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Covid-19 : ce n’est pas «qu»’un problème de santé !

La situation de confinement semble absolument indispensable et on ne peut que faire confiance à l’équipe qui, en Tunisie, pilote efficacement la guerre contre le coronavirus.

Par Hichem Skik *

Il faut voir, cependant, que cette situation devient difficile, voire intenable pour les catégories les plus fragiles:

– personnes sans emploi ni ressource;
– journaliers, femmes de ménage, petits métiers…;
– personnes handicapées, âgées… isolées, privées par le confinement de toute possibilité d’accompagnement, etc.

Penser à des solutions urgentes !

La capacité de ces personnes – elles se comptent par millions (en dehors des 850.000 fonctionnaires/employés du secteur public et des 2 millions de salariés du secteur privée) – surmonter toutes ces difficultés, privations, frustrations… ne peut évidemment pas être illimitée ! On peut même affirmer qu’elle n’est déjà pas loin de ses limites.

En plus des personnes empêtrées dans des difficultés financières et logistiques, il faut aussi penser à celles qui vivent mal psychologiquement le confinement, les restrictions, les frustrations : rester enfermé chez soi jour et nuit, rompre le rituel qu’on observe depuis des années et des années, à savoir le travail, les collègues, l’école, le sport, les copains au café ou au bar…

Cela demande certainement, pour certains de nos concitoyens, des efforts héroïques, pas nécessairement à la portée de tous!

Il faut donc absolument apporter des solutions urgentes, d’effet pratique et rapide pour alléger les souffrances de tous ces concitoyens !

Si on ne peut pas mettre fin ou atténuer sensiblement le confinement (éventualité qu’on devrait, me semble-t-il, étudier sérieusement), il faudrait pouvoir mettre au point immédiatement une assistance sérieuse, adaptée aux besoins de toutes les personnes qui rencontrent des difficultés dues au confinement : aide financière, autorisations de circuler, aide à la personne, soutien psychologique…

Cela semble indispensable et urgent, si on veut épargner à notre pays, si mal en point, des manifestations massives d’impatience et de colère.
Comment venir en aide à toutes ces personnes qui souffrent plus que d’autres du confinement?

Tout le monde a découvert ou redécouvert, à l’occasion de la catastrophe que nous vivons, le rôle important, décisif et irremplaçable de l’Etat. Que les pendules soient remises à l’heure: rien ni personne n’aurait pu gérer cette crise. Seul l’Etat le pouvait, et il le fait manifestement du mieux qu’il peut, avec les moyens dont il dispose!

Cependant, vu l’ampleur de la catastrophe sanitaire et les limites bien connues des possibilités de l’Etat, ce dernier, même s’il fait l’indispensable effort de réviser à la hausse les sommes qu’il a initialement prévues pour les mesures d’accompagnement de l’épidémie – n’a aucunement les moyens de faire face tout seul!

Le rôle exceptionnel de la société civile

On a beaucoup vanté, depuis la révolution, et à juste titre, l’importance du rôle que la société civile dans notre transition démocratique.

À mon avis, si la société civile a un rôle décisif en temps normal, son rôle devrait, en ces temps si difficiles, être exceptionnel.

Elle est même, me semble-t-il, mieux outillée que l’Etat pour certaines de ces tâches de soutien de proximité aux personnes en situation de fragilité, et elle devrait déployer au plus tôt sa générosité, son dévouement désintéressé, son savoir-faire social et humain… pour seconder les efforts de l’Etat, en corriger les failles et les insuffisances.

Alors, que la société civile soit à la hauteur de ces défis! Les personnes fragiles ont besoin de vous! La Tunisie a besoin de vous!

* Universitaire et militant politique.

P.S.1. Les associations ne doivent pas compter seulement sur leurs propres moyens: elles doivent susciter et, surtout, organiser la solidarité des citoyens avec leurs concitoyens: beaucoup d’entre nous aimeraient aider (à part 1818, par exemple, prendre en charge des familles, etc.), mais nous sommes confinés, isolés… et ne savons pas nécessairement quoi faire.

P.S. 2. N’oublions pas nos amis immigrants: étudiants, «travailleurs» originaires de l’Afrique subsaharienne plus ou moins réguliers…!! Voici un lien qui a l’air sérieux.

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