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Les énergies renouvelables : La solution pour diminuer le déficit énergétique de la Tunisie

En matière d’énergie, la Tunisie est passée, depuis une décennie, du statut de pays excédentaire, où l’énergie était l’un des principaux moteurs de l’économie, à celui de déficitaire, où le facteur énergétique représente un fardeau majeur pour les finances publiques. L’une des solutions de ce problème pour lesquelles l’État a opté, est de se tourner vers les énergies renouvelables.

Par Cherif Ben Younès

C’est justement le thème de la journée organisée, hier, jeudi 20 juin 2019, à l’hôtel Laico de Tunis, par l’Association pour la promotion des relations économiques tuniso-Rhone-alpines (Astra), en collaboration avec la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg) et la Foreign investment promotion agency (Fipa), dans le cadre du Tunisian investment forum (TIF).

La part des énergies renouvelables doit passer de 3 à 30%, d’ici à 2030
Belhassen Chiboub, directeur général (DG) de l’électricité et des énergies renouvelables au ministère de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises, a tenu, lors de son mot d’ouverture, à rappeler, en termes de statistiques, quelques difficultés tunisiennes, sur le plan énergétique : en 2018, non seulement on était à 50% de déficit en énergie primaire, mais en plus, notre production de l’électricité était à 97% à partir du gaz naturel, un produit majoritairement importé d’Algérie !

M. Chiboub a estimé qu’aujourd’hui, les solutions de rechange sont très limitées. Le charbon, par exemple, n’est, d’après lui, pas adapté à la Tunisie puisqu’il pose plusieurs types de problèmes (environnemental, de manutention ou encore d’investissement). La question du nucléaire est, quant à elle, close, suite à la catastrophe de Fukushima. «La seule solution pour laquelle on peut opter est celle des énergies renouvelables», a-t-il déduit.

La part des énergies renouvelables en Tunisie est, présentement, de 3%. L’objectif fixé par l’État, est de passer à 30%, à l’horizon 2030. Si on y arrive, on dépassera la moyenne mondiale actuelle, qui est de 25%. «Cet objectif nécessite de mettre en place un programme annuel pour donner une vision aux promoteurs sur les puissances additionnelles qui vont être mises en service», a-t-il développé.

Le représentant du gouvernement a, par ailleurs, indiqué que la Tunisie a commencé, depuis 2016, à mettre en place un cadre juridique à cet effet, et que certains projets, visant à atteindre l’objectif annoncé, ont vu le jour, à l’instar de Smart Grid.

Belhassen Chiboub a mis en avant, d’autre part, le programme de production d’électricité à partir des énergies renouvelables, du ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, pour la période 2017-2020. Un programme qui comprend l’installation de 1000 MW, pour l’énergie éolienne et l’énergie solaire photovoltaïque, via 4 régimes : les concessions, les autorisations, l’autoproduction et les réalisations de la Steg.

D’un autre côté, il a évoqué les problèmes au niveau du financement, au sein de son ministère, pour la réalisation des projets. «On va peut-être transposer le régime des autorisations sur celui des concessions pour avoir les accords de projets», a-t-il ajouté.

Des actions à court terme pour atteindre l’objectif de réduire la demande énergétique

Riadh Berjab, récent DG de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), a, de son côté, affirmé qu’afin de surmonter les problèmes liés au secteur énergétique, le gouvernement a pris l’option de le placer au cœur des priorités économiques et sociales, avec comme objectifs, l’amélioration de l’indépendance et de la sécurité énergétiques, et la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

«Notre nouvelle politique énergétique est basée sur un renforcement de la production nationale, avec l’intégration des énergies renouvelables, dont la production en est une parfaite illustration», a-t-il souligné, ajoutant que le gouvernement a prôné le mix énergétique, qui permettra de disposer – à terme – d’une énergie suffisante, moins polluante, et à un coût compétitif.

M. Berjab a, par ailleurs, indiqué qu’afin d’atteindre l’objectif de la Tunisie de réduire sa demande énergétique de 30%, d’ici à 2030 (par rapport à ce qu’on enregistrerait si on maintenait le même rythme de croissance de 2010), des actions à court terme ont été prévues, à l’instar de l’installation d’une capacité additionnelle, de l’ordre de 1900 mégawatts (MW) à l’horizon 2021, dans les 4 régimes cités ci-dessus. Un programme qui devrait coûter 6 milliards de dinars.

«Le point fort de ce programme est le fait qu’il sera réalisé à travers des investissements privés, à hauteur de 80%, ce qui permettra de soulager les finances publiques et de dynamiser le secteur privé», a-t-il ajouté.

Un «programme prioritaire d’efficacité énergétique, approuvé par le gouvernement», a d’un autre côté, été évoqué par le DG de l’ANME. Les investissements qui l’accompagneront seront de l’ordre de 2 milliards de dinars, sur 5 ans, pour un potentiel d’économie d’énergie de 1.000 gigawatt-heure (GWh) par an.

Le Pdg de la Steg: «Il faut trouver de nouveaux gisements de gaz ou de pétrole»

Pour sa part, Moncef Harrabi, Pdg de la Steg, a affirmé que l’indépendance énergétique tunisienne passera nécessairement par l’augmentation de la productivité, et que pour y arriver, il faut trouver de nouveaux gisements de gaz ou de pétrole. Avant d’ajouter que le projet de champ Nawara est aujourd’hui en phase finale, et qu’il entrera en exploitation cet été. Cela permettra, d’après lui, de considérablement diminuer les importations en gaz naturel et de se rapprocher ainsi de l’indépendance énergétique.

Cela ne suffira, toutefois, pas, selon M. Harrabi, qui a appelé à exploiter d’autres solutions, comme le développement du marché d’électricité maghrébin et le renforcement des interconnexions avec l’Europe, à l’instar de celle qui nous lie à l’Italie.

«Il faut aussi une infrastructure qui accompagne les énergies renouvelables pour développer le taux d’intégration des projets, comme la station de pompage et de turbinage, au nord- ouest, dont le coût d’investissement est estimé à environ 600 millions d’euros», a-t-il ajouté.

L’ingénieur a, d’autre part, déploré l’utilisation excessive des énergies primaires par les Tunisiens, ajoutant qu’il est primordial de travailler sur l’efficacité énergétique et de modérer notre consommation.

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