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Faut-il respecter le principe de parité dans la constitution du nouveau gouvernement ? Naziha Laâbidi ouvre le débat

Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, a exprimé, ce matin, 21 novembre 2019, sur les ondes de Shems FM, son mécontentement de la diminution de la représentativité féminine à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), passant de 35% en 2014 à 23% en 2019. Et afin de pallier cet état de fait, elle a appelé le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, à respecter le principe de parité dans la constitution de son gouvernement.

Par Cherif Ben Younès

Le pourcentage des femmes à la tête des listes candidates aux élections législatives de 2019 était également trop faible : 5% seulement, ce qui remet en question, une fois de plus, la pertinence de la parité – uniquement – verticale imposée aux listes électorales…

Faible représentativité féminine au parlement : la parité verticale est remise en question

La parité verticale consiste, en effet, à ce que le nombre de femmes dans une liste électorale soit égal à celui des hommes, et qu’il y ait, en plus, une alternance entre les deux sexes par rapport aux rang électoraux dans une même liste.

Or, si l’objectif consiste à ce que les proportions des deux sexes soient égales à l’ARP, là où les décisions législatives se prennent et, par conséquent, là où la représentativité a un vrai sens, il aurait fallu imposer, en plus, une parité horizontale aux listes électorales, de sorte que les têtes de listes soient équitablement attribuées aux deux sexes.

Naziha Laâbid.

Seulement, il faut dire aussi que cette discrimination positive, bien qu’elle puisse se justifier de façon circonstancielle, elle ne fait pas l’unanimité, même chez les militants pour la cause féministe…

Mais est-ce que la parité est une vraie solution féministe ?

Et pour cause, le fait qu’une telle imposition rétrograde, forcément, le critère de la compétence et le rend secondaire. L’objectif n’étant plus, en premier lieu, de choisir ceux et celles qui ont le plus de mérite, mais ceux et celles qui appartiennent à un sexe plutôt que l’autre.

En outre, d’un certain angle philosophique, la discrimination positive de façon générale, est mal perçue, car elle contredit, par définition, la cause -quelle qu’en soit la nature – qu’elle est censée appuyer…

En l’occurrence, l’objectif ultime est de neutraliser le favoritisme dont jouit un genre au détriment de l’autre, dans l’attribution des postes politiques, et donc de cesser définitivement de tenir compte du critère du sexe. Or, la discrimination positive ne fait que, au contraire, prendre en considération ce critère. Ce qui pose un vrai souci de cohérence. Certains diraient même que c’est ici le sexisme, dans son sens large, qu’on valorise.

Il faudrait donc, si on suit ce raisonnement, tout en étant sensible à la cause féministe, chercher à mettre en place d’autres mesures, moins faciles certes et nécessitant probablement plus de réflexion et plus de créativité, mais qui s’attaquent au problème à ses racines, tout en cherchant à le résoudre à long terme.

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