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Affaire Ali Lajnef : que veut cacher la police ?

Les pompiers ont trouvé Ali à la rue Hafouz sous le graffitis représentant un cœur (à gauche, l’emplacement où a été retrouvé la victime).

Les ami(e)s et la famille d’Ali Lajnef, professeur de philosophie qui a consacré sa vie à défendre la justice, les libertés, les droits humains, tout en enseignant à élèves et à ses étudiants les vertus de la vérité ne peuvent et ne veulent pas rester les bras croisés devant ce qui s’apparente à une volonté manifeste d’enterrer l’affaire après avoir enterré un homme décédé dans des circonstances violentes restées inexpliquées.

Par Mohamed Chérif Ferjani *

Le 26 juillet 2020, il y a plus d’un mois, notre ami Ali Lajnef, militant depuis les années 1970 dans les rangs de la gauche et de l’UGTT, est décédé au service d’urgence de l’Hôpital Farhat Hached de Sousse, après y avoir passé plus de 24 heures : les pompiers l’y avaient transporté la veille, le 25 juillet, vers 16h30, suite à un appel les informant qu’il y avait un homme blessé au bord de la rue Hafouz, au pied du mur de protection de la voie ferrée (voir l’image de la ruelle ci-haut) à Sousse. Lorsque les pompiers sont arrivés, la police était déjà sur place.

À l’hôpital, vu l’état du blessé, il était difficile d’intervenir. Faute de places dans les services de réanimation dans les hôpitaux de Sousse et de Monastir, on a préféré le garder en espérant une amélioration de son état pour tenter une intervention. Son épouse et sa famille n’ont été averties que le 26 juillet à 11h du matin, environ 18 heures après son admission à l’hôpital et 10 heures avant son décès. Son épouse était présente auprès de lui, ainsi que son fils, son frère et quelques amis. Ils ont constaté des blessures au visage, et des contusions à l’arrière de la tête, sans pouvoir échanger avec lui. Il était déjà dans le coma. Le lendemain, 27 juillet, la famille n’a eu l’autorisation de le sortir de l’hôpital pour l’inhumer que dans l’après-midi, après le constat du décès par les autorités médicales et judiciaires.

Ali Lajnef.

L’enquête se heurte à des obstacles incompréhensibles

Depuis, les démarches de sa famille, pour connaître la vérité quant aux causes de son décès, se heurtent à une série d’obstacles incompréhensibles, ainsi qu’à des incohérences et des contradictions entre les déclarations des pompiers, de la police, du juge d’instruction se basant sur le rapport de la police, et des services médicaux : le rapport de la police, remis au juge d’instruction qui en conclut que le dossier est vide qu’il n’y a rien à faire, tient en deux phrases constatant le décès suite à une chute le 25 juillet à 10 heures du matin, sans aucune mention de ce qui s’est passé entre la date et l’heure réelle du décès – le 26 juillet à 22 heures – et le 25 juillet à 10 heures du matin, heure où il était encore chez lui, avec sa famille qui l’a eu au téléphone le même jour à 14 heures, soit 2 heures avant que les pompiers ne soient appelés pour venir le chercher et l’amener au service d’urgence de l’hôpital Farhat Hached aux environs de 16h30 !

Que cherche à cacher la police en avançant le moment du décès de 36 heures sans rien dire sur ses circonstances réelles ? Comment les autorités judiciaires peuvent-elles se fier à un tel rapport que contredisent les versions des pompiers, de l’hôpital et qui sont en flagrante contradiction avec le fait que les autorités judiciaires et médicales n’ont autorisé l’enterrement que le 27 juillet après avoir constaté le décès à l’hôpital Farhat Hached à Sousse ? Comment expliquer une telle négligence de l’enquête et comment expliquer que le rapport du médecin légiste ne soit pas encore établi plus de cinq semaines après l’enterrement ?

La vérité ne doit pas être enterrée avec la victime

Les ami(e)s et la famille d’Ali Lajnef ne peuvent et ne veulent pas rester les bras croisés devant ce qui s’apparente à une volonté manifeste d’enterrer l’affaire après avoir enterré un homme qui a consacré sa vie à défendre la justice, les libertés, les droits humains, tout en enseignant à ses élèves et à ses étudiants les vertus de la vérité. Ses ami(e)s d’Al-Massar et des autres composantes de la gauche, l’UGTT et la Ligue des droits de l’Homme doivent s’associer aux démarches entreprises par sa famille et se battre avec elle pour que toute la lumière soit faite sur les conditions et les causes du décès de notre camarade et ami Ali Lajnef! Le moins que nous lui devions est que cette affaire ne soit pas enterrée avec lui.

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