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Le cinéma tunisien entre salles locales fermées et succès international

Alors que les salles de cinéma et les lieux de culture en général sont fermés en Tunisie à cause de la crise sanitaire mondiale liée au coronavirus, la nouvelle génération de cinéastes tunisiens continue de briller dans les festivals internationaux.

Par Fawz Benali

A peine avaient-elles rouvert leurs portes après le confinement général décrété au mois de mars dernier suite à la pandémie du Covid-19, que les salles obscures ont de nouveau replongé dans le noir avec la deuxième vague du virus, comme d’ailleurs le reste des espaces culturels (théâtre, salles de spectacles, musées, galeries d’art…) dont on ignore encore la date de réouverture.

La culture ne s’apprécie pas à distance, encore moins en solitaire

Certains festivals et événements artistiques ont opté pour la formule numérique afin de garder un soupçon de lien avec le public et pour pallier la vacuité culturelle qui a marqué cette année désastreuse autant sur le plan sanitaire, économique et social, en Tunisie comme ailleurs dans le monde.

Kaouther Ben Hania, l’étoile montante du cinéma tunisien, poursuit son bonhomme de chemin.

Toutefois, et malgré toutes des multiples offres numériques improvisées dans l’urgence que l’on nous a gratuitement offert sur la toile (visites virtuelles de galeries et de musées, films en streaming, concerts de musique en live sur les réseaux sociaux …), le secteur culturel n’a pas échappé à ses pires heures, car il faut le rappeler, la culture et notamment les arts vivants, ne s’apprécient pas à distance, encore moins en solitaire, surtout en cette période lourde et critique où sévissent dangereusement les tensions idéologiques, les discours de haine et l’obscurantisme religieux.

L’art et la culture ne sont pas un luxe ou un simple outil de divertissement, il s’agit indéniablement de l’un des remparts les plus solides contre la pensée unique, grâce notamment aux nouveaux horizons, aux débats et à l’interaction intellectuelle que les artistes nous offrent.

Les salles de cinéma sont donc fermées depuis plusieurs mois (à l’exception des quelques semaines où elles ont rouvert avec des conditions sanitaires très strictes) et les grands rendez-vous cinématographiques sont soit annulés comme le Festival du cinéma méditerranéen Manarat, soit – dans le meilleur des cas – reportés et reconvertis en petits festivals nationaux et non-compétitifs comme les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) qui ont dû sacrifier la compétition officielle et les invités internationaux pour se contenter d’une édition rétrospective qui devait au départ se tenir durant ce mois de novembre et que l’on a reportée au mois de décembre dans l’espoir de contenir la propagation du virus d’ici-là.

Mehdi Barsaoui et les deux vedettes de son premier long-métrage «Un fils»: Najla Ben Abdallah et Sami Bouajila.

Les cinéastes tunisiens continuent de respirer grâce aux festivals internationaux

En regard de cette crise culturelle, beaucoup de films tunisiens sortis cette année n’ont toujours pas rencontré le public tunisien, comme le tant attendu «L’homme qui avait vendu sa peau», dernier long-métrage de la cinéaste Kaouther Ben Hania avec en tête d’affiche l’immense star italienne Monica Bellucci, un film qui continue malgré tout de cartonner dans les festivals internationaux et de remporter de grands prix (deux prix à La Mostra de Venise, deux prix au Festival du film méditerranéen de Bastia et dernièrement le prix du meilleur film arabe à El Gouna Film Festival).

Les plus talentueux de nos jeunes cinéastes tunisiens ont pu heureusement tirer leur épingle du jeu et se frayer une carrière à l’international. Kaouther Ben Hania ne fait pas exception, on citera notamment Mehdi Barsaoui avec son premier long-métrage «Un fils» ayant récolté jusqu’à ce jour une trentaine de prix internationaux, ou encore Alaeddine Slim dont la sortie de son deuxième long-métrage «Tlamess» (sélection officielle à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes) a malheureusement coïncidé avec le début du confinement général; quoi de plus frustrant pour un cinéaste que de réaliser un film (accomplissement en lui-même complexe et coûteux) et puis ne pas pouvoir le partager avec le public ? «Tlamess» vient toutefois de remporter le Main Award au festival allemand Kino Der Kunst qui s’est déroulé du 27 octobre au 1er novembre à Munich.

Avec « Tlamess », Alaeddine Slim confirme ses ambitions de devenir l’un des plus importants représentants du cinéma d’auteur.

Un autre film tunisien a été récompensé ce weekend dernier, il s’agit du court-métrage «Au pays de l’oncle Salem» de Slim Belhiba qui vient d’obtenir le prix du public à l’Africa Film Festival en Belgique et le prix du public également au Festival international du Cinéma d’auteur de Rabat.

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