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Chronique du coronavirus et autres pestes : Le savetier de Bab Alioua

Cimetière du Jellaz à Tunis.

L’histoire du savetier de Bab Alioua peut-être une anecdote mais c’est aussi une histoire vraie. Elle nous rappelle combien nos preux chevaliers sont ignorants de l’histoire de la Tunisie et de ces calamités récurrentes à nos régions, et sont, surtout, incapables de prévoyance.

Par Farouk Ben Miled *

On raconte qu’à l’avant-dernier siècle, l’ancêtre du coronavirus : la peste s’abattît sur la ville de Tunis. Il est vrai aussi que cela n’était pas la première fois de son histoire ni celle des autres villes de notre Mare Nostrum. Et même jusqu’au siècle dernier, le choléra et la variole séjournèrent chez nous, et évidemment le typhus qui nous valut le prix Nobel. Comme chaque fois ce fut une hécatombe.

Cette fois-ci notre savetier installé à la porte de Bab Alioua, à la lisère sud de Tunis, juste en face de celle du cimetière du Jellaz de l’autre côté de la route, eut l’idée saugrenue de jeter un pois chiche dans une jarre placée à côté de lui chaque fois qu’un cortège funèbre traversait la porte pour entrer dans celle d’en face.

Un jour, un habitué des lieux trouva l’échoppe du savetier fermée.

Devant son étonnement le propriétaire d’à côté lui dit : «Notre ami est tombé dans la jarre».

C’est peut-être une anecdote mais c’est aussi une histoire vraie et surtout pour rappeler combien nos preux chevaliers sont ignorants de leur histoire et de ces calamités récurrentes à nos régions, et sont incapables de prévoyance.

Mais revenons à la logomachie qui nous envahit, j’apprends par nos médias qui enfin sont libres, que nos hôpitaux crient misère et sont sous-équipés, que certains médicaments de base sont introuvables et sont victimes de la spéculation, que nos meilleurs médecins sont installés off shore, que des malades contagieux se promènent dans la nature, etc.

Entre-temps et pas plus tard qu’il y a quelques jours, les médias, encore eux, nous apprennent que la gamine d’un ministre en fonction ratatine une voiture de l’Etat au coût de deux cent soixante dix milles dinars en toute discrétion. Ben voyons !

Mais aussi une banque de la place déclare sans état d’âme avoir réalisé cent trente millions de dinars de bénéfices en 2019 et elle n’est pas la seule, une dizaine d’autres ont en fait autant, sinon plus. Il y a là de quoi construire et équiper de A à Z une vingtaine d’autres hôpitaux de 200 lits chacun avec lits de réanimation et appareils respiratoires en surnombre.

De même qu’il y a à peine quelques jours la Tunisie vient d’importer pour soixante dix millions de dollars en soieries diverses.

De son côté la Banque centrale nous annonce sans aucune pudeur avoir rabaissé son TMM à 6,7, celui de la Banque fédérale US étant de zéro point.

Quant au 1818 créé surtout pour venir en aide aux hôpitaux, certains industriels qui, depuis des décennies, se sont largement servis grâce aux subventions européennes, veulent se le partager, et quand il leur arrive d’avoir des remords et la jouer grands seigneurs, ils le font avec tambours et trompettes tel cet industriel et pas des moindres qui exige de l’Etat avec une rare indécence que son obole s’appelle retour par un subterfuge législatif.

De leur côté, les hôteliers qui eux aussi n’ont pas manqué d’aides, se font tirer l’oreille pour loger dans leurs chambres désormais vides les sujets en quarantaine comme c’est le cas en Jordanie.

C’est à croire que le mot solidarité est un mot pervers à ne prendre qu’avec des pincettes.

Et enfin comment ne pas relever que notre président ai attendu l’ambassadeur de Chine offrir la moitié de son salaire pour en faire autant et nous servir ensuite une sortie sentencieuse pour nous annoncer encore une fois que midi est toujours à la même heure.

* Architecte D.P.L.G.

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