01 Oct 2020 | 10:56 A LA UNE, ECONOMIE, TRIBUNE, Tunisie
La Tunisie prend, actuellement, beaucoup de risque pour sauver le secteur touristique alors que l’agriculture est plus à même de sortir le pays de la crise.
Par Amine Ben Gamra *
Le secteur de tourisme est certes un gros employeur de main d’œuvre. Néanmoins, les statistiques de l’Etat montrent une baisse brutale des recettes en devises générées par les activités de l’hôtellerie et du voyage. Fin juillet 2020, les recettes touristiques ont chuté de 56%, ne dépassant pas le 1,2 milliard de dinars, contre 2,8 milliards de dinars, durant la même période de l’année dernière, selon les indicateurs monétaires et financiers publiés mercredi 30 septembre 2020 par la Banque centrale de Tunisie (BCT).
En 2008, le tourisme rapportait à la Tunisie 2 milliards de dollars. Mais depuis 2015, les transferts de la diaspora ont détrôné ceux de ce secteur en crise et qui a du mal à se réformer et à se diversifier.
À cela s’ajoute le grand nombre de prêts bancaires non performants accordés aux opérateurs de ce secteur et qui ont un impact négatif sur les bilans des banques, les empêchant de prêter aux jeunes entrepreneurs – mais le sujet est tabou à Tunis. Pourtant, le nettoyage du bilan des banques tunisiennes de ces prêts permettrait à celles-ci d’encourager des milliers de jeunes entrepreneurs souhaitant créer ou développer leur entreprise. Mais le manque d’audace et les pressions du puissant lobby hôtelier empêchent la mise en œuvre de nouvelles idées pouvant relancer l’économie.
Pire encore, la décision de rouvrir les frontières à partir du 27 juin dernier, officiellement pour sauver la haute saison touristique, met, aujourd’hui, la Tunisie face à d’énormes risques épidémiologiques et leurs conséquences économiques. En effet, la survenue d’une deuxième vague de Covid-19, probablement encore plus puissante que la première, est évoquée depuis plusieurs semaines. Et on commence même à en observer les prémices inquiétants.
Pendant de nombreuses années, l’attention de l’État était portée sur le tourisme aux dépens, notamment, de l’agriculture alors que ce secteur, qui emploie davantage de main d’œuvre et fait vivre beaucoup plus de familles, contribue infiniment plus au développement du pays que quelques millions de touristes qui achètent des séjours à des prix souvent bradés.
Il faut se rendre à l’évidence que la Tunisie prend actuellement beaucoup de risque pour tenter de sauver le secteur touristique, alors que l’agriculture peut contribuer à créer davantage de richesses et d’emplois et participer plus significativement aux efforts pour sortir le pas de la crise où il se morfond depuis 2011 et qui a été aggravée par pandémie de la Covid-19, laquelle, faut-il le rappeler, à eu un impact contrasté sur les différentes activités économiques. Car si elle a mis carrément à l’arrêt celles liées au voyage, au tourisme et aux loisirs, elle a plutôt impulsé celles liées à la production agricole et agroalimentaire.
Cette nouvelle réalité devrait donner à réfléchir aux architectes de notre modèle économique, lequel gagnerait à s’orienter davantage vers le secteur agroalimentaire. Il faut pour cela inaugurer une nouvelle ère de prise de décision rationnelle, qui tienne plus compte de l’intérêt général du pays que des intérêts particuliers des réseaux et des lobbys animés par une poignée de rentiers.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.
Vous avez absolument raison. Il est temps de se tourner vers l’agriculture qui a été longtemps négligée sous tous ses aspects. C’est le moyen le plus sûre d’assurer l’autonomie et la souveraineté de l’État. Le tourisme depuis bien des années ne fait que ruiner le pays par l’absorption de dons, de subventions, d’emprunts non remboursés dans la majorité des cas et des devises qui souvent ne rentrent pas dans le pays.
Il faut être de piètres dirigeants pour avoir misé sur le tourisme depuis de nombreuses décennies. Des sommes faramineuses ont été englouties depuis que les lobbies de ce secteur ont pesé lourdement sur les orientations et les décisions économiques. On est en droit de parler de corruption des décideurs aux dépens effectivement de l’agriculture dans un pays essentiellement agricole, ancien grenier de Rome. Aujourd’hui, les reveils sont douloureux et le seront davantage si on n’a pas le courage de reconnaître rapidement ses erreurs et de se soustraire à la corruption. Il y a déjà bien longtemps que de nombreux experts, hostiles à l’abandon de l’agriculture au profit du tourisme, nous avaient prévenus.
Oui, bon, « ancien grenier de Rome », peut-être, jadis, il y a trèèèèèès longtemps !
Mais entretemps, le pays a été ravagé par certaines hordes de sauterelles venues d’une certaine péninsule du Proche-Orient.
NOUS NE NOUS EN SOMMES JAMAIS REMIS !
Et, en plus, depuis la « RR », la « Révolution Ratée », personne ne veut plus s’emm..der à ramasser les patates, tous préfèrent fuir vers « blèd errwamas ».
