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L’impact du coronavirus sur les entreprises tunisiennes, selon Tarak Cherif

La chaîne de télévision privée Attessia a interviewé, le vendredi 20 mars 2020, Tarak Cherif, le président de la Confédération tunisienne des entreprises citoyennes (Conect) au sujet de l’impact du coronavirus sur les entreprises et l’économie tunisiennes, et sur les mesures prises par le gouvernement tunisien et la Banque centrale de la Tunisie (BCT).

A la question sur l’impact de la pandémie du coronavirus et les mesures prises en conséquence par le gouvernement tunisien et le président de la République, sur les entreprises et l’économie du pays, Tarak Cherif répond que la situation est effectivement très difficile, qu’il faut essayer d’en sortir avec le moins de pertes possibles, et se remettre immédiatement au travail quand cette crise sera passée.

Le président de Conect a beaucoup insisté sur la nécessité pour le gouvernement tunisien de soutenir les entreprises tunisiennes, par beaucoup d’efforts et, surtout, une vision. Il a fait part de sa crainte réelle de voir s’effondrer les entreprises tunisiennes, et partant de là, l’économie du pays, ce qui mènerait la Tunisie à ce qu’il appelle un «cataclysme» auquel il n’aimerait pas penser.

Interrogé sur la manière d’aider les entreprises, M. Cherif explique que la Tunisie compte environ 750.000 sociétés dont 700.000 sont très petites. Si ces dernières ne sont pas soutenues en ce moment même, le pays deviendra net importateur, il n’y a aura plus de croissance, ni d’économie, et surtout plus de souveraineté !

En tenant ces propos, le président de Conect déplore le silence des autorités face à cet avertissement lancé plusieurs fois auparavant, pour diverses considérations …

Il a aussi attiré l’attention sur les entreprises européennes qui ont compris qu’elles ne peuvent plus produire en Chine et en Asie, car elles ont besoin de se rapprocher de leur continent, donc de notre région. Une occasion dont il faut profiter, insiste-t-il.

A la question de savoir si les banques tunisiennes suivront les mesures récemment prises par la Banque centrale de Tunisie (BCT), Tarak Cherif pense qu’elles seront effectivement suivies sans aucun doute. Par contre, il estime qu’il y a 2 points importants à discuter à ce sujet : le taux d’intérêt directeur abaissé à 6,75% par la BCT (afin d’éviter l’inflation) reste encore trop cher pour l’entreprise tunisienne.

D’un autre côté, il est absolument important, précise Cherif, de ne pas demander aux entreprises et aux personnes de rembourser les crédits jusqu’à septembre 2020, et de leur accorder ce délai.

Le président de Conect recommande également au gouvernement tunisien de prendre d’autres mesures, vitales pour l’entreprise tunisienne, expliquant que l’Etat a beaucoup de marchés avec les sociétés tunisiennes, mais que plusieurs n’ont pas versé les salaires de leurs employés depuis 6 mois et même un an. Or, si l’Etat paie leurs dus à ces entreprises, en termes de sécurité sociale (CNSS), d’avances sur crédits et sur impôts, de marchés qui n’ont pas été payés, etc, les entreprises pourront à leur tour payer leurs employés. Evidemment, la réponse est connue d’avance, selon Cherif : la Tunisie accuse un manque dans ses finances publiques et donc n’a pas d’argent !

L’autre mesure à prendre par le gouvernement tunisien, recommande le président de Conect, est celle de donner aux entreprises -véritables outils de production du pays- les crédits qu’il obtient, afin qu’elles puissent se redresser. Il faut aussi que le gouvernement tunisien demande une aide financière à la Banque mondiale -parmi d’autres institutions- qui a des ressources disponibles pour combattre le coronavirus. Ceci, en plus des pays amis qui, dans un moment comme celui-ci, peuvent donner des prêts sans intérêt.

Tarak Cherif déplore qu’il n’y ait pas eu de projets PPP (partenariats publics-privés) pour les hôpitaux, qui auraient été en meilleure condition aujourd’hui si cela avait été appliqué. Il en est de même pour les grandes entreprises publiques dont certaines pèsent lourd sur l’Etat tunisien, qui auraient du être restructurées puis vendues, afin de financer les secteurs de la santé et de l’éducation, celui du transport aussi. Là aussi déplore Tarak Cherif, personne ne voulait entendre…

Amina Mkada

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