui en crise ou tombés en désuétude notamment dans les domaines de la sparterie, de la vannerie mais également de l’agriculture, de la pêche et des métiers de la mer.

• Dédier un festival au vivre gabésien avec tout ce que cela comporte comme pratiques, savoirs faire et usages.

Un tel programme qui couvre à la fois le champ de l’environnement et celui du patrimoine, on s’en doute, nécessite des moyens de toute sorte. S’agissant des finances, on peut, en matière de dépollution, faire jouer la clause du pollueur payeur qui est appliquée dans le droit tunisien; cependant, eu égard les dimensions du problème et étant donné l’ampleur des dégâts et l’importance ainsi que le coût des actions à envisager, il faut inévitablement d’autres sources de financement. L’Union européenne (UE), concernée à travers bon nombre de ses pays membres par le devenir de la Méditerranée, doit être en tête de liste des parties dont il faut solliciter le soutien. D’ailleurs, comptant le Golfe de Gabès comme «point chaud de pollution», la CEE lui a d’ores et déjà fait place dans son programme euro-méditerranéen Horizons 2020 en finançant un projet de bonne gouvernance environnementale locale de l’activité industrielle à Gabès (PGE Gabés, 01/2015-09/2018).

Parmi les autres parties internationales qui peuvent être sollicitées financièrement, il y a les Programmes des Nations unies pour le développement (Pnud) et pour l’environnement (PNUE) ainsi que le Fonds mondial pour l’environnement…

S’agissant du programme relatif au patrimoine, là aussi, des subventions et des aides peuvent être consenties par certains organismes internationaux, l’Unesco en tête… A cela s’ajoute bien entendu la coopération entre Etats qui peut donner lieu à des programmes spécifiques d’appui.

Le sauvetage de Gabès nécessite aussi la mobilisation des compétences dans les domaines incriminés, à savoir l’environnement, la qualité de la vie, le patrimoine, le tourisme et l’aménagement. C’est le rôle des politiques que d’y veiller. La société civile jouera quant à elle de vigilance en multipliant les observatoires et en aidant à la mise en place de la culture de l’environnement et du patrimoine. L’espoir reste de mise… Nous pouvons encore espérer sauver Gabès! Nous nous le devons, pour nous, pour notre patrimoine à tous! Qu’attendons-nous ?

* Professeur des universités, Directeur de laboratoire de recherche, Université de Sousse.

