03 Avr 2020 | 10:44 A LA UNE, POLITIQUE, TRIBUNE, Tunisie
Alors que la pandémie du covid-19 sévit dangereusement, le parlement tunisien joue le bras de fer avec un gouvernement qui se démène comme il peut, face aux urgences sanitaires et contingences socio-économiques liées. Un parlementarisme obstructeur, pathétique et révoltant!
Par Dr Moktar Lamari *
À l’échafaud, depuis deux semaines, le gouvernement Fakhfakh demande au parlement le pouvoir de légiférer par ordonnance (pour 2 mois), et ce pour agir en urgence contre le covid-19. Peine perdue, les parlementaires tergiversent depuis deux semaines et veulent tout contrôler : l’action gouvernementale et l’action collective. Pourquoi et quels sont les enjeux?
En cause des parlementaires indifférents, désabusés, jusqu’au-boutistes et capables de sacrifier l’urgence sanitaire sur l’autel des rapports de force politiques. Alors que les sirènes des ambulances raisonnent partout en Tunisie et que l’économie est quasiment paralysée, les partis représentés au parlement se disputent le pouvoir et lorgnent le contrôle de l’aide internationale apportée à la Tunisie en cette période pandémique.
Pathétique et révoltant! Le parlement, présidé par le cheik Rached Ghannouchi, fondateur du parti islamiste Ennahdha, ne veut rien céder au gouvernement d’Elyes Fakhfakh, récemment nommé, pourtant grâce à un vote de confiance des mêmes parlementaires.
En pleine crise sanitaire, en pleine crise économique et sociale, nous avons vu la semaine dernière un député déposer en urgence une loi voulant pénaliser les discussions et les débats politiques sur les réseaux sociaux, surtout sur Facebook. Un député affairiste qui a certainement voulu faire diversion, détourner l’attention du covid-19, pour faire passer en catimini une loi jugée antidémocratique et autoritaire dans ses fondements et ses aspirations.
Les tensions et le bras de fer politiques sont à leur comble. Les trois pouvoirs gérant la Tunisie d’aujourd’hui sont en guerre larvée entre eux, plutôt que de se serrer les rangs et faire front commun contre la pandémie.
Le pouvoir législatif, dominé par les islamistes du parti religieux Ennahdha veut imposer ses empreintes sur toutes les décisions ayant trait à la gouvernance de la crise et ses leviers : fiscaux, municipaux, réglementaires, etc.
Le pouvoir présidentiel ne laisse rien passer non plus! Le président Kaïs Saïed déclare en public que «la Tunisie dispose des budgets requis, mais ce qui fait défaut c’est l’allocation et la distribution de l’aide aux plus démunis et les plus impactés par le confinement total imposé». Il va plus loin, le président monopolise l’attention des médias pour, notamment, critiquer le rendement des mesures gouvernementales prises dans le cadre de la lutte à la pandémie. Ce faisant, et comme à son habitude, il ne présente aucun indicateur, aucune statistique ou donnée probante étayant ses jugements et sa rhétorique au sujet de la pandémie.
Au niveau du chef du gouvernement, l’enjeu consiste à se doter de plus de marges de manœuvre dans la valorisation de l’aide internationale, dans la prise de décision, pour mobiliser et allouer les ressources selon les priorités et les parties prenantes impactées: entrepreneurs, consommateurs, industriels, etc.
Le chef de gouvernement reconnaît indirectement que l’équivalent de 1,4 milliard de dollars (environ 4 milliards de dinars tunisiens) a été mobilisé, en aide d’urgence, durant les trois dernières semaines auprès du FMI, de la Banque Mondiale, de l’Union européenne, de la BAD, du FADES, de la Chine, du Qatar, etc.
Un montant colossal et qui représente presque 14% du budget de l’État. Un montant qui se trouve subitement entre les mains du gouvernement Fakhfakh pour mettre en œuvre et dans l’urgence toutes les mesures de lutte au Covid-19, de prise en charge des répercussions socio-économiques.
