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JMC 2019 : Amazigh Kateb, un talent immense et un engagement inébranlable

Dans le cadre de la 6e édition des Journées musicales de Carthage (JMC 2019), l’auteur-compositeur-interprète algérien Amazigh Kateb était invité à la salle de l’Opéra (Cité de la Culture de Tunis), le soir du dimanche 13 octobre 2019, pour un concert hors compétition aux rythmes de la musique gnawa.

Par Fawz Ben Ali

Les JMC, qui ont démarré le 11 octobre et qui se poursuivent jusqu’au samedi prochain, 18 octobre, proposent cette année un programme, très éclectique, de haute qualité et plus représentatif que jamais de la diversité des expressions musicales en Tunisie, au Maghreb et dans le monde arabe.

Le coup de cœur de cette édition

L’une des belles surprises et des dates phares de cette édition est le concert de l’artiste algérien Amazigh Kateb qui compte un grand nombre de fans en Tunisie et qui ne manquent aucun de ses passages.

Il était là en 2016 dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) pour présenter le film ‘‘Maintenant ils peuvent venir’’ du cinéaste algérien Salem Brahimi dans lequel il jouait le premier rôle; il revient cette année comme invité de marque des JMC, grâce à un partenariat avec l’Institut français de Tunisie (IFT), programmé dans la section des concerts off (hors compétition) du festival.

Un public énorme était au rendez-vous ce soir-là, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote en cette journée historique où la Tunisie a choisi son nouveau président de la république.

Amazigh Kateb, fils du grand écrivain algérien Kateb Yacine, est connu pour son immense talent, mais aussi beaucoup pour son engagement politique et ses prises de positions pas toujours pas toujours au goût de l’Etat algérien. «J’ai toujours pensé que les élections étaient une arnaque surtout quand on n’a pas un droit de révocation ni de demander des comptes, (…) Je soutiens un projet de constitution écrite par le peuple et non par des technocrates, (…) dans notre projet il n y a plus de parlement mais une assemblée constituante nationale avec des représentants de toutes les communes», explique-il, lors d’un point de presse avec les médias tunisiens.

L’art de faire de la politique autrement

Amazigh Kateb a ouvert le concert avec ‘‘Bonjour ma vie’’, chanson qui a mis le feu dans la salle et qui a fait que le public a quitté les sièges pour rejoindre le leader du groupe Gnawa Diffusion tout près de la scène, entraîné par les rythmes d’une musique qui prend ses racines dans le chaâbi algérien et qui va à la rencontre d’une multitude de genres, notamment le gnawa (très proche du stambeli tunisien), du reggae, et parfois même du hip-hop ou de l’électro.

Très populaire en Tunisie depuis ses tout débuts dans les années 90, Amazigh Kateb avoue qu’il se sent toujours chez lui dans ce pays qu’il chérit tant et qu’il retrouve à chaque fois avec autant de plaisir.
S’accompagnant de son instrument fétiche le guembri algérien, Amazigh Kateb a enchaîné avec les titres phares de son répertoire comme ‘‘Mociba’’, ‘‘Chante avec moi’’, ‘‘Hlel Leila’’, ‘‘I wanna cheerfly’’… Durant plus de deux heures, l’artiste algérien engagé s’est montré comme à chaque fois généreux et très proche de son public.

Durant près de 30 ans de carrière, Amazigh Kateb a sillonné le monde portant fièrement l’étendard de la musique algérienne sur des textes majoritairement en dialecte local pour chanter la liberté, la révolution, l’aspiration au changement … une poésie populaire et engagée ayant marqué plus d’une génération de fans, normal pour le fils d’un grand écrivain comme Kateb Yacine.

«C’est marrant que ce concert tombe le jour des élections alors que cette année je n’ai pas arrêté de critiquer les élections algériennes», nous a encore confié Amazigh Kateb. «Je sais que votre nouveau président est un constitutionnaliste qui connaît très bien toutes les notions de contrôle citoyen, et j’espère que vous allez saisir cette occasion pour continuer la révolution que vous avez commencé il y a dix ans, et que je trouve l’une des plus belles révolutions de notre époque», a-t-il ajouté.

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