C’est bien mignon de vouloir du bien à l’agriculture tunisienne, mais plus aucun jeune homme n’y veut travailler ! Les jeunes tunisiens sans métier rêvent tous d’embarquer dans une barcasse pourrie, direction la France ; fût-ce au risque d’engraisser les homards, les rascasses et les clovisses.
Tandis qu’avec le tourisme, on a toujours une chance de « sauter » une laideron allemande, puis de partir en Europe dans les bagages de la Gretchen.
si nos decideurs avaient un peu de bon sens ca se saurait
Si le petit peuple tunisien avait un peu de bon sens, il accepterait les modestes emplois agricoles plutôt que de foutre le camp en France au risque de finir noyé et bouffé par les poissons.
je suis entièrement d’accord avec toi.
Je ne pense pas que l’agriculture fait travailler 1 million de personnes, directement et indirectement dans différentes régions de la Tunisie.
Le tourisme a certainement pompé dans les caisses des banques afin de se développer, mais il demeure un vecteur qui reflète la Tunisie, qui a fait connaître la Tunisie du nord au sud et de l’est à l’ouest.
L’agriculture n’aurait pas eu cet impact sur le pays.
Développer les deux secteurs est la meilleure solution.
Naturellement,les anti tourisme seront d’un autre avis.
Voilà un post équilibré ! La vérité n’est jamais dans le « tout ou rien ». Il faut de l’agriculture, il faut du tourisme, il faut de l’industrie, il faut de l’éducation. Le tout est dans l’équilibre et la mesure.
Analyse lucide . La Tunisie a d’autres atouts qui permettraient d’espérer sortir le pays de la crise actuelle de créer des emplois pérennes et générer des exportations …encore faut-il une vision politique .
Le populo tunisien est trop bête, il préfère « ce qui brille ». Et surtout, avec le tourisme, « ya bon » le sexe et le rêve à bon marché. Et aussi, « ya bon » les bonnes grosses rétrocommissions quand on commande l’équipement des hôtels.
On dirait que l’auteur s’adresse à un peuple sérieux, un vrai peuple avec une vraie cervelle. Mais non, nous autres tunisiens nous sommes comme certains singes de Thaïlande, nous sommes prêts à lâcher un beau fruit bien nourrissant pour un éclat de miroir que le soleil fait briller.
Donc, mon brave Monsieur, vos beaux discours rationnels et bien argumentés NE SERONT PAS SUIVIS, c’est aussi simple que ça.
Que voulez-vous, le tunisien aime trop le sucre, le lucre et le stupre…
il est un peu tard pour redressr la barre.Le tutu ne veux pas travailler et surtout a la terre.Trop degradant c’est plus facile de draguer et d’escroquer.
Beaucoup d’approximations et d’affirmations gratuites sur la puissance de l’agriculture capable de faire la différence et remplacer le tourisme. Première remarque :peu de tunisiens sont pres à travailler dans les champs. Deuxièmement pour faire de l’agriculture intensive il faut beaucoup de ressources hydrauliques. Troisièmement :une agriculture necessite beaucoup de pesticides du coup les produits ne pourraient pas etre exportés notamment vers l’Europe…
La Tunisie peut gagner beaucoup d’argent avec le « BIO » !
Je suis gros consommateur d’un produit pimenté bien connu, vendu dans des tubes jaunes à 0,60€ pièce (j’habite en France assez près de la Belgique et de l’Allemagne) ; je suis prêt à acheter ce même tube le double de prix si cette harissa tunisienne était « bio ». Idem pour l’huile d’olive, certaines conserves, etc. Bon, je reconnais que je n’ai rien d’un prolo, mais je pense qu’il y a un excellent potentiel d’export dans « l’agriculture biologique », en tout cas en Europe de l’ouest.
Un simple accord avec AliPay peut rapporter autant que le tourisme. Les transferts des expats sont de 5,5 milliards par an, les frais de transferts avec la poste sont de 14,7%, les frais de transferts avec AliPay sont 0,1%. 14,7% de 5,5 milliards c’est 808 millions de dinars soit 67% des recettes touristiques pour une simple signature de la BCT. Les transferts des expats peuvent augmenter si les banques tunisiennes suivent l’exemple de la BIAT et offrent des comptes en dollars ou euros pour les expats (non pas le dinar convertible).
Rajoutez la crainte que nous, les TRE, avons de « coincer » notre fric en Tunisie. Du coup, nous ne prenons que le minimum de devises pour arriver « chez nous » en vacances, et nous essayons de financer nos vacances par un échange « chèque en euro contre liquide en DT sur place » ; « au black », bien entendu…
De plus, les mauvais traitements que nous subissons en Tunisie de la part des hôteliers, des douaniers et même des flics nous conduisent… à privilégier le tourisme dans des cieux plus amènes que « chez nous ». Au Portugal, à Chypre, au Maroc, par exemple.
Un immense potentiel de clientèle est perdu par manque de confiance des TRE. Sans compter l’attitude immonde des biznessas envers nos femmes et nos petites-filles, pour peu qu’elles soient blondinettes.
Rajoutez à cela l’insécurité chronique et le risque de se faire égorger au bord d’une route après une innocente sortie au restaurant…