Une manne providentielle qui fait saliver Ghannouchi, le président du parlement, et ses troupes. Ils veulent tous s’immiscer dans la gouvernance de la crise, en voulant être juges et parties. Juges en exerçant leur rôle parlementaire de contrôleur de l’action du gouvernement et parties en mettant la main sur la gouvernance financière et opérationnelle de l’état d’urgence sanitaire. Tous savent que la Tunisie va bénéficier de suffisamment d’aides économiques de la part de ses partenaires internationaux. L’aide afflue de jour en jour, et c’est tant mieux!
Il y a une sorte de chantage et d’abus de pouvoir manifeste de la part de Ghannouchi et les députés de son parti, qui ne reculent devant rien pour soumettre le chef de gouvernement à leurs diktats en cette situation de crise, situation où tous les religieux espèrent faire du capital politique en distribuant de l’aide et en jouant les Samaritains.
En voulant freiner au maximum le gouvernement Fakhfakh, les parlementaires tunisiens veulent aussi servir leur électorat, imposer leur agenda et pourquoi pas leur région, leurs et réseaux et groupes de pression affiliés.
Ils ne veulent surtout pas que les dividendes politiques de cette gestion de l’aide internationale soient valorisés et récupérés par Elyès Fakhfakh, un chef de gouvernement ambitieux, ayant démontré sa combativité politique, la sagacité de ses stratégies de mobilisation du capital social et des liens de sympathie au niveau international.
Ce qui est certain, le parlement actuel est jugé toxique de par ses démarches tordues et ses pressions inexpliquées sur un gouvernement en pleine guerre contre une pandémie inédite dans l’histoire contemporaine de la Tunisie.
Ce parlement est aussi calamiteux en raison des inconduites d’un très grand nombre de parlementaires sur lesquels pèsent des soupçons de spéculation, de blanchiment d’argent, de terrorisme, de corruption, de violences verbales lors des débats parlementaires, etc.
Pour toutes ces raisons, les parlementaires de la nouvelle législature (2019-2020) ont perdu la confiance du public. Et le pire, ceux-ci ne semblent pas se rendre compte du niveau d’insatisfaction qu’ils suscitent chez les citoyens et opérateurs économiques.
Cette insatisfaction prend de l’ampleur et donne des ailes à la société civile et surtout aux organismes à but non lucratif qui supplantent et de plus en plus les partis dominants, par leurs actions sur le terrain de l’aide aux victimes du coronavirus et de l’appui direct aux communautés impactées par les mesures de confident général.
Cela dit, tous ces montants monétaires consentis sous forme de dons et de prêts internationaux sont dans leur essence motivés par les impératifs voulant réformer structurellement l’économie, moderniser l’État, introduire plus de flexibilité dans l’économie.
Le temps c’est l’argent, et cela n’est pas suffisamment compris par les partis dominants au sein du parlement. Le débat parlementaire autour de la délégation de certains pouvoirs du chef du gouvernement dure depuis presque 15 jours, alors que le pays est quasiment fermé avec tout ce que cela comporte comme urgences en matière d’aide aux victimes et mesures exceptionnelles d’applications du confinement total. Sur la vingtaine de mesures d’aides d’urgence, les deux tiers ont besoin de textes de lois facilitant leur application.
La Tunisie ne peut plus se permettre autant d’irresponsabilité au sein d’un parlement noyauté par les groupes d’intérêt, par un populisme abrasif et par des idéologies fanatisées. Un parlement, où un grand nombre d’élus veulent obtenir plus de pouvoirs et surtout plus de privilèges, qu’ils n’ont pas pu obtenir ailleurs, et grâce à des compétences et mérites confirmées.
En conclusion, rappelons que les bailleurs de fonds internationaux s’attendent à ce que la gouvernance de l’après covid-19 soit différente de celle de l’avant covid-19. Ils tiennent mordicus aux réformes structurelles convenues, notamment avec le FMI (en 2016) et qui tardent à venir.
* Universitaire au Canada.
le principe: pour arriver à un objectif pour le bien de la Tunisie et son peuple il doit casser tous les barrages qu’il rencontre en s’entourant avec des gens honnêtes et serieux
A l’instar du parlement britannique l’ARP devrait se mettre en congé jusqu’en Septembre et laisser le gouvernement travailler ;c’est le meilleur service à rendre au pays.
