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Interrogations sur la «disparition» très opportune de Sami Fehri

Ce n’est pas pour faire le buzz et doper l’audience de sa chaîne de télévision, comme il en a l’habitude, mais pour fuir la justice : Sami Fehri a disparu depuis mercredi 11 décembre 2019, date de l’émission par le Pôle judiciaire financier d’un mandat de dépôt à son encontre. Une «disparition» qui interpelle la justice tunisienne…

Par Imed Bahri

Un mandat de dépôt similaire a été émis, le même jour et dans la même affaire de corruption et d’abus de biens publics, à l’encontre de l’administratrice judiciaire et du gérant de la société Cactus Prod, la société fondée en 2003 par Sami Fehri et son ex-associé, Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, laquelle, rappelons-le, a été confisquée après la révolution de janvier 2011.

Des «disparitions» qui posent problème

Une source sécuritaire a confirmé à Kapitalis que le magnat de télévision, poursuivi dans plusieurs affaires judiciaires, toutes pour corruption et malversations financières, est toujours introuvable aujourd’hui, samedi 14 décembre 2019. Il a donc du se cacher pour éviter le retour en prison, sachant qu’il avait été mis en détention à plusieurs reprises depuis 2011 et la dernière fois le 6 novembre dernier avant d’être relâché cinq jours après et de reprendre ses activités d’animateur télévisé.

Cette disparition rappelle celle d’un autre magnat de la télévision, Ghazi Karoui, poursuivi lui aussi en justice avec son frère Nabil Karoui, dans des affaires d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, perdu de vue depuis le 23 août dernier, date de l’émission d’un mandat de dépôt à son encontre, jusqu’à sa réapparition le jour même de son entrée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le 13 novembre dernier, fort de son immunité parlementaire. Elle rappelle également la disparition de l’affairiste Slim Riahi, poursuivi lui aussi pour corruption et blanchiment d’argent, qui a quitté la Tunisie en janvier 2019, pour fuir la justice, laquelle vient de le condamner, le 12 décembre courant, à 11 ans de prison ferme… Une condamnation pour la forme, puisque le concerné est en fuite et il y a peu de chance qu’il revienne un jour en Tunisie…

Interrogations sur le fonctionnement de la justice tunisienne

Ces disparitions, ô combien opportunes, posent de sérieuses questions sur le fonctionnement de la justice tunisienne qui par ses atermoiements, ses petits calculs et/ou sa manque de fermeté (délibérée ou dictée par des considérations politiques ?) permet aux barons de la corruption de passer entre les mailles du filet et contourner la loi.

Cette situation devient pour le moins grotesque et enlève toute crédibilité aux institutions d’un Etat qui se dit démocratique et de droit. Mais de quel droit parle-t-on ? Celui des hors-la-loi qui achètent tout avec l’argent sale, y compris les dirigeants politiques ? Et les institutions de la république, puisqu’il suffit de devenir chef de parti ou gendre d’un chef de parti, ou encore se faire élire à l’Assemblée pour gagner l’impunité.

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