Notes :
1- Voir sur ces déclarations, entre autres, ‘‘Réalités on line’’ du 02/07/2017. 
2- A l’exemple de celles induites par les déclarations faites par un député du cru qui, en 2015, annonçait pour 2017, la fin de la pollution de l’air à Gabès. Par ailleurs, les promesses non tenues, il y en a eu d’autres… Il faut dire que le projet de création d’une zone touristique à Chott El-Hamrouni officiellement annoncé en 2001 n’a toujours pas abouti!
3- Les chiffres avancés par les organismes non gouvernementaux, les collectifs locaux ainsi que par les associations sont consternants. On estime la quantité de phosphogypse quotidiennement déversée dans la mer à plus de 10.000 tonnes/jour, souvent entre 12.000 et 13.000!
4- Voir pour ce qui est des maladies provoquées par la pollution, le dossier de presse PGE-Gabès, décembre 2016..
5 – S’agissant des solutions, outre le démantèlement et la délocalisation, il y a la valorisation même des déchets, ainsi que leur stockage inévitable. Pour ce faire, on a pensé, un moment, assurer le pompage du phosphogypse par pipeline jusqu’à Mekhachrma, site situé à 23 km de la ville de Gabès où les déchets seront entreposés à l’air libre, en terri , mais cette solution semble s’être heurtée à l’opposition des riverains… Nous ignorons, pour l’heure, où en sont les négociations…
6- Nous avions déjà, en 2015, appelé au sauvetage de Gabés et de son oasis. Voir A. Mrabet, L’oasis de Gabés, un patrimoine à sauver et à valoriser, Kapitalis, 08 septembre 2015.
7- Il s’agit du complexe des zones humides de Chott El-Guetayate et Sebkhet Dhreia et Oueds El-Akarit, Rekhama et Meleh, inscrit en date du 21 septembre 2012, sous le n° Ramsar 2076.
8- Voir à ce sujet, P. Trousset, ‘‘Recherches sur le limes Tripolitanus, de chott El-Djerid à la frontière tuniso-libyenne’’, Paris, CNRS, 1972 ; A. Mrabet, ‘‘La Tunisie du Sud. Sites et monuments’’, ANEP, Tunis, 1995.
9 – En effet, il y a eu trop d’études et de «projets » sur ce sujet qui a revêtu une dimension internationale. Le dernier en date semble être celui que l’Union européenne a lancé en septembre 2014 en appui à la gouvernance environnementale à Gabès et, en vue de la réduction de la pollution marine et côtière.
10- C’est sans doute ce qui explique qu’on n’ait pas avancé dans la réalisation de ce projet qui remonte à 2001, lorsqu’il a été créé à Chott El-Hamrouni, en faveur de l’Agence foncière touristique (AFT), un périmètre de réserve foncière sur une superficie de 324 ha. Le projet est proposé à la conférence internationale ‘‘Investir en Tunisie: start-up democracy’’, Tunis le 8 septembre 2014. Notons aussi que le chef du gouvernement, en 2015, le tenait comme étant urgent… Il faut dire qu’en même temps s’est mis en place, le projet du gazoduc Nawara-Gabès!!
11- Rappelons cependant, s’agissant du patrimoine archéologique, les inventaires qui ont été réalisés par nos soins pour le compte de l’Institut national du patrimoine (INP)/ministère de la Culture et ce dans le cadre de la Carte nationale des sites archéologiques et des monuments historiques : Voir A. Mrabet, Mareth, 158., 2003; Kettana; 157, 2000; Gabès, 147, 1998 avec les cartes qui s’y rapportent.
12- C’était près de 60% avant la révolution; voir S. Abdedaiem, ‘‘Mutations socio-agro-économiques et modes de gouvernance de l’eau dans les oasis « périurbaines » du gouvernorat de Gabès’’. Thèse Université de Paris-Nanterre, 2009 440 p. Il ne fait pas de doute que ce chiffre a augmenté depuis! Il y a urgence!!
13- Voir la loi n°2001-119 du 6 décembre 2001, portant interdiction de l’abattage et de l’arrachage des oliviers. Idem, la loi n° 2008-73 du 2 décembre 2008 relative à la sauvegarde des palmiers qui, dans son article 9 prévoit des sanctions en rapport avec l’abattage et l’arrachage des palmiers. Rappelons aussi, par la même occasion et ceci également en rapport avec le point précédent qu’il existe une loi de protection des terres agricoles : Loi n° 83-87 du 11 novembre 1983.
14- S’agissant de lieux et d’espaces de tradition et de mémoire, on peut, à titre d’exemples, proposer pour classement Sidi Guenaou, Sidi Sallem et autres sanctuaires et espaces de sociabilité…
15- Ce dossier est des plus complexes et nécessite une étroite collaboration avec le ministère de la Culture et de l’Agriculture.
16- Le limes est sur la liste indicative de l’Unesco depuis le 17 février 2012.
17- Nous savons que l’archéologue préhistorien L. Belhouchet est de cet avis et qu’il aurait même fait une proposition dans ce sens – avec mémo – à l’INP.
18- On pourrait, éventuellement, moyennant quelques légers aménagements, faire de cette villa un musée spécialisé entièrement dédié à ce projet de mer saharienne. Pour de plus amples détails sur ce séjour de Lesseps, voir La compagnie du canal de Suez et la mise en valeur du désert, in ‘‘Les acteurs des transformations foncières autour de la Méditerranée au XIXe siècle’’, sous la direction de Vanessa Guéno et Didier Guinard, éd. Karthala, 2013.
19- Parmi les pratiques et les savoirs faire, ceux relatifs à l’irrigation menacent aujourd’hui disparition; aussi, faut-il les valoriser et faire de sorte que «les canaux en terre» et les drains – appelés «nechiia» – ne se laissent pas éliminer par les tuyaux qui, comme le démontre si bien H. Ayeb, consacrent la négation de l’oasis. Voir H. Ayeb, ‘‘Compétition sur les ressources hydrauliques et marginalisation sociale : à qui profite la disparition des canaux ? Le cas des oasis de Gabès en Tunisie’’, in Chantal ASPE (éd.), ‘‘De l’eau agricole à l’eau environnementale, Résistance et adaptation aux nouveaux enjeux du partage de l’eau en Méditerranée’’, Ed Quae, 2012, p.143-155.
20 – Outre son festival international qui est dans sa 34e édition, Gabès dispose depuis peu d’un autre festival dédié au film arabe! Il faudra à l’avenir songer à mettre en place un «évènement» qui fête et célèbre Gabès et sa culture.

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