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Gordon Gray ou « le diplomate américain qui a eu la chance rare de voir le peuple tunisien profiter de sa réussite »

Gordon Gray reçu par l’ancien ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem, en 2012.

Dans une réflexion publiée par l’hebdomadaire anglophone The Arab Weekly, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie Gordon Gray, très régulier chroniqueur sur les affaires de notre pays, revient son expérience de joggeur américain pratiquant son sport dans les rues de notre capitale et de ses banlieues, au lendemain de la révolution… «Des souvenirs impérissables», écrit-il.

Par Marwan Chahla

Gordon Gray n’est pas le commun des agents du département d’Etat américain. Le point culminant de sa carrière professionnelle — qui a débuté en 1982, alors qu’il avait 26 ans — a été sa nomination par le président Barack Obama ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, poste qu’il a occupé de septembre 2009 à juillet 2012. L’homme a été un témoin privilégié de ces années cruciales du déclin de l’ancien régime, de la fuite de Ben Ali, du soulèvement du 14 janvier 2011 et des premiers pas du «Printemps tunisien»…

Des souvenirs de la Tunisie qu’il n’oubliera jamais

Assez fréquemment, en tant qu’observateur averti des affaires tunisiennes, le diplomate américain, à la retraite depuis juin 2015, prend sur sa fin de carrière en tant vice-président exécutif de la National US-Arab Chamber of Commerce ou son farniente, depuis 2017,  pour commenter les développements en Tunisie et pour dire aussi qu’il garde «des souvenirs de la Tunisie qu’il n’oubliera jamais.»

Cette semaine, l’homme qui a été en très grande partie responsable du lâchage américain de Ben Ali, a publié une tribune dans The Arab Weekly, intitulée ‘‘Courir après la révolution’’, où il se plaît de raconter son expérience de joggeur assidu alors qu’il était ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie.

Oui, le diplomate américain, aux moments les plus forts de la Révolution du jasmin, trouvait le temps pour pratiquer sa course à pied. Il écrit: «La révolution qui a poussé Ben Ali à la fuite était beaucoup moins violente que, par exemple, la révolution iranienne [de 1979, ndlr] ou le chaos auquel nous assistons aujourd’hui en Syrie et au Yémen. Bien sûr, il y a eu en Tunisie des fusillades et des pillages – le plus souvent prenant pour cibles les villas luxueuses appartenant au clan Ben Ali – qui ont tourmenté le pays après la fuite du dictateur.»

Une fois la crise immédiate passée et les rues de Tunis ont retrouvé leur calme

Mais cette confusion, selon Gordon Gray, a été d’une courte durée. «Une fois la crise immédiate est passée et les rues de Tunis ont retrouvé leurs calme, j’ai fortement encouragé le personnel de l’ambassade à reprendre vite le dessus, à se ressaisir et retrouver leur vie normale – une vie paisible, en lisant, en regardant un film ou en passant plus de temps avec leurs familles… Pour ma part, il s’agissait de reprendre mes courses  à travers les rues pittoresques de Tunis et ses banlieues côtières», ajoute-t-il.

Ce qui a le plus marqué Gordon Gray, au lendemain de la révolution, c’est la manière et la détermination avec lesquelles les Tunisiens – le plus normalement et le plus tranquillement – «ont renoué avec les rythmes quotidiens de leurs vies.»

«Je connais nombre de diplomates américains qui sont férus de la course à pied, mais ce que j’ai connu en Tunisie est une expérience unique: être capable de faire mon jogging juste au lendemain d’une révolution démocratique et voir par moi-même un peuple profitant des fruits de sa réussite», conclut l’ancien ambassadeur américain, ajoutant que, «quelques années plus tard, j’ai été heureux en revenant en Tunisie de constater que le pays a avancé et, bien sûr, j’ai pu faire mon jogging le long de mes parcours préférés.»

Oui, il y a une moitié pleine de la Révolution du jasmin que nous autres Tunisiens ne voyons pas, car les soucis de la moitié vide, notamment sur les plans économique et social où les changements tardent à venir, ne nous laissent le temps d’apprécier.

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