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La Covid-19 aggrave les inégalités sociales en Tunisie

La crise de la Covid-19 a mis en évidence des inégalités profondément ancrées dans les sociétés humaines. En effet, et alors que certains travailleurs ont accès aux congés de maladie ainsi qu’aux services de santé et continuent de toucher leur salaire, pour beaucoup de ceux qui se situent au bas de l’échelle des revenus, les conséquences de la Covid-19 sont déjà catastrophiques et vont l’être encore davantage.

Par Amine Ben Gamra *

Par ailleurs, les plus aisés ont pu épargner, en mettant fin aux dépenses superflues. Les moins riches, dont la consommation est concentrée sur les dépenses essentielles, non seulement, ils n’ont pas pu épargner, mais au contraire, ils ont dû puiser dans leurs économies, voire s’endetter pour traverser la crise.

En Tunisie, malheureusement, il n’existe pas une photographie précise de l’attitude des ménages en matière de consommation et d’épargne entre le mois de mars dernier, date de l’apparition de l’épidémie, jusqu’à aujourd’hui. Mais une chose est sûre, cependant, face aux incertitudes, les plus riches ont pu épargner. À l’inverse, les ménages les plus pauvres ont été obligés de puiser dans leurs réserves ou à s’endetter davantage.

Le gouvernement doit faire attention aux niveaux élevés de pauvreté et d’inégalité causés par la crise du Covid-19. Pour éviter que les inégalités se creusent encore plus, il est nécessaire de mettre en œuvre des dispositifs pour les ménages les plus modestes. Malheureusement, le projet de loi de finances (PLF) pour l’exercice 2021 présenté par le gouvernement à l’examen de l’Assemblée risque d’aggraver cette situation, avec les encouragements à l’épargne à moyen et long termes, par le biais des comptes d’épargne en actions (CEA) et les contrats d’assurance-vie.

En effet, le PLF 2021 propose le relèvement du plafond de déduction de l’impôt sur le revenu, au titre des CEA qui donnent le droit de bénéficier d’avantages fiscaux, de 50.000 à 100.000 dinars, par an.

Concernant les contrats d’assurance vie et la constitution de capital, y compris l’assurance islamique ou takaful, le projet comporte le relèvement des montants payés au titre des contrats d’assurance-vie et des contrats de constitution de capital, qui donnent le droit de bénéficier d’avantages fiscaux, de 10.000 à 100.000 dinars par an.

Ce ne sont pas là, à proprement parler, des mesures qui vont bénéficier aux couches les moins nanties de la population, lesquelles vont continuer à tirer le diable par la queue pour survivre à une pandémie dont personne, même dans le camp des scientifiques, ne se hasarde à prévoir la durée. Des mesures à caractère social et orientées vers ces populations, qui supportent et vont encore supporter le plus gros poids de la crise, sont donc toujours les bienvenues pour rééquilibrer le PLF 2021.

* Expert-comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.

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