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Tunisie : Des audits dans l’administration publique pour quoi faire ?

Dans la Tunisie croulant sous le poids de la crise, il n’y a plus de place pour les opportunistes, les zélés et les carriéristes. Seuls l’audace et le sens du sacrifice nous sauveraient tous de l’abîme économique et social qui est en train de s’ouvrir sous nos pieds.

Par Amine Ben Gamra *

Des audits administratifs et financiers ont été lancés dernièrement. Ils concernent notamment les services administratifs de la présidence de la république et le ministère des Affaires étrangères.

Ces opérations de contrôle s’inscrivent, selon l’expression même du chef du gouvernement Youssef Chahed, dans le cadre du souci de rationaliser le travail des structures et services publics et de conférer davantage de transparence et d’efficience à la gestion des institutions de l’Etat et d’en améliorer le rendement.

Pour une meilleure régulation des affaires de l’Etat

Nous assistons ainsi aujourd’hui à une prise de conscience générale : l’audit est un mal nécessaire pour assurer une meilleure régulation des affaires de l’Etat, un passage obligé pour revenir aux «vraies valeurs», c’est-à-dire davantage de réalisme économique, basé sur la rigueur, la modération, le bon sens, la réflexion et l’intelligence des acteurs.

Les experts-comptables ont un rôle particulièrement primordial à jouer dans cette refondation.

Leurs bonnes connaissances de l’environnement organisationnel, comptable, fiscal et judiciaire leurs permettent de mettre au service à l’Etat, en toute indépendance, leurs compétences pluridisciplinaires pour le conseiller dans la restructuration financière, tout en privilégiant la transparence, la confidentialité, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.

Au moment où des pans entiers de l’administration et du secteur public posent des problèmes de gestion et de gouvernance, il faut faire participer les experts-comptables dans les grandes réformes économiques engagées par l’Etat. Un comité indépendant doit être constitué le plus tôt possible, rattaché directement au chef de gouvernement et dont la composition et le mode de fonctionnement seront fixés par décret.

Il n’y a plus de place pour les opportunistes et les corrompus

Les experts-comptables ont un rôle primordial à jouer dans cette refondation, pour influencer les choix à venir, corriger les abus et rétablir les équilibres macroéconomiques flagrants. Ils connaissent aussi les préoccupations et les défis auxquels notre pays fait face à la lumière des développements enregistrés au niveau international.

Notre destin est entre nos mains. Sans un plan de bataille, nous perdrons la guerre contre la pauvreté, la dette et la corruption. La stratégie, c’est d’abord avoir des objectifs clairs. Dérouler la stratégie, c’est l’art de prendre des décisions, de renoncer aux superflus et de se concentrer sur l’essentiel. Le pays est dos au mur. Il n’y a plus de place pour les opportunistes, les zélés et les carriéristes. Seuls l’audace et le sens du sacrifice nous sauveraient tous de l’abîme économique et social qui est en train de s’ouvrir sous nos pieds.

* Expert Comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.

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