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L’assurance-vie dans le contexte économique actuel de la Tunisie

Lotfi Ben Haj Kacem, DG de Hayett Assurance.

Une rencontre-débat sous le thème : «L’assurance-vie, produit d’épargne pour le développement durable», s’est tenue avant-hier, mardi 16 avril 2019, au siège de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT).

Par Cherif Ben Younès

L’événement était organisé conjointement par la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), la Fédération tunisienne des sociétés d’assurances (Ftusa) et l’Association tunisienne pour la promotion de la culture financière (ATCF).

La bourse a besoin de l’assurance-vie et inversement

Bilel Sahnoun, directeur général (DG) de la BVMT, a assuré, lors de son mot d’ouverture, que la dégradation de l’épargne nationale peut s’expliquer principalement par la diminution du pouvoir d’achat. «Une dégradation qui influe négativement sur le taux d’investissement», a regretté le conférencier. «Ce taux atteint des niveaux alarmants, en passant de 22,5% à 18,7%, entre 2012 et 2017», a-t-il ajouté.

Le DG de la Bourse de Tunis a, par ailleurs, souligné l’importance du lien que peut avoir l’assurance-vie avec les marchés financier et boursier. «Une assurance très peu sollicitée aujourd’hui par les Tunisiens», a-t-il déploré, et ce contrairement à ce qui se passe en France, par exemple, où un citoyen sur deux y souscrit. «Chez nous, ce n’est pas encore le cas», a regretté M. Sahnoun, avant d’énumérer une série de questions dont les réponses devraient, selon lui, expliquer cette situation : S’agit-il d’une absence de cadre réglementaire ? D’un cloisonnement des métiers qu’il faudrait abolir ? Ou est-ce simplement une méconnaissance des possibilités offertes par ce type d’assurance ?

M. Sahnoun a conclu son intervention en affirmant que «la bourse a besoin de l’assurance-vie et l’assurance-vie a besoin de la bourse».

Les Tunisiens ne lui accordent pas assez d’importance

Habib Ben Hassine, président de la Ftusa, a lui aussi entamé sa présentation avec une note négative, à savoir celle de la chute de l’épargne nationale, dont le taux est passé, entre 2012 et 2017, de 16,4% à 9,4%. «C’est une situation très délicate, a estimé le conférencier, qui signifie une baisse des investissements, une augmentation du chômage et une économie difficile». M. Ben Hassine a considéré, par conséquent, que le pays a besoin, plus que tout autre moment, d’augmenter ce levier.

M. Ben Hassine s’est ensuite penché sur le développement du secteur de l’assurance, dont le rythme de l’évolution lors des 5 dernières années (environ 8%) a été plus rapide que celui de l’économie nationale (environ 1,5%). Plus particulièrement, il a indiqué que le taux de croissance de l’assurance-vie dépasse celui de l’assurance-non-vie (regroupant tous les autres types d’assurance, ndlr) : 17,3% pour le premier, contre 8,79% pour le second, entre 2013 et 2017. Un avantage qui dénote le dynamisme de l’assurance-vie en Tunisie, et qui s’explique par celui des compagnies d’assurances qui ont développé de nouveaux produits, selon le conférencier, ainsi que par le travail effectué par certains réseaux de distribution.

Toutefois, selon M. Ben Hassine, l’assurance, en général, et plus précisément l’assurance-vie «ne sont pas arrivées au niveau de développement qui existe dans d’autres pays». Il affirme, à cet effet, que plusieurs freins expliquent cet écart. Parmi lesquels, il a placé au premier plan la situation économique actuelle du pays. Ce n’est, en effet, un secret pour personne que la crise économique actuelle que vit la Tunisie a largement baissé le pouvoir d’achat de ses citoyens, et a, par conséquent, rétrogradé la place qu’occupe l’assurance-vie dans l’échelle des priorités des Tunisiens.

L’avantage fiscal limité à 10.000 dinars tunisiens (DT) par an peut également expliquer ce retard, d’après le conférencier. Ce dernier estime également que l’application rétroactive des dispositions de la loi de finances de l’année 2014, qui exigent une cotisation minimale de l’employé pour bénéficier de cet avantage, n’arrange pas les choses. Pas plus que la position de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) concernant l’application du décret numéro 2003-1098, qui dispose que les contrats d’assurances autres que celui de l’assurance-décès sont soumis aux cotisations sociales.

Afin de pallier ces diverses contraintes, le président de la Ftusa a notamment proposé de relever le niveau de fiscalisation de 10.000 à 30.000 DT pour tous les types de contrats de l’assurance-vie, à l’exception des contrats en unité de compte, pour lesquels une augmentation à 50.000 DT a été suggérée, accompagnée d’une diminution de la durée de blocage de 8 à 5 ans.

Habib Ben Hassine a également recommandé que les assureurs soient associés à la réflexion concernant les régimes de retraite. D’autre part, il a appelé à mettre en place un cadre réglementaire, fiscal et social favorable au développement de l’épargne salariale dans le cadre de contrats collectifs souscrits par les entreprises.

Ce ne sont pas les avantages qui manquent

De son côté, Lotfi Ben Haj Kacem, DG de Hayett Assurance, s’est particulièrement attardé, lors de son allocution, sur les besoins fondamentaux auxquels répond d’assurance-vie.

À cet effet, il a notamment mentionné trois raisons principales devant, selon lui, inciter les Tunisiens à se procurer une assurance-vie : protéger le niveau de vie familiale, faire face au risque de disparition prématurée du chef de famille et assurer une sécurité financière.

À côté de ces bénéfices qui ont lieu lors du décès de l’assuré, M. Ben Haj Kacem a assuré que l’assurance-vie est également utile «en cas de vie». En d’autres termes, il a mis en avant les avantages dont peut jouir une personne ayant souscrit à l’assurance-vie, avant même sa mort, à l’instar de la protection de son niveau de vie personnel et la minimisation du risque de diminution de son revenu. «L’assurance-vie, permet, même lorsqu’il n’y a pas de décès, de fructifier un capital ou de constituer une épargne de précaution», a-t-il conclu.

Le DG a, par ailleurs, profité de cette occasion pour rappeler que les contrats d’assurance-vie peuvent être souscrits de façon individuelle ou collective, et que dans ce dernier cas, ce sont les entreprises qui le font pour les employés.

Ymen Jemaa, DG de l’Union Financière (UF) a également pris la parole lors de ce débat, notamment afin de définir la gestion collective des contrats de l’assurance-vie. «Celle-ci consiste pour un investisseur, qu’il soit une personne physique ou morale, d’investir facilement et directement son épargne, sans avoir la responsabilité délicate et contraignante de la gérer», a-t-elle indiqué. Ajoutant que cela consiste à investir une somme d’argent dans un portefeuille de valeurs mobilières détenu en commun avec d’autres investisseurs.

Mme Jemaa a, par ailleurs, indiqué que la gestion collective a plusieurs avantages, à l’image de la mutualisation des capitaux dans le but d’accéder à des marchés difficilement accessibles, la diversification des valeurs en portefeuille afin de diminuer au maximum le risque spécifique lié à chaque titre, l’acquisition de l’expérience de gérants de portefeuilles avisés et la liquidité du placement.

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