Cela serait un indicateur leur niveau de patriotisme,tout en évitant les chamailleries inutiles et leur donnerait le temps de réfléchir sue l’aprés corona .
Les frérots et leur chef-chikh ont l’intention d’être à la fois dans le gouvernement Kakhfakh et dans l’opposition. Quand on n’est pas convaincu des principes de la démocratie, on jongle avec, selon les intérêts de ce semblant de parti politique. Les frérots d’Ennahdha n’ont voté pour le gouvernement Fakhfakh que pour éviter le scénario de la dissolution de l’ARP. Ils ont eu peur de voir une bonne partie de leur base électorale les abandonner pour rejoindre ces autres illuminés de Makhlouf.
L’opposition des islamistes, tous partis et collectifs confondus, au gouvernement actuel est à situer dans leur objectif principal et commun, à moyen terme, d’affaiblir l’Etat National, et préparer l’avènement du régime islamiste. Pour y arriver, ils prennent position et agissent au nom de cette démocratie à laquelle ils ne croient nullement. Observons les réactions et les déclarations de certains de ces « allahistes » : Makhlouf ouvre le bal en déclarant que tout ce qui représente l’Etat, particulièrement, les forces de l’ordre et l’armée, doit disparaître dans l’espace public. Les présidents de municipalités s’organisent en confédération pour exprimer leur non soumission aux décisions du chef de gouvernement, même en période de crise et d’état d’urgence. Le maire de Tataouine a été clair sur cette position. Rappelons que cette décentralisation sous couvert de démocratie participative a été surtout initiée par les frérots et leurs alliés. Il existe tant d’autres d’indices qui le prouvent, surtout depuis les dernières élections législatives. Bien sûr que certains vont penser que c’est exagéré tout ça, que ces théories du complot ont montré leurs limites et leur manque de réalisme. Certains vont dire qu’on a des lois, des « modernistes », des « centristes »… et tout le bla bla bla…! Mais qu’ils descendent dans les rues, dans les quartiers surtout populaires pour voir ce qui passe : radicalisation généralisée du bon peuple, des « zwaoula », futures milices à la solde des frères musulmans en Tunisie.
Le peuple lui-même descendra dans les rues pour réclamer son califat.
Le vice ne vient pas d’un parlement en particulier quels que soient ses défauts et ses composantes politiques. Il provient d’un système : le parlementarisme qui ne convient absolument pas à la Tunisie. La raison en est très simple : la classe politique tunisienne, parlementaires compris, est éclatée, marquée par l’égotisme de ses dirigeants, imprégnée d’idéologies de toute sortes. Elle manque enfin totalement de compétence face aux grandes crises qui affectent la nation. Elle s’en remet le plus souvent à des « technocrates » médiocres qui ont ses faveurs parce qu’ils savent brosser dans le sens du poil et attendent en retour des récompenses à titre individuel. La bonne vision des choses a ainsi déserté les rangs du parlement. La Tunisie a besoin d’un gouvernement fort qui décide, avec en face de lui des contre-coupoirs forts qui jugent et contrôlent son action. Le sytème présidentiel à l’américaine est certainement ce qui convient le mieux au pays. Donner des pouvoirs sans limites au Premier ministre (Fakhfakh ou un autre) est absurde. Non-élu, il ne peut pas supplanter le président de la République, élu du suffrage universel, et possédant seul la légitimité populaire face à son Premier ministre. C’est notre sytème institutionnel, dans les conditions particulières de notre pays, notamment sa sociologie, qui marche sur la tête. Que la crise du Covid19, une fois surmontée, permette une réflexion sérieuse sur notre architecture institutionnelle et le fonctionnement de nos institutions. La Tunisie a besoin d’être gouvernée au lieu de péricliter au milieu de polémiques sans fin, dites politiques, alors qu’elle s’apparentent le plus souvent à des discussions de café de commerce, voire parfois à des querelles de cours de récréation.
