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Ramadan 1962 : Bourguiba parlait déjà de spéculation, de fraude et de cherté de la vie (vidéo)

C’était il y a 57 ans, en 1962, la Tunisie était aux prises avec une vague de hausse des prix, pendant le mois de ramadan, causée essentiellement par la spéculation. Le président Habib Bourguiba recommandait alors la fermeté pour lutter contre les fraudeurs. Aujourd’hui, face aux mêmes problèmes, il n’y a pas la même fermeté…

Le discours prononcé par Bourguiba en 1962 pourrait facilement être repris aujourd’hui, les maux dont ils parlaient et les solutions qu’il préconisait étant toujours d’actualité : le consommateur était confronté à la spéculation et donc à une pénurie fictive, l’obligeant souvent à payer les produits de première nécessité à des prix très élevés.

A l’époque, Habib Bourguiba avait montré une grande fermeté à l’encontre des spéculateurs, expliquant que les verdicts ordonnées par la justice contre les fraudeurs étaient certes élevés, ayant atteint 4 ou 5 ans de prison, mais elles servaient d’exemple pour que les fraudeurs cessent de frauder et que le citoyen ne paie plus cher les produits dont il a besoin.

D’ailleurs cela avait, à l’époque, porté ses fruits et le niveau des prix était revenu à la normale.

«Tout est lié, si le commerçant procède à la spéculation pour vendre ses produits plus cher et ne se contente pas d’une marge bénéficiaire raisonnable, qu’il cherche à élever artificiellement aux dépens du consommateur, on ne peut faire autrement que de prendre des décisions fermes», avait-il lancé, ajoutant : «S’il fallait avoir de la compassion c’est plutôt pour ceux qui subissent injustement la cherté de la vie, se privent et ne peuvent plus faire leurs achats», a-t-il insisté, tout en assurant qu’il pourrait gracier les commerçants condamnés, car son objectif n’est pas de les priver de la liberté mais de leur faire comprendre la gravité et l’impact de leurs fraudes.

Bourguiba expliquait à l’époque que tout le monde doit être solidaire et que chacun comprenne l’impact négatif de ses actes sur ses compatriotes. «On ne peut pas permettre à des commerçants de s’enrichir illégalement alors que des citoyens ne peuvent plus acheter certains produits de base», avait-il alors lancé.

Depuis ce discours, 57 ans se sont écoulés et on en est encore au même point. Le président de la république se contente de constater la cherté de la vie et le gouvernement annonce, de son côté, des campagnes de lutte contre la spéculation et la fraude sur les prix… Mais ces campagnes n’ont pas changé grand-chose à cause de l’impunité : les fraudeurs se voient saisir leur marchandise et payent une amende presque symbolique… Les délits qu’ils commettent leur rapportent plus qu’ils ne leur font perdre, alors rien ne les dissuadera de recommencer et de poursuivre leurs pratiques illégales aux dépens des consommateurs.

 

L’agression cette semaine, à Boumhel, de 5 agents du contrôle économique par un boucher en infraction prouve parfaitement ce sentiment d’impunité des fraudeurs.

Y. N.

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