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Cité médicale des Aghlabides à Kairouan : Les architectes civils mécontents

L’attribution de la conception de la Cité médicale des Aghlabides à Kairouan à des architectes de l’armée nationale n’est pas du goût de certains architectes civils, dont l’auteur de cette tribune, estimant qu’un bâtiment à caractère civil n’est pas du ressort des architectes militaires.

Par Sahbi Gorgi *

Après la tentative, heureusement avortée, de lancer un appel d’offre clefs en mains pour l’extension de l’aéroport Tunis-Carthage, en plaçant l’architecte sous tutelle de l’entreprise…

Après la désignation d’une entreprise turque pour la construction clef en mains d’une académie de police, à Enfidha, en faisant fi de la souveraineté nationale et qui risque de mettre entre des mains étrangères les plans et détails d’un bâtiment hautement sécurisé…

Voilà que dans la conception d’une Cité médicale des Aghlabides à Kairouan, imaginée par le chef de l’Etat, nos confrères militaires sont mis à contribution dans les bâtiments civils qui ne sont en aucun cas de leur ressort.

En tant que président du Conseil de l’ordre des architectes de Tunisie, je ne peux tolérer ces dépassements répétés. Je signale est précise que le clef en main en Tunisie est actuellement en totale contradiction avec l’exercice de la profession d’architecte et qu’une décision de justice a déjà tranché en ce sens en 2016. Dans le bâtiment, on ne peut être à la fois juge et partie, l’architecte indépendant de l’entreprise est le seul garant de la bonne exécution.

Je rappelle que le chef de l’Etat est par définition garant du respect de la loi.

Je rappelle aussi au chef de l’Etat qu’un projet de cette envergure ne peut être que participatif, pluridisciplinaire et transversal, qu’il doit respecter plusieurs critères environnementaux, sociaux, économiques et techniques.

Un projet de cette envergure ne peut être conçu et réalisé sous la responsabilité d’une seule et unique partie.

J’en appelle donc à nos gouvernants pour s’adresser aux véritables professionnels de la maîtrise d’œuvre et de respecter les lois en vigueur dans toute réflexion architecturale et urbaine.

* Président du Conseil de l’ordre des architectes de Tunisie.

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