Morale de l’article
-Le parti des diables comptait profiter de la crise actuelle pour régaler ses milices et pourquoi pas, avec les petites miettes restantes se refaire une virginité en se plaçant sur le front de la lutte contre la covid-19 à l’image du ministre actuel de la santé..
– Comme à l’accoutumée, démunis de toute dignité avec leurs alliés, ils ont finalement cédé et le tapis a été retiré de sous leurs sales pattes par le chef de gouvernement actuel, qui, même un peu novice, espère redorer son image en se mettant comme figure de proue dans la bataille.
Il n y a plus qu’à espérer que la Tunisie s’en sortira avec les moindres dégâts; quelle que soit l’issue, on a pour le moment une durée de deux mois pendant laquelle les khwenjias et leurs tentacules ne nous les casseront pas.. leur toxicité?? on utilisera les désinfectants restants à la fin de cette crise pour les en arroser.. ils le seront moins
l’armée prenez les par les couilles et mettez les au trou pour trahison
Je ne sais pas si la Constitution le permet, mais si cela peut se faire, il faut, situation exceptionnelle oblige, et pour mettre un terme aux tergiversations des empêcheurs de tourner en rond, dissoudre ce parlement, le gouvernement pourra alors gouverner à son aise en attendant les nouvelles élections qui ne pourront avoir lieu que quand le confinement sera levé entièrement..
Car non seulement il va falloir gérer en urgence les conséquences de l’épidémie à court terme mais également les répercussions économiques et sociales à moyen ou à long terme. Alors il faut que l’équipe gouvernementale puisse agir sans avoir à supporter les scènes de ménages du parlement.
Les parlementaires dits progressistes ne font pas mieux et surtout ceux issus du milieu de la corruption comme les kalb tounes et ne cherchent qu’à accapparer le pouvoir et ne donnent pas d’intérêt à l’être humain et sa santé, mais seulement au pouvoir comme les députés de abir moussi, les soi-disant nationalistes arabes à l’image de leurs idoles Assad et Saddam qui tuent leurs peuples pour garder le pouvoir et aussi les communistes à l’image de Poutine qui s’en fout de ce qui arrive à son peuple. Tous sont à jeter à la poupelle.
Exactement jilani
LE TEMPS PRESSE.
Comme notre constitution est un peu bancale, au chef de gouvernement de prendre les decisions sans se référer a cet incongru de R.G.
Légiféré par ordonnance, c’est une règle qui existe partout dans tous les pays démocratique. Le chef du gouvernement engage la responsabilité de son gouvernement pour appliquer les lois et point barre.
Pas besoin de perdre son temps avec le président du parlement, car ce dernier ne fait que du blocage pour semer le trouble dans le pays.
Alors à quoi bon de faire des courbettes pour faire du sur place.
P. S.
Ou bien si la Constitution ne prévoit pas le cas de la dissolution pour situation exceptionnelle, il n’y a qu’à confiner la chambre des députés… Comme ça ils fouteront une paix royale à ceux qui doivent sérieusement travailler pour le pays…
L’ARP, Le boulet de la Tunisie..Le Frein,la Tare.L’ARP repére de brigands dont l’impunité est totale a juré la perte du Pays et prépare le Chaos..Cette Épidémie sera la remise en cause de ce système destructeur et voyou..Revenons vite a un système Présidentiel avec un seul homme a la barre et au Diable les Gourous
M.Lamari je vous demande de ne pas faire de politique et de rester objectif. Ce n’est sûrement pas en critiquant M.Ghannouchi que les choses avanceront. Je ne vous connait pas et pourtant a la lecture de votre article on comprend que vous n’aimez pas Ehnnada mais merci de garder vos idées pour vous et au contraire il faut soutenir les pouvoirs exécutif et législatif en ces temps difficiles. Merci
Modérateur de Kapitalis : Vous n’avez pas le droit de censurer l’auteur. Il veut partager ses idées et c’est son droit le plus absolu. N’en déplaise à ceux qui, comme vous, aiment Ghannouchi et ne supportent pas d’entendre des critiques du chef